Homme humble à l'âme des braves, cela fait 28 ans qu'il chante en taquinant avec virtuosité son instrument favori, la guitare. Sa musique est une vague de fraîcheur qui souffle sur les monts du Djurdjura... Lui, c'est Boualem Chaker... L'Expression : Vous venez de sortir un nouvel album sur le marché pouvez-vous nous le présenter. Boualem Chaker: Oui, cet album est sorti tout récemment, il y a deux mois aux éditions Atlas. Il contient six chansons dont Said voulaamara. Dans cette chanson, je rends hommage à ce grand troubadour du siècle passé. Muni de sa musette, ce dernier animait jadis les fêtes «bénévolement». Là où il passait, il mettait de l'ambiance. C'est le poète Meziane Rachid, grand parolier qui a écrit notamment pour Idir (Sendou), pour Karima, Samy El djazaïri...qui m'a écrit cette chanson, car il est très fort en légendes et en histoires anciennes... Dans cet album on trouve aussi Ch'dhah a teir, une ancienne chanson pour enfant que j'ai voulu raviver. C'est aussi une légende. Elle raconte qu'un petit oiseau se mettait à danser dès qu'on lui chantait. Sur l'une des faces de l'album, on peut écouter des chansons au rythme lent pour faire plaisir aux plus âgés. Sur l'autre face, on y trouve des morceaux bien entraînants pour plaire aux jeunes, ceci pour répondre aux différents goûts du public. Des projets? Je prépare pour la rentrée un clip de Said voulaamara. Je compte le faire dans un décor typiquement kabyle (montagnes, personnages en tenue kabyle). C'est en regardant le clip qu'on pourra comprendre la trame de la chanson. Mais ce n'est pas évident de réaliser un clip en Algérie. C'est vraiment difficile... Pour quelle raison? Cela demande beaucoup de moyens et énormément d'argent. De plus, le clip joue un grand rôle dans la réussite d'une chanson. Le public en général connaît plus le clip que la morceau. En fait, on peut réaliser un clip avec simplement 20 ou 25 millions. Mais le résultat dépend du budget qu'on a. Regardez les Orientaux, eux ne lésinent pas sur les moyens. Cela n'a rien à voir avec ce qu'on voit à la télé chez nous. Ce sont plutôt des bribes d'images qu'on colle... Parlez-nous de vos débuts ... Cela fait 28 ans que je chante. La chanson qui m'a fait connaître et m'a propulsé sur la scène s'appelle Assa Tsamaghra (jour de fête) sous forme en disque en 72. En fait, beaucoup la reprennent sans savoir à qui elle appartient. La 2e chanson qui a pas mal marché, Avava dont le clip a été tourné dans un centre de vieillards. Après cela, j'ai interprété Houz houz a yamina qui a été reprise par Hamidou. Depuis le début de ma carrière jusqu'à nos jours, j'ai fait beaucoup de tournées mais peu de cassettes... Pourquoi peu de cassettes? C'est par rapport au choix des titres, des paroles. Comme je fais très attention aux textes je n'aime pas tomber dans la routine. Donc, je prends le temps qu'il faut pour choisir mes textes car je ne veux pas faire n'importe quoi! Cela vous arrive-t-il d'écrire vous-même vos chansons? De toute ma carrière, je crois que j'en ai écrites 4 ou 5. Les autres on me les propose. Comme je suis né à Alger et je n'ai pas vécu en Kabylie, je ne saurais retranscrire ou insuffler dans mes textes cette atmosphère et cette ambiance propres à la Kabylie. Je laisse ce soin à un poète qui a toujours vécu et grandi là-bas. Boualem Chaker, en plus d'être chanteur, vous êtes également un bon guitariste... Je suis effectivement musicien, un guitariste professionnel. J'ai obtenu mon premier prix de guitare en 1974 à l'occasion du Festival national de la jeunesse. On a joué à Alger puis à Ténès. Certaines de mes chansons, je les avais même exécutées à la guitare en solo. A ce propos, à la rentrée, je compte éditer une cassette qui sera entièrement instrumentale, car il y a des gens qui aiment ma musique, mais ne comprennent pas forcément le kabyle c'est pour leur faire plaisir que j'essaierai de leur «concocter» un pot pourri de toutes les musiques algériennes et pour cela, je dois d'abord trouver l'éditeur qui accepterait cette idée... Ce n'est pas facile d'autant plus que la plupart vous demande de ne jouer que des «trucs» de fête qui font danser... On trouvera dans cet album entre autres des morceaux de cheikh El Hasnaoui, mon maître de la chanson kabyle. C'est à travers lui que j'ai appris à jouer et à chanter. Cet album, je n'ai pu le concrétiser cet été car ce n'était pas encore le bon moment mais je tiens à le faire en temps voulu, bientôt Inchallah.