Le «match» d'aujourd'hui se joue sur des acquis importants sur le plan social et même politique. Pile ou face. L'épreuve sera difficile pour les députés. Défendre les intérêts de leurs élus ou approuver la démarche du gouvernement, tel est le choix auquel seront confrontés aujourd'hui les élus du peuple. Le refus du gouvernement de réduire la taxe sur les véhicules neufs fixée entre 50.000 à 150.000 DA complique la donne. Les députés qui cherchent à se racheter auprès de la population vont-ils réussir leur forcing? Autrement dit, vont-ils tenir tête au gouvernement ou opérer un virage à 180°? La séance de vote du projet de loi de finances 2009 s'annonce houleuse. Le «match» d'aujourd'hui se joue sur des acquis importants sur le plan social et même politique. Le député aura donc à prouver son pouvoir et sa crédibilité. La taxe concernant les véhicules neufs sera donc le champ de bataille. Les élus, qui ont manifesté publiquement leur refus durant les débats sur la loi de finances 2009, doivent montrer de quoi ils sont capables et surtout qu'ils ont de la suite dans les idées. D'autant plus que la commission des finances et des budgets de l'APN qui s'est penchée sur les amendements n'a pas voulu toucher à cette taxe. S'exprimant, hier, sur les ondes de la Chaîne III, le président de la commission des finances, Tayeb Nouari, a déclaré que la question a été renvoyée à la séance d'aujourd'hui. En termes plus clairs, ou plus diplomatiques, son maintien ou son annulation dépendra de la position des élus du peuple. Malgré le tollé qu'a provoqué cette taxe durant les débats, la commission s'est alignée sur la position du gouvernement. M.Nouari explique l'attitude de la commission par le fait que ce texte a été voté dans le cadre de la loi de finances complémentaire, promulguée par ordonnance. Le député a repris les mêmes justifications et arguments avancés par le gouvernement, affirmant: «Cette taxe va servir l'intérêt public.» Ainsi donc, la commission se désengage de toute responsabilité en renvoyant la balle dans le camps des parlementaires. Sur les 78 amendements proposés par les formations politiques, aucune n'a été retenue. Pourquoi? Selon M.Nouari, ces amendements ont été annulés parce qu'ils touchent aux équilibres budgétaires de la loi de finances. Toujours dans ce chapitre, il précise que de nombreuses propositions n'ont aucune relation avec la loi. Les résultats de la commission vont certainement soulever la colère des formations politiques. Le Parti des travailleurs, qui a vu rejeter ses 65 amendements, va sans doute réagir. «Malheureusement, la commission n'a retenu aucun des amendements», a déploré le député du PT, Ramdane Taâzibt. Pourtant, explique-t-il, tous les amendements portent sur l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens et le développement de la production nationale. «Nous avons proposé un Smig à 35.000 dinars pour relever les salaires des petites bourses, en vain», regrette notre interlocuteur. Le PT qui demande la suppression complète de la taxe sur les véhicules va faire une intervention musclée. Le parti de Louisa Hanoune ne va pas donner son quitus au gouvernement. Cette formation ne sera pas la seule à bouder le projet du gouvernement. D'autres partis de l'opposition expriment le même avis. Le Front national algérien, troisième force sur l'échiquier politique, va s'abstenir du vote. «Pour ce qui nous concerne nous allons nous abstenir du vote», a indiqué le patron du FNA, Moussa Touati. Le RCD, également, ne va pas déroger à la règle. La formation de Saïd Sadi compte boycotter le vote d'aujourd'hui. Le parti En Nahda ne reste pas indifférent. Ce dernier va, sans doute, rejoindre le camp des opposants à la loi de finances. Cela dit, au vu des dispositions des députés, le vote d'aujourd'hui sera marqué par une forte abstention. Toutefois, il ne fait pas de doute que la loi de finances aura sans problème son quitus de la part des partis de l'Alliance présidentielle. Quant à la taxe sur le véhicule, s'il apparaît qu'il y aura peu de chance qu'elle soit supprimée, d'aucuns espèrent cependant qu'elle sera revue à la baisse. D'autant plus que tous les députés sont unanimes sur ce principe. A l'exception du RND, les députés du FLN et du MSP ont demandé la réduction de cette taxe. Il faut souligner que la carte se joue entre les deux partis de l'Alliance, lesquels vont cautionner ou non la démarche du gouvernement. Il est toutefois peu probable que le MSP et le FLN se désolidarisent de l'action du gouvernement. Connus pour leur engagement et leurs calculs politiques, les deux partis ne peuvent pas en effet lâcher l'Exécutif. En réunissant hier leurs députés, les deux partis ont certainement donné des instructions fermes pour ne pas faire avorter les décisions du gouvernement. Même s'ils ne sont pas convaincus, les députés seront forcés, discipline oblige, de lever la main. Un consensus aurait été dégagé entre les partis de l'Alliance pour soutenir le gouvernement.