Du sang a coulé dans des familles algériennes paisibles, selon toute vraisemblance, et vivant le plus normalement du monde. Trois drames sanglants et horribles auront attiré l'attention de nos lecteurs durant ce mois sacré de Ramadhan. L'Expression les a rapportés dans ses colonnes et leur a accordé la place qui leur revient. Ils ont été mis en ligne. Ces familles endeuillées sont aussi une partie de nous-mêmes. Cela ne peut que nous toucher, nous interpeller. La solidarité nationale ne se limite pas à distribuer des couffins à l'occasion pour mettre fin à la détresse des gens. Il est aussi important d'être présent et disponible pour cette frange de la population la plus fragilisée psychologiquement par des petits soucis quotidiens de leur mal-vie. Ils la portent en silence. Leur désocialisation est intérieure. Ils ne la montrent pas. Ils la cachent par pudeur pour mourir en silence. Quelquefois hélas, de façon sanglante, spectaculaire et foudroyante. Comme l'éclair. On est pris à témoin malgré nous, comme si nous étions chargés de transmettre leur mal un peu trop tard. Un message en héritage, lourd à porter par la société. Il interpelle en priorité les pouvoirs publics. Les drames de Kouba, de Constantine et de Kabylie sont loin d'être passés inaperçus. Le nombre d'internautes qui on consulté le site de L'Expression en est la preuve, plus de 10.000 lectures pour ces trois terribles événements. Un grand mérite revient à ceux qui les ont sélectionnés et mis en évidence. Il ne s'agit point de leur jeter des fleurs, encore moins de sombrer dans l'autosatisfaction ou alors dans un nombrilisme déplacé. Le sujet est trop délicat pour en faire un fonds de commerce. Même si l'on dit «on n'est jamais mieux servi que par soi-même», cet aspect purement professionnel méritait d'être relevé à plus d'un titre. La mise en page, le montage de la «Une» d'un quotidien s'apparente à une programmation sélectionnée sur petit écran. Le site mis en place par L'Expression est un excellent baromètre pour répondre aux exigences de ses lecteurs, mais surtout les sensibiliser à des sujets d'actualité ou de société, aussi cruels soient-ils. L'humain est capable de compatir à ce que l'humanité, paradoxalement, peut accoucher de plus monstrueux. Et quoi de plus monstrueux que d'assassiner sauvagement sa mère, sa soeur et son frère? Quoi de plus choquant que d'apprendre qu'une paisible mère de famille a mis fin à ses jours par pendaison, laissant derrière elle deux enfants qui ne s'en remettront jamais très probablement? Et que dire de ce père de famille qui a assassiné son épouse, à Constantine, sous les yeux de son bébé d'à peine 18 mois? Comment ont réagi leurs deux autres enfants à leur retour de l'école? Comment expliquer les raisons du drame de cette ampleur à des enfants, alors que les adultes se questionnent sans trouver ne serait-ce qu'une bribe de réponse? Cela laisse sous le choc des familles entières, les proches et les voisins. Les enfants, quant à eux, victimes innocentes, ne comprennent pas. Quelle est cette folie meurtrière qui s'est emparée de leur parent? Un lourd fardeau pèse sur leurs frêles épaules, alors que les gamins de leur âge ne pensent qu'à jouer. Connaîtront-ils un jour le bonheur? C'est toute la société qui est interpellée pour des événements qu'elle ne semble pas contrôler. Un peu comme ce bonheur qui a fui d'entre les mains de ces enfants qui ne demandent que de sourire à la vie.