Un peu comme dans tous les autres villages de la région et même d'ailleurs, les jeunes gens se plaignent du chômage. Inscrit dans un cadre enchanteur au milieu du massif central kabyle, Taguemount Azzouz est l'un des gros villages de la wilaya de Tizi Ouzou. Situé dans la commune des Aït Mahmoud et dans la daïra de Béni Douala, ce village, constitue une région, qui pourrait en principe devenir une véritable commune à lui seul, comprenant, entre autres, les villages de Tizi Hibel, Taourirt Moussa et Tagragra, etc. Le village, qui compte énormément de cadres et de personnes en mesure d'influer sur son développement, a su, cependant, conserver son cachet bien berbère. On est ainsi agréablement surpris, quand on s'y rend, de rencontrer, par exemple, ces jolies fillettes avec des tenues kabyles, et de constater, une chose qui fait plaisir dans ce monde de brutes: la remarquable politesse des gens. Asslama, alkheir et autres paroles de bienvenue sont du vocabulaire courtois qui est une seconde nature pour l'habitant. A Taguemount Azzouz, on ne peut pas détourner les yeux de ces belles villas qui rappellent souvent certaines constructions, sans doute rencontrées en Europe. Même les constructions typiquement kabyles semblent plus jolies avec leurs toits rouges et les murs souvent blanchis à la chaux. Bref, en ce village, la propreté n'est pas une inconnue. Bien au contraire, quand on se promène dans ses ruelles, on remarque cette propreté qui manque tant en nos villes. Taguemount Azzouz est ce village où la tolérance n'est pas un vain mot. On pense comme on veut. On se conduit comme on veut et pourvu que l'on ne «marche pas sur les plates-bandes d'autrui, personne n'est là pour vous faire de la morale». Le village est peut-être relativement loin de la ville, mais rien n'y manque. On y trouve pratiquement de tout, et le chef-lieu de daïra est si proche. En effet, il faut juste quelques minutes en voiture et Akal Aberkane dépassé, c'est Larbaâ des Béni Douala avec son marché hebdomadaire et ses services publics. Taguemount est également bien desservie en transport public, des fourgons aménagés font la navette entre le village et Tizi Ouzou. A Taguemount, il existe également une petite fabrique de punaises et d'attaches métalliques qui emploie beaucoup de bras. Bref, le village, qui compte pratiquement, outre le siège de l'APC, un centre de santé, une école élémentaire, un CEM sur une butte longtemps abandonnée et, désormais, flambant neuf, un centre de formation professionnelle, un stade et enfin tout ce qui est nécessaire à la vie quotidienne. Mais hélas, et c'est là où le bât blesse, ce gros village est démuni de gaz naturel. L'eau potable est, contrairement au passé, désormais disponible. Un peu comme tous les autres villages de la région et même d'ailleurs, les jeunes gens se plaignent du chômage. Si les garçons peuvent tenter l'aventure ailleurs, notamment dans les grandes villes du pays et même dans l'émigration, les filles qui, pourtant, sont pour la plupart instruites et possédant des diplômes, attendent sagement le moindre emploi, notamment à Tizi Ouzou. Les emplois locaux étant saturés. A Taguemount, une habitude venue des temps anciens existe toujours. Ce sont les figuiers des morts. En effet, près de chaque tombe, on remarque des figuiers. Selon des gens du terroir, c'est une coutume ancestrale: lors des enterrements, les gens plantent toujours au moins un figuier près de la tombe. Le but est de permettre à ceux dépourvus de figuier, d'en consommer gratuitement en ces lieux, et c'est autant de bonnes actions en faveur du mort. Taguemount Azzouz, un gros village qui peut devenir une ville, alors surtout, que le village ne perde pas de son charme.