Les réformes politiques dans le monde arabe et le rôle de la société civile sont au centre du Forum. Le Forum de l'Avenir, une initiative américaine pour promouvoir la démocratie dans le monde arabe, continue de susciter la méfiance chez les pays arabes, quatre ans après son lancement, à l'occasion de la tenue de sa 5e édition annuelle à Abou Dhabi. «La réforme au Moyen-Orient est avant tout une demande nationale. C'est une nécessité pour le présent et l'avenir» a déclaré hier le ministre émirati des Affaires étrangères, cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, à l'ouverture de la réunion ministérielle du Forum. Mais «la frustration» prévalant dans la région en raison du piétinement du processus de paix au Proche-Orient ainsi que les problèmes de «pauvreté, d'analphabétisme, d'extrémisme et de chômage sont autant de facteurs qui ne contribuent pas à l'avènement d'un avenir prospère», a-t-il averti. L'état des réformes politiques dans le monde arabe et le rôle de la société civile sont au centre du Forum, auquel participent plusieurs pays arabes, des pays du G8 - dont les Etats-Unis représentés par leur secrétaire d'Etat adjoint John Negroponte - ainsi que des délégués de la société civile dans le monde arabe. Lancé par le président américain George W.Bush en 2004, alors que Washington voulait promouvoir la démocratisation du monde arabe dans la foulée du renversement du régime de Saddam Hussein en Irak, le Forum de l'Avenir a pour but d'encourager les réformes politiques, économiques et sociales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il s'est tenu en 2004 au Maroc, en 2005 à Bahreïn, en 2006 en Jordanie et en 2007 au Yémen et en Allemagne. Le G8, qui regroupe l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Japon et la Russie, est associé au Forum. «Toute réforme imposée et qui n'a pas l'aval des Etats de la région et de leurs peuples est vouée à l'échec», a prévenu le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abou Bakr Al-Kourbi. M.Kourbi, dont le pays avait coprésidé le 4e Forum avec l'Allemagne, a ajouté qu'il revenait aux pays arabes «de diriger ce Forum pour réaliser les aspirations de la région aux réformes et à la démocratie». Tout en se prononçant pour «un partenariat» entre les gouvernements et les organisations de la société civile, le ministre yéménite a tenu à souligner que «l'action de ces organisations doit se conformer aux lois en vigueur dans leurs pays». Dans une claire allusion aux pays occidentaux, il a averti que ces ONG ne devraient pas servir «de moyen de pression sur leurs gouvernements, et encore moins d'alternative» aux gouvernements. «L'avenir doit être l'oeuvre des enfants de la région et émaner de leur propre volonté sans tutelle de l'étranger», a dit en écho le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Mouallam, interrogé par la presse à Abou Dhabi où il représentait son gouvernement. Depuis son lancement, le Forum «tourne en rond, des gouvernements arabes estimant que l'Occident influence leurs ONG alors que celles-ci trouvent que l'Occident est trop complaisant à l'égard des autorités de leurs pays», a résumé l'activiste tunisien, Slaheddine Jourchi. Il figurait parmi une soixantaine de représentants d'ONG arabes, invités à soumettre à la conférence ministérielle une série de recommandations que ces ONG ont formulées au terme de trois jours de débat cette semaine à Dubaï. Une Fondation, «Foundation For The Future», chargée d'apporter une assistance financière à ces ONG, installée depuis mars 2008 à Amman, a pu réunir 25 millions de dollars, a indiqué sa présidente, Nabila Hamza. L'Allemagne a annoncé dimanche à Abou Dhabi une contribution d'un million de dollars à cette fondation.