Les débats « gauche-droite » s'invitent à la réunion de l'instance exécutive du parti qui s'est déroulée hier à Alger. Si la lecture des rapports de chacune des commissions n'est que simple formalité, certains membres de l'instance exécutive n'ont, quant à eux, pas manqué d'exprimer leur opposition, notamment par rapport au contenu de la commission « programme », présidée par l'actuel ministre des Transports, Amar Tou. Certains cadres du parti, catalogués « à gauche », ont trouvé que le texte présenté par Amar Tou « prône une orientation trop libérale et qui risque d'entraîner le parti vers plus d'ouverture économique. Le FLN ne doit pas se départir de son option sociale, pour ne pas dire socialiste ». Même le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a « taquiné », dans les couloirs de l'hôtel Mouflon d'Or, les membres de cette commission : « Alors, au moment où les autres pays opèrent des virages à gauche et un retour vers plus d'Etat, vous, vous prônez le libéralisme », leur a-t-il lancé. Ali Merabet, ancien secrétaire national chargé de la Fonction publique au sein de l'UGTA, se dit rassuré « parce que ce courant (libéral) est minoritaire au sein du parti. Ce sont quelques cadres, issus de l'école libérale, qui défendent seulement l'option libérale du notre parti. La majorité reste très attachée à une dimension plus sociale de notre organisation. C'est l'âme même du FLN ». « Le 9e congrès apportera de nouvelles visions. Ces visions et méthodes de travail sont liées à l'esprit de responsabilité qui mettra l'intérêt du FLN au-dessus des intérêts personnels, régionaux ou tribaux », a déclaré le secrétaire général de l'ex-parti unique, Abdelaziz Belkhadem, lors de son allocution d'ouverture des travaux de l'instance exécutive, hier, à l'hôtel Mouflon d'Or, à Alger. Durant les discussions, les intervenants ont demandé vivement de revoir l'esprit du rapport de cette commission. L'autre commission qui a capté l'intérêt des membres de l'instance exécutive du FLN est celle des « statuts », présidée par le député Madani Bradaï. Bouteflika, chef de la « maison FLN » Celle-ci a proposé, entre autres, le retour aux anciennes appellations des instances du parti. Le comité central et le bureau politique reviendront dans le lexique du FLN, après avoir été abandonnés à l'occasion du 8e congrès dit de « réunification ». Le parti de Belkhadem avait jugé à l'époque qu'« il fallait des instances capables de réunifier les rangs des militants après la crise née à la veille de l'élection présidentielle de 2004 ». La commission des statuts soumet également au débat une proposition qui fait du poste du secrétaire général, un organe élu par le comité central pour un mandat de cinq ans avec plus de pouvoir. Il faut dire aussi à ce sujet que le poste de président du parti – instauré lors du 8e congrès – qu'occupe le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, ne manque pas de susciter des débats au sein des instances du parti. Entre un poste honorifique et un rôle effectif, la question n'est pas tranchée, même si certains cadres de cette formation, comme Abderahmane Belayat, souhaitent « une implication réelle de Bouteflika dans les affaires du parti ». Ceci dit, pour ceux qui sont au fait de « la maison FLN », Bouteflika reste « le décideur », avec ou sans titre. Par ailleurs, si l'image qu'ont donné les cadres du FLN, hier, est celle d'un parti « uni et unifié, qui se met en ordre de bataille, déterminé à réussir son congrès », certains de ses cadres commencent à mettre en avant une revendication qui risque de provoquer un conflit. Elle consiste à « donner plus d'espace à la nouvelle génération. Le parti doit procéder au renouvellement générationnel », estime Abdelhamid Si Affif, président de la commission des affaires étrangères à l'APN. Il pense que si le parti « veut se mettre au diapason et arrive à répondre aux exigences de l'heure, il faut laisser la place aux jeunes cadres compétents ». Une demande que la vieille garde du parti voit d'un mauvais œil. La lecture des rapports des commissions de préparation du congrès se feront dès aujourd'hui devant le conseil national.