«Des enquêtes au niveau approprié doivent être diligentées.» La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), héritière de la défunte Ondh, a rendu public, jeudi dernier, à l'issue de la réunion de son bureau de coordination, un communiqué où elle souligne la «nécessité de diligenter avec rigueur et célérité les enquêtes au niveau approprié pour que toute la lumière soit faite sur les actes tragiques enregistrés» à ce jour dans un certain nombre de prisons. La commission rejoint, avec quelques nuances de ton, la Ligue algérienne des droits de l'Homme ( Ladh), que préside Boudjemaâ Cherchir, dans le diagnostic du phénomène qui a, rappelons-le, causé la mort de 46 détenus, brûlés vifs, et fait une centaine de blessés. Boudjemaâ Cherchir s'en été, contrairement à la commission gouvernementale, ouvertement pris à la personne du ministre d'Etat, ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, qu'il a soupçonné de vouloir détourner le débat en suggérant le complot visant sa destitution. Ahmed Ouyahia, qui prend part, depuis, à la campagne électorale pour les législatives du 30 mai, avait même mis en cause les détenus islamistes, selon lui, à la tête du mouvement insurrectionnel dans les prisons. A cela il préconisait un recours à la force pour mater les mutineries qui allaient se multipliant. Pour la Cncppdh, cette situation est la résultante «d'une pratique abusive de la détention provisoire et d'un recours excessif à sa prolongation qui engendrent nécessairement une augmentation sensible du nombre de détenus». Elle appelle à une meilleure application et adaptation de la loi en ce qui concerne la détention provisoire qui est, selon la commission, «un dysfonctionnement profond du système judiciaire algérien...une atteinte au principe de la présomption d'innocence». La commission impute la situation vécue dans ces établissements, «normalement destinés à la rééducation par la cohabitation, incohérente et inacceptable de différentes catégories de détenus, au manque de formation permanente du personnel d'encadrement et de surveillance, d'inspection et de dialogue avec les détenus». La commission souligne enfin sa «disponibilité à apporter son concours à une meilleure prise en charge de la question carcérale, dans toutes ses dimensions, dans la perspective de la réinsertion sociale des détenus conformément aux principes des droits de l'Homme et du respect de la personne humaine».