Le Conseil du gouvernement a décidé d'interdire l'importation des médicaments produits au niveau local. Fini l'époque des vaches grasses! L'Algérie ne sera plus un marché pour la commercialisation des marques de médicaments. Les laboratoires étrangers seront obligés d'ouvrir des unités de production en Algérie. C'est ce qui ressort du Conseil du gouvernement tenu hier sous la présidence du chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia. «L'Etat a décidé d'introduire l'obligation d'investissement en Algérie pour les opérateurs et les laboratoires pharmaceutiques qui désirent commercialiser leurs produits», a déclaré hier, le porte-parole du gouvernement, M.Abderrachid Boukerzaza, lors d'une conférence de presse qu'il a animée au CIP. Le gouvernement ne va plus fermer les yeux sur l'anarchie qui caractérise le marché du médicament. Il a même décidé d'interdire l'importation des médicaments produits au niveau local. Désormais, la liste des médicaments importés sera réduite, à l'exception des médicaments non produits ou fabriqués en Algérie. Bonne nouvelle pour les opérateurs nationaux! Ces derniers pourront finalement respirer et reprendre leur place sur le marché national. Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé ce virage? Les dépenses de la sécurité sociale ont atteint un seuil vertigineux, s'alarme le porte-parole du gouvernement. Alors qu'elles étaient de l'ordre de 23 milliards de dinars en 2001, la facture de remboursement a triplé pour atteindre 70 milliards de dinars en 2008. Rien que pour le premier semestre 2008, la facture est estimée à 39, 55 milliards de dinars, soit une augmentation de 28,8% par rapport à la même période de l'année 2007. M.Boukerzaza a indiqué que durant l'année précédente, 50 millions d'ordonnances médicales ont été remboursées pour un montant de 64,56 milliards de dinars. Ces données expliquent tant bien que mal l'inquiétude du gouvernement quant au budget de la Cnas. Effrayé par ces dépenses, ce dernier a donc décidé de revoir toute sa politique du médicament. Le gouvernement va avoir l'oeil sur la Cnas. «Nous allons instaurer un contrôle rigoureux sur les dépenses pour assurer l'équilibre de la Cnas», a déclaré M.Boukerzaza. Sans avancer de chiffres, le conférencier a reconnu qu'il y a trop de dépassements et de tricheries. «Il y a des parties qui veulent faire échouer l'application du système de tarif de référence», a-t-il expliqué, faisant allusion aux lobbies du médicament. Le porte-parole assure que depuis l'application de cette mesure, le prix de certains médicaments a chuté de 20% et parfois de 50%. Devant cet état de fait, le gouvernement compte faire de cette affaire son cheval de bataille. Désormais, la priorité sera donnée au générique. «La promotion de la production du générique est un objectif capital pour le gouvernement», a affirmé le porte-parole du gouvernement. Ces mesures, explique-t-il, visent à encourager la production locale des médicaments et inciter les opérateurs étrangers à s'impliquer dans le développement d'une industrie pharmaceutique. Ainsi, le message du gouvernement adressé aux opérateurs étrangers semble être très clair. Ces derniers doivent mettre la main à la pâte et engager des projets productifs.