Le PT a réussi le tour de force de s'adresser aux Kabyles, malgré une situation plus qu'électrique. La porte-parole du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a animé, hier, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, un meeting entrant dans la campagne électorale. Accompagnée de MM.Ben Mohamed, député et secrétaire général du PT, Mourad Yefsah, responsable au PT et candidat aux législatives, ainsi que de MM.Arfoutni et Oukaci Arab, Mme Louisa Hanoune a pu s'adresser à une assistance relativement «nombreuse», quand on sait que d'autres partis n'ont pu réunir... que leurs accompagnateurs, la presse et la police. C'est dans une atmosphère électrique que le meeting débute. Des jeunes assez «remontés» sans doute, ont essayé de perturber la rencontre. Le calme revient peu après, c'est que malgré tout, Louisa Hanoune est assez respectée dans la région pour ses positions et son courage. M.Mourad Yefsah, intervenant le premier, a longuement évoqué les événements du printemps noir. Comme il n'a pas manqué d'expliquer la position du parti, concernant la sortie de crise. Mais l'orateur s'est d'abord longuement attardé sur les élections qui sont, pour le PT, l'occasion de parler avec le peuple et de rendre des comptes aux mandants. Le leitmotiv chez l'orateur est la recherche de la paix. M.Yefsah conclura: «On est tenaces, car on croit en notre programme...» Et l'orateur de céder la tribune à Mme Louisa Hanoune qui commence par clarifier la position du PT: «La campagne électorale est une campagne de dialogue, de fraternité et de solidarité...». Evoquant les élections de 1991, de 1995 et de 1997, elle défend la liberté de position: «C'est aussi cela la démocratie». Et d'expliquer, que le Parti des travailleurs a, durant trois mois, examiné sous toutes les coutures la position à prendre avant d'opter pour la participation. L'oratrice expliquera longuement que, selon le PT, dix années de terrorisme, de morts, de disparus, de fermeture d'entreprises et de chômage, qu'elle appelle, une catastrophe, ne sont en fait que les ingrédients de la politique économique basée sur les privatisations. Revenant aux élections, Louisa Hanoune écorche sans les citer les «abstentionnistes». Pour elle, qu'on y aille ou pas, il faut rendre compte à la nation. Elle se fait plus dure «envers ces partis qui pourtant, ont participé au gouvernement et qui font usage de mépris envers le peuple, en prônant l'empêchement des élections, sans rendre de comptes au peuple». «En 1995, les élections étaient aussi porteuses de fraude, et pourtant ces gens-là disaient qu'il fallait participer pour sauver la République.» Devant l'assistance, elle brandit le programme de privatisations: «y compris ce qui se passe en Kabylie, l'enjeu n'est qu'économique! La Kabylie était ciblée, car zone sensible». Les zones franches, l'adhésion à l'OMC, les privatisations sont, pour elle, l'annonce d'une catastrophe nationale. Parlant des courants politiques traversant la région, Mme Hanoune soutient que «ce n'est pas la Kabylie qui est séparatiste, mais des courants politiques!» Et à propos des victimes du printemps noir, elle souligne que «les 140 jeunes victimes sont les enfants des travailleurs». Quant à tamazight, l'oratrice trouve que c'est l'aboutissement des dizaines d'années de combat. Et de se poser des questions devant «la recrudescence des provocations au moment où tout le monde pensait apercevoir le bout du tunnel». Se faisant plus incisive, la porte-parole du PT affirme qu'«il est inconcevable qu'en Kabylie, il n'y ait plus de place à la confrontation d'idées». C'est à ce moment qu'elle s'est sentie dans l'obligation de «discuter» avec certains groupes dans la salle qui à cor et à cris cherchaient à lui transmettre et à lui faire admettre leur position de rejet des élections. La dame de fer du PT ne s'est pas démontée et dans une atmosphère assez volcanique termine son intervention. En aparté, Louisa Hanoune dira à la presse que des partis politiques manipulent ces jeunes et qu'elle comprend leur désarroi. Elle met en exergue l'action du PT dans la défense de l'unité nationale. Comme elle a jeté une pierre dans le jardin de M.Boukrouh à propos de la stratégie et du programme de privatisations. Enfin et après avoir souligné que la légalité veut que l'on ne publie aucun sondage durant une campagne électorale, elle fustige ceux qui veulent imposer leurs idées par la force. A signaler que le meeting du PT est le premier qui s'est relativement bien déroulé, par rapport aux précédents des autres formations, à Tizi Ouzou.