Le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN exprime son inquiétude, tranchant ainsi avec l'attitude rassurante des officiels. Le FLN n'est pas rassuré. Le secrétaire général de l'instance exécutive du parti, Abdelaziz Belkhadem, ne croit pas trop aux déclarations des différents responsables qui affirment que l'Algérie est à l'abri de la crise. «On ne peut pas dire que l'Algérie est loin d'être touchée par cette crise, car elle fait partie du monde», a-t-il déclaré en substance. S'exprimant lors d'un débat consacré, jeudi, à la question de la crise mondiale et ses répercussions sur notre pays, tenu au siège du parti, M.Belkhadem s'est montré inquiet: «La crise affectera certainement notre pays mais à un degré moindre que les pays développés», a-t-il estimé. Pourquoi? Il l'explique tout simplement par le fait que «nous ne vivons pas sur une île». Pour lui, dire que notre économie est entièrement sécurisée des répercussions de la crise qui secoue les places financières mondiales, serait une erreur. Contrairement aux responsables qui écartent tout impact de la crise sur l'économie, le patron du FLN pense que l'Algérie ne sera pas épargnée à 100% par cette crise. La preuve, la mobilité de la valeur du dollar et du prix du pétrole a un impact direct sur les recettes du pays. La chute des prix du pétrole va induire automatiquement une baisse des rentes pétrolières. M.Belkhadem partage l'avis des experts et des responsables quant au fait que notre pays sera à l'abri de cette crise «grâce à une gestion prudente de nos épargnes». L'économie nationale ne sera pas ébranlée, souligne-t-il, puisqu'elle n'est pas liée directement aux marchés financiers, ce qui nous place, dit-il, «dans une situation encourageante et plus confortable et ce, grâce au remboursement anticipé par l'Algérie de sa dette extérieure et de sa gestion des épargnes de la nation». Malgré l'existence d'un matelas financier important qui permet d'assurer au pays un financement pendant plus de trois ans, le secrétaire général du FLN affirme qu'il ne faut pas en rester là. S'adressant indirectement aux responsables du pays, le patron du FLN propose d'approfondir l'analyse de la situation et d'étudier toutes les éventualités. Par ailleurs, plusieurs experts et spécialistes du domaine de la finance ont pris part au débat. Abdelkrim Harchaoui, député et ancien ministre des Finances, a souligné la complexité de la crise mondiale. Ni les experts, ni les cabinets d'audit, ni les grands instituts de la finance n'ont prévu cette crise qui gagne chaque jour de nouveaux pays. Concernant notre pays, M.Harchaoui a réitéré les mêmes arguments, à savoir que la stabilité financière met à l'abri l'économie nationale. Il affirme que c'est le moment d'en tirer des leçons. «Il faut sortir du piège de la dépendance des hydrocarbures», a-t-il martelé. De son côté, Abderrahmane Benkhalfa, président de l'Abef, a retracé les particularités de la crise bancaire actuelle et ce qui la distingue des crises qui l'ont précédée, notamment celle de 1929. Selon lui, la crise actuelle est «une crise d'envergure» par sa propagation, contrairement aux précédentes, et touche les pays les plus riches et développés, précisant que les pays les plus industrialisés dans le monde (G8) sont les plus exposés. Ces pays sont forcés d'oeuvrer de concert. L'autre différence, a-t-il ajouté, est son caractère international en tant que résultat inévitable de l'énorme développement technologique en informatique et moyens de communication qui ont fait du monde un grand village où s'activent les opérateurs économiques. Définissant la nature de cette crise, il a dit qu'il s'agit, selon lui, «beaucoup plus d'une crise de confiance que d'une crise financière». En d'autres termes, la confiance dans les marchés financiers n'égale aujourd'hui aucune somme d'argent quel que soit son volume. Revenant à l'Algérie, M.Benkhelfa pense qu'elle peut ultérieurement tirer profit des retombées de cette crise. «Il y a une possibilité pour les pays comme l'Algérie de voir une affluence des capitaux étrangers puisque les opérateurs vont chercher des économies stables», estime-t-il. Les intervenants du monde du travail n'ont pas caché leur inquiétude. «Pour les citoyens, la crise existe déjà depuis longtemps puisque malgré la hausse du dollar, le pouvoir d'achat ne s'est pas amélioré», a déclaré M.Badreddine, de l'Ugta.