C'est en substance ce qu'a déclaré, hier, le secrétaire général de l'ONU, au moment où les combats reprenaient dans la région de Goma. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui prenait part au Sommet sur la RDC à Nairobi, a averti hier que le conflit en République démocratique du Congo (RDC) menaçait de s'étendre à toute la région des Grands lacs africains, lors d'un Sommet international sur la crise à Nairobi. La crise dans l'Est de la RDC «pourrait s'étendre à la sous-région» des Grands Lacs africains, a déclaré dans un discours le secrétaire général de l'ONU, ajoutant: «la communauté internationale ne peut autoriser cela». «La récente offensive militaire du Cndp (rébellion du Congrès national pour la défense du peuple de l'ex-général congolais Laurent Nkunda) a radicalement aggravé la situation, a conduit à de sévères conséquences humanitaires et a précipité une fois de plus l'est de la RDC dans une phase de crise», a-t-il déploré. «En tant que dirigeants de l'Afrique, vous avez une responsabilité historique. C'est un moment critique pour la région des Grands Lacs, pour l'Afrique entière. Nous devons laisser le cycle de violence derrière nous», a lancé M.Ban aux chefs d'Etat africains participant au Sommet. Au moment où s'ouvrait hier le Sommet à Nairobi, cherchant les moyens d'arrêter l'escalade d'un conflit qui menace de provoquer un désastre humanitaire, des combats à l'arme lourde ont éclaté près de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). A Kinshasa le porte-parole militaire de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich. Confirmait la reprise des combats L'armée a «utilisé des armes lourdes, des mortiers et des mitrailleuses. Les combats continuent en direction du nord», a-t-il ajouté à la mi-journée. Convoqué d'urgence pour enrayer l'escalade du conflit, le Sommet international de Nairobi sur la crise en RDC a commencé ses travaux, en présence du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, par des entretiens bilatéraux à huis clos. Ces entretiens se poursuivaient dans l'après-midi d'hier dans un hôtel à la périphérie de la capitale kenyane. Les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame ainsi que plusieurs autres chefs d'Etat africains participent aux discussions sur la situation dans le Nord-Kivu, province de l'est de la RDC frontalière du Rwanda et théâtre d'une série de tragédies humanitaires et de conflits meurtriers depuis le début des années 90. Les organisateurs du Sommet n'ont pas précisé si MM.Kabila et Kagame auraient des entretiens directs lors de la réunion, alors que les deux gouvernements multiplient les accusations réciproques sur leur responsabilité dans la crise. Le Commissaire européen au développement Louis Michel, a souhaité que le Sommet aboutisse à «une déclaration qui réengage les différents chefs d'Etat de la région» sur les accords déjà signés pour mettre fin au conflit, essentiellement sur la neutralisation des groupes armés dans le Kivu. Ces accords visent particulièrement le Cndp et les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Fdlr), rébellion hutue rwandaise basée dans l'est de la RDC. La rébellion de Laurent Nkunda a par avance jugé inutile le Sommet de Nairobi. Avant le début du Sommet, Kudura Kasongo, porte-parole de M. Kabila, a accusé les rebelles d'avoir commis des «tueries» et dénoncé l'inaction de la Monuc face à ces exactions. Il a également une nouvelle fois accusé le Rwanda d'être engagé dans le conflit: «Il faut que le Rwanda cesse d'intervenir dans le problème congolais. Le Rwanda est impliqué dans les violences actuelles». D'autre part, la Monuc s'est dite «extrêmement préoccupée» par des rapports qui «concernent des exactions graves contre des civils, y compris des exécutions sommaires» qui auraient été perpétrées par les rebelles dans la localité de Kiwanja. «Les Casques bleus de l'ONU dans l'est de la RDC sont tout simplement incapables de protéger des civils qui sont délibérément visés», a déploré, pour sa part, HRW, l'organisation américaine de défense des droits de l'homme.