Le village voisin d'Agouni Arrous est encore plus démuni en infrastructures mais riche grâce à ses hommes. Tizi Hibel, au flanc du chef-lieu de la commune des Aït Mahmoud, et Taguemount Azzouz dans les Béni Douala, à un jet de pierre de Taguemount, sont deux villages accolés l'un à l'autre. Tizi Hibel est un peu Ighil Nezman de Feraoun, le fils du village qui fut le traducteur fidèle de la vie dans ces villages de Kabylie, en son temps. D'ailleurs, juste à l'entrée de Tizi Hibel, repose au cimetière le grand écrivain assassiné par les hordes criminelles de l'OAS, peu de temps avant l'indépendance du pays. La demeure de la famille de Mouloud Feraoun, une maison à architecture traditionnelle mais qui respire le repos et aussi le calme et la bonté, tout comme feu Feraoun, est facilement accessible à tout visiteur qui voudrait revisiter l'histoire. Le village, qui compte beaucoup d'émigrés, semble apparemment assez aisé, il n'y a qu'à admirer ses nouvelles constructions qui font penser à ces villas rencontrées dans certains coins d'Europe. A Tizi Hibel, les villageois n'ont pas à se déplacer pour faire leurs courses, des camionnettes de vendeurs de fruits et légumes sillonnent le village et les autres villages. Peut-être que les villageois sont obligés de se déplacer sur Taguemount Azzouz uniquement pour les courses chez le boucher ou alors pour essayer de se mettre au diapason en surfant sur le Net, quoique l'on nous a assurés que beaucoup de familles seraient raccordées au réseau Internet. Le village est pourvu d'une ancienne mosquée, d'épiceries, un ou deux taxiphones, quelques cafés, puis tirez le rideau. Le village voisin d'Agouni Arrous est encore plus démuni en infrastructures mais riche de par ses hommes. La chanteuse d'expression amazighe, Malika Domrane, y a vécu son enfance et aussi une partie de son adolescence avant de connaître les sunlights. Cette chanteuse est considérée comme la fille du village, qui fait honneur aussi bien à Agouni Arrous, à Beni Douala qu'à toute la Kabylie. Massinissa, ce jeune lycéen issu d'Agouni Arrous, repose désormais dans le cimetière aux côtés du grand Feraoun. A Tizi Hibel, on est accueilli par des gens aussi aimables que possible et on peut être très bien reçu, sans se rendre compte, par un jeune homme ou une jeune femme qui, en fait, est un ou une diplômé(e) en... chômage. C'est dire qu'en ce village, comme un peu partout ailleurs, mais apparemment plus qu'ailleurs, les jeunes chôment! Tizi Hibel, Agouni Arrous et Taguemount Azzouz, autant de villages qui attendent le train du développement.