Une musique suave et des paroles douces, Lounis a remonté le fil des années pour aller jusqu'aux abysses de l'être. Rien n'est plus merveilleux que de passer un moment à écouter un grand maître de la chanson kabyle, Lounis Aït Menguellet. Il faut avouer que la joie est immense. Les mots ne suffisent pas pour dire à quel point est profond l'attachement à un homme qui a su marquer toutes les générations par sa musique et particulièrement sa poésie. Lounis Aït Menguellet à Bouira! La nouvelle en elle-même est un grand événement. Dans la soirée de lundi, juste après la rupture du jeûne, des dizaines de mélomanes de la chanson, de la poésie et inconditionnels de Lounis ont envahi la ville de Bouira. Rien que pour s'abreuver de la bonne parole. L'entrée de la salle Er-rich grouille de monde. Vieux et jeunes, femmes et enfants, sont tous venus. Qui pour saisir la chance de voir Lounis, qui pour revivre un souvenir d'enfance. Vers les coups de 21h, la salle est déjà pleine à craquer. A l'extérieur de la salle, un bon nombre de jeunes attendent. Toutes ces foules ne sont là que par dévouement et amour à Lounis. Le temps passe et la joie de voir l'idole monter sur scène est indescriptible. Quelques dizaines de minutes, et après avoir mis tout en place, les regards de l'assistance sont figés en direction de la scène. Quand Lounis Aït Menguellet fit son apparition, la sagesse envahit la salle émue. Il a été fortement applaudi par la foule, Lounis acquiesce et salue timidement le public comme à son habitude. Sa guitare à la main, et au fond de son coeur d'artiste, de l'amour et de la joie à offrir. En face de lui, une salle archicomble qui attend avec impatience d'être emportée, à travers une longue et magistrale histoire que seul Lounis sait raconter, en la chantant bien évidemment. Le choix du répertoire n'est certainement pas fortuit. C'est comme si on ouvrait une boîte à souvenirs. Comme cela a été chanté par le sage, il y a des années: Lldigh Tahkwzanet Ighelqen (j'ai ouvert l'armoire qui est fermée). Sur une musique suave et des paroles doucereuses, la soirée a vivement commencé. Comme pour aller jusqu'aux lointains abysses de l'être, le grand chanteur a voulu que la première chanson à interpréter soit l'une de celles qui ont fait la gloire de ses années d'or. Idhaq W-ul Ad awinihkou. Et puis d'autres de la même époque. Pour les vieux ce sont les retrouvailles. Derrière chaque chanson se cache une histoire, un souvenir. Ils sont là à remonter le fil des années, le temps d'une nuit ramadhanesque. Les chansons d'Aït Menguellet ne sont pas apprises par coeur uniquement par l'ancienne génération mais aussi par les jeunes d'aujourd'hui. Ce qui a fait la gloire du chanteur, ainsi que son immortalité en tant qu'artiste qui a réussi à faire de son art un remède aux coeurs outragés. Tout simplement, il maîtrise le choix des mots, par lesquels il panse des maux. La soirée a duré jusqu'à minuit. Les immortelles chansons de Lounis, à savoir Abrid N'Temzi, Lehlak Idegid Dgi et les autres merveilles qui font la fierté du patrimoine amazigh en particulier, et de l'Algérie d'une manière générale, tous ces coups de coeur ont bercé, au bout de quelques heures, une assistance déjà acquise par le charme de la musique. A la fin de la manifestation, en guise de reconnaissance au grand maître, la direction de la culture, ainsi que la commune de Bouira, lui ont remis des cadeaux. Par une nuit pareille, la ville de Bouira vient d'écrire une nouvelle page de son histoire en compagnie de Lounis Aït Menguellet. Le chanteur qui pu mettre de la joie et du bonheur l'espace d'une nuit, à des centaines de coeurs. Une seule et unique raison peut justifier toute cette grandeur, tout simplement, c'est Lounis Aït Menguellet.