La nouveauté technologique majeure de ces quinze dernières années concerne assurément les prothèses. Les matériels des athlètes handicapés, dont l'élite dispute actuellement les Jeux paralympiques à Pékin, ont connu de remarquables améliorations ces dernières années, permettant peu à peu de combler le fossé avec les valides, voire d'imaginer dans le futur un rapport de force inversé grâce à la technologie bionique. La pratique du handisport a notamment été transformée par les évolutions des fauteuils roulants, avec des modèles adaptés à chaque discipline. Dotés d'une meilleure ergonomie que les modèles classiques, les fauteuils «sports» sont aussi beaucoup plus légers et maniables. En tennis, les deux grandes roues en biais et les roulettes à l'avant offrent des démarrages et des pivots extrêmement performants, ouvrant la voie à un tennis plus agressif et rapide qu'avant. Depuis la fin des années 90, le handicycle (ou «handbike»), un engin à trois roues à propulsion manuelle, permet aux cyclistes handicapés d'atteindre des pointes à 70 km/h en descente. Mais la nouveauté technologique majeure de ces quinze dernières années concerne assurément les prothèses, mises en lumière par la polémique autour des doubles lames en fibre de carbone du sprinter sud-africain Oscar Pistorius qui a failli concourir lors des Jeux olympiques en août. Des experts de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) avaient affirmé dans un premier temps qu'elles procuraient un avantage par rapport à des coureurs valides de même niveau, en restituant mieux l'énergie, avant de finalement accorder à Pistorius le droit de courir aux JO. Le Sud-Africain n'avait finalement pas réussi les minima et ne put être retenu. Mais pour la société qui équipe Pistorius, Ossur, ce ne sont pas les prothèses qui font les champions. Jonas Merian, directeur technique du fabricant en Chine, explique «qu'il n'y a eu que de faibles améliorations sur les prothèses depuis 12 ans mais les sportifs deviennent de plus en plus professionnels (...) et savent désormais mieux utiliser les prothèses pour améliorer leurs résultats». Des appareillages qui, sur la durée, peuvent engendrer de nouvelles pathologies. Ainsi, un sportif équipé d'une prothèse sur une seule jambe, «garde une asymétrie de course, avec notamment un appui plus court sur le membre appareillé», ce qui provoque une «surcharge sur le membre valide», explique Eric Laboute, médecin de l'équipe de France handisport. Avec les entraînements intensifs qu'implique la compétition de haut niveau, des «fractures de fatigue au niveau osseux apparaissent». Malgré cela, toutes ces évolutions de matériels, souvent coûteux et adaptés au sport de haut niveau mais rejaillissant sur des modèles de base plus légers et fonctionnels, permettent à certains athlètes handicapés de s'approcher peu à peu des valides. Prochaine étape: un homme bionique, alliant le corps humain et la machine, qui dépasserait les performances des athlètes valides? «Ce n'est pas inimaginable mais pour l'instant, (les prothèses) restent encore un handicap», tempère M.Laboute, tout en indiquant que «l'avenir, c'est les genoux électroniques, commandés par des micro-processeurs.» Dans le futur, les perspectives offertes par la technologie bionique paraissent immenses. Mais selon le médecin français, «il faudra se poser la question de la limite à donner» car alors, se demande-t-il, «les sportifs valides et handicapés seront-ils égaux au moment du départ?».