«Je préfère le malentendu constructif duquel naît le dialogue, car c'est de la croisée des chemins qu'émerge la connaissance», a-t-il souligné. C'est avec les youyous de Hadja Ounissa, la maman du lauréat que s'est ouverte la cérémonie de la 6e édition de remise de prix des libraires (Aslia) organisée hier par l'Association des libraires algériens, à l'occasion de la tenue du 13e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tient depuis le 27 octobre et qui prendra fin aujourd'hui. Pour cette année, cette distinction revient de droit à un jeune Algérien journaliste, anthropologue et romancier, vivant en Italie depuis 1995, pour son roman en langue italienne intitulé Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio. Le roman a été réédité par les éditions Barzakh. Cette révélation de l'année n'est autre que Amara Lakhous, 36 ans, né à Alger de parents originaires de kabylie. Ce livre a déjà été un succès à l'étranger, il a été couronné du Prix Racalmare Leonardo Sciascia et a partagé le Prix international Flaiano 2006 avec Enrique Vila-Matas et Raffaele La Capria. L'ouvrage, ponctué de proverbes et d'expressions algériennes, a été traduit et publié par l'éditeur français Act Sud avant d'être récemment publié en français en Algérie par les éditions Barzakh qui ont acheté les droits d'auteur auprès de l'éditeur français. Il relate: Piazza Vittorio, proche de la gare centrale, est l'unique quartier multiethnique du coeur historique de Rome, étrangers et Italiens de toutes les provinces y cohabitent depuis un demi-siècle. Dans un immeuble situé sur la place, un homme surnommé «il Gladiatore» est retrouvé assassiné. Au même moment, l'un de ses voisins, Amedeo, disparaît inexplicablement. Ces événements suspects délient les langues et, tour à tour, chacun des habitants de l'immeuble livre son sentiment, «sa vérité» à propos des faits et du mystérieux disparu. Mais Amedeo, si apprécié de tous, dans un quartier où incompréhension et querelles domestiques règnent en maîtresses, a-t-il vraiment le profil de l'assassin? Lui aussi prend la parole. En situant l'intrigue de son roman satirique, mi-polar, mi-comédie à l'italienne, Amara Lakhous entre sans complexe dans la réalité problématique de la cohabitation des cultures et de la peur de l'autre, rejetant la théorie du choc des civilisations, lui préférant le «malentendu constructif». «Nous avons voulu rendre un hommage appuyé aux hommes qui contribuent par leurs efforts et leurs oeuvres à l'enrichissement de notre culture», a indiqué Mme Fatiha Soal, présidente de l'action des libraires à propos de cette «initiative qui, a-t-elle précisé, sera érigée en tradition». A cette occasion, la présidente de l'Association des libraires, Mme Fatiha Soal, a aussi exprimé sa reconnaissance aux différentes éditions pour le rayonnement qu'elles assurent à la profession. Pour sa part, l'heureux élu n'a pas manqué de dédier ce prix à sa famille, en particulier sa maman présente. Ainsi, il remercie toutes les personnes qui l'ont aidé et ont cru en lui. «Je suis très heureux de recevoir ce prix pour ce roman qui a ses racines dans le patrimoine algérien», a indiqué le jeune auteur à propos de cette oeuvre publiée en 2003 par l'association El Ikhtilef sous le titre Kaifa tarda' eddib doun en ta'oud´ (comment têter la louve sans se faire mordre) puis réécrit en langue italienne sous l'intitulé Scontro di civiltà per un ascensore a Piazza Vittorio. Ensuite, il revient aux généralités de son ouvrage dont le thème principal était l'immigration, qu'il a vécue personnellement et connaît bien les discriminations existant dans la société d'accueil. «Je préfère le malentendu constructif duquel naît le dialogue, car c'est de la croisée des chemins qu'émerge la connaissance», a-t-il conclu.