Les représentants du peuple ont applaudi, fortement applaudi, comme une victoire, le maintien de la taxe sur les véhicules neufs, comme ils avaient applaudi une sensible augmentation de leur indemnité parlementaire. Le gouvernement a fini par avoir gain de cause, en décrochant le soutien des partis de l'Alliance présidentielle. L'opposition réduite, au sein de la deuxième chambre parlementaire, mettait tous ses espoirs sur le Front de libération nationale, qui a présenté par le biais d'un député, Mohamed Kamel Rezgui, un amendement portant sur la réduction de la taxe à 1% du prix du véhicule. Mais M.Rezgui a surpris tout son monde en décidant de retirer «volontairement» sa proposition: «Après des discussions menées dans la commission des finances, nous avons décidé de présenter cet amendement sous forme d'une recommandation qui sera adressée au gouvernement. Ce dernier, poursuit-il, s'est engagé à évaluer dans une année, les retombées de cette mesure avant de trancher la question.» Le président de l'Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari, a soumis la proposition de trois formations PT, En Nahda et MSP sur la suppression de la taxe, au vote. L'alliance tacite entre le FLN, le RND et des membres du MSP (aile Bouguerra Soltani) ainsi que l'abstention pour le moins surprenante du RCD et du FNA, ont fait tomber l'amendement. Dans son exposé, la commission des finances a justifié son refus de supprimer la taxe par quatre arguments: la taxe amènera les concessionnaires à réviser à la baisse les prix des véhicules, elle encouragera le constructeur automobile à investir dans le montage en Algérie, La commission de Tayeb Nouari a mis en exergue aussi les revenus importants engendrés par cette taxe, estimés à 13 milliards de dinars, qui seront consacrés à la subvention du transport public. Enfin, quatrième argument, la commission fait remarquer que la taxe ne concerne qu'une infime partie de la société. Après des tractations dans les coulisses, la taxe sur les véhicules neufs demeurera donc en vigueur. Les députés de l'Alliance en ont décidé ainsi. Comme ils ont décidé de rejeter la totalité des mesures sociales proposées essentiellement par la formation de Louisa Hanoune. Justifiant leur rejet, des députés estiment que «ces mesures risquent de créer un déséquilibre dans le budget de l'Etat». Un argument peu convaincant pour l'opinion publique qui a assisté, quelques semaines auparavant, à l'adoption à l'unanimité d'une ordonnance portant augmentation de l'indemnité des députés à hauteur de 27 millions de centimes. Revenant à la séance de jeudi. parmi les propositions rejetées, l'on citera, entre autres, la proposition de Mme Karima Ben Nacib visant à réévaluer la bourse des étudiants à 7500 DA au lieu des 2700 DA actuels. Cette augmentation coûtera la bagatelle de 18,6 milliards de DA au Trésor public, soulignera la commission. Laquelle a calculé à 13,3 milliards de DA l'augmentation à 6000 DA la prime du filet social et de l'emploi des jeunes, à 408 milliards de DA la réévaluation du Snmg à 40.000 DA et à 108 milliards l'octroi d'une prime mensuelle de 2000 DA pour la femme au foyer. Les handicapés n'ont pas eu plus de chance puisque l'article introduit par Mme Zoubida Kherbache, visant à revoir à la hausse le montant de leur bourse est rejeté. Pour la commission des finances «L'Etat dépense déjà assez au profit des handicapés.» Par ailleurs, les députés n'ont pas approuvé aussi la création de 130.000 postes budgétaires pour le secteur de l'éducation nationale. Les moudjahidine sont épargnés par le niet des députés, puisque le point indiciaire servant au calcul de leur pension augmentera de 10 à 40 points. Cette mesure se traduira pas la réévaluation à la hausse des retraites qui ne dépassent pas les 36.000 DA. En somme, sur les 87 amendements proposés, seuls cinq ont été retenus. Les députés de l'Alliance présidentielle semblent avoir reçu des instructions pour rejeter tout amendement émanant de l'opposition, paradoxalement même ceux qui confortent la politique du gouvernement. Sinon comment expliquer, le rejet par la commission d'une disposition visant à interdire l'importation des médicaments déjà fabriqués en Algérie? Une mesure validée quelques jours auparavant en conseil du gouvernement. La loi est donc passée comme une lettre à la poste, sans grande surprise. Les rencontres présidées par les directions des partis de l'Alliance avec leurs députés à la veille de la plénière ont permis de contrôler le vent d'opposition qui soufflait sur la chambre basse lors des débats.