Phénomène du temps, les Chinois sont devenus à Tizi Ouzou comme ailleurs, une véritable bouée de sauvetage, une «bonne adresse» pour les amateurs d'occasions. Les traditionnelles braderies et autres foires organisées à la veille de chaque rentrée scolaire n'ont pas cette année pignon sur rue à Tizi Ouzou, au grand désappointement des ménages qui ne savent plus «à quel saint se vouer» pour vêtir leurs enfants et acquérir les inévitables trousseaux scolaires. A l'évidence, la marchandise ne manque pas: les vitrines des magasins, relookées en la circonstance, sont achalandées d'effets vestimentaires aux coutures aussi fantaisistes les unes que les autres, mais affichés à des prix inaccessibles pour la majorité des bourses rudement malmenées par les dépenses de ce mois de Ramadhan, même si un «bas de laine» est toujours prévu pour répondre aux exigences de la rentrée scolaire. Toutefois, même les soidisant soldes déclinées par ces marchands de vêtements en pareille occasion ne semblent pas suffire pour attirer la clientèle, tant il est impossible de vérifier la véracité de la «remise» octroyée, bien que signalée par un nouveau tarif apposé près de l'ancien prix de vente coché d'une croix, pour signifier la différence et tenter, par là même, d'amener la clientèle à mordre à l'hameçon. Certes, les produits exposés en vitrine sont de bonne facture, mais force est de constater que la notion de qualité est reléguée au second plan par des smicards ayant à charge plus de trois enfants scolarisés. A titre illustratif de la flambée de la mercuriale en ces lieux, il a été relevé au niveau des magasins des avenues «Lamali», «Chaffaia» ou la grande rue de la cité des Genêts, qu'un ensemble jeans, rehaussé par des coutures «sophistiquées» et décoré de signes distinctifs pour titiller l'imagination des enfants, est proposé à pas moins de 3000 DA, une salopette flanquée d'un tee-shirt ou d'une chemisette fait entre 1500 et 2000 DA, soit le même tarif pour les robes des fillettes. Des prix hors d'atteinte Lassée par le lèche-vitrine, la majorité finit par rebrousser chemin-bredouille. Dans ce «hit-parade» des prix, le haut du pavé est détenu par les chaussures, notamment les baskets de marques «made in ailleurs», atteignant 6000 DA la paire, comme il a été constaté au marché du prêt-à-porter implanté près de la place du 1er-Novembre. Ici (les magasins), il est inutile de tenter de marchander. C'est à prendre ou à laisser, telle est l'éternelle rengaine renvoyée impassiblement par les tenanciers de ces lieux à chacun de ceux qui sollicitent un rabais sur un article donné. La parade est vite trouvée par ces commerçants, en lançant à ceux qui voudraient bien les croire qu'ils «ne prennent que leur marge bénéficiaire, rognée par les charges fiscales et parafiscales, à la différence de l'informel qui ne s'en acquitte pas et se permet de s'adonner à une concurrence déloyale», selon l'expression d'un gérant d'une boutique du carrefour du centre-ville. Ces arguments ne semblent pas, outre mesure, convaincre les acheteurs qui mettent en avant le fait (restant à vérifier) que la plupart des revendeurs à la sauvette ne sont que des sous-traitants, voire des porteurs de valises ou des courtiers de ces détenteurs de magasins d'habits, qui feignent de s'en plaindre, alors qu'ils les approvisionnent en marchandises moyennant une «ristourne». Comme il est admis, par conformisme, qu'il ne sied pas d'habiller ses enfants en pareille circonstance avec des vêtements d'occasion proposés par la friperie, les pères de famille, «tirant le diable par la queue» en ces temps de disette, n'ont d'autre choix que de se rabattre sur le marché informel foisonnant à tout bout de champ, offrant des produits à des prix défiant toute concurrence, atteignant jusqu'à trois fois moins que ceux affichés en vitrine. Phénomène du temps, les Chinois sont devenus à Tizi Ouzou comme ailleurs, une véritable bouée de sauvetage, une «bonne adresse» pour les amateurs d'occasions. D'autres ménages, plus prévoyants, préfèrent, à défaut de pouvoir confectionner à domicile les vêtements pour leurs enfants, passer des commandes chez des couturières du coin, installées à leur compte dans le cadre des dispositifs Ansej et Angem. Absence de concurrence Pour ce qui est des fournitures scolaires, si l'offre ne fait pas défaut, loin s'en faut, au niveau de la kyrielle de librairies, papeteries et autres kiosques essaimant aux quatre coins de la ville de Tizi Ouzou, la loi de l'offre et de la demande apparaît, en revanche, sans effet significatif sur les prix, en l'absence de toute concurrence entre ces buralistes et papetiers, qui semblent «ligués en syndicat d'affaires sur le dos du consommateur, l'éternel dindon de la farce», selon l'expression d'un travailleur dans une entreprise privée, venu faire ses emplettes dans une librairie de la haute ville. Les prix des sacs à dos, cartables, articles d'écriture et de traçage sont sensiblement les mêmes partout, en dépit de la diversité des sources d'approvisionnement. Face aux tracasseries des enfants, innocence oblige, les parents n'ont d'autre souci que de satisfaire leurs exigences, aussi ruineuses soient-elles, tel ce chérubin qui tient à acheter une boîte de peinture complète à 300 DA, en dédaignant la boîte de couleurs à 40 Da proposée par sa maman. Même les livres scolaires ont fait, dès le début de septembre, leur apparition sur les rayons de beaucoup de librairies qui proposent des lots des trois cycles de l'enseignement à des prix dépassant parfois du double ceux pratiqués au niveau des établissements scolaires. Mais échaudés par l'indisponibilité des manuels en temps opportun à ce niveau, comme c'était le cas l'année dernière, nombreux sont les tuteurs qui préfèrent prendre le devant, en dotant leur progéniture de livres avant la rentrée, pour leur permettre un meilleur cheminement dans leur cursus. Pourtant, la quasi-majorité de ces librairies avait décliné, l'année dernière, les conventions qui leur ont été proposées par l'Office national de publications scolaires, pour l'écoulement du livre scolaire, trouvant insuffisante la marge de bénéfice de8% qui leur a été accordée, rappelle-t-on. Par ailleurs, perçue par les familles nécessiteuses comme étant une planche de salut, pour peu qu'elle soit débloquée à temps, la prime de solidarité scolaire de 2000 DA, qui vient d'être portée à 3000 DA par le président de la République, touchera cette année, selon la direction de l'éducation, pas moins de 111.000 enfants, soit presque la moitié de la population scolaire de la wilaya de Tizi Ouzou. Pour le trousseau scolaire, la direction de l'action sociale (DAS) fait état de la prise en charge, sur budget de la wilaya, de 29.400 enfants, alors que 4900 autres le sont par le biais de dons offerts par le ministère de la Solidarité nationale.