L'APC d'Akerrou a été incendiée A quelques jours de la tenue du scrutin du 30 mai, la Kabylie retient son souffle. Les horizons se dessinent menaçants et l'angoisse est de nouveau à couper au couteau. L'épisode du bras de fer entre le président de l'APC-FFS de la région et le wali ne fait que commencer et, d'un côté comme de l'autre, la tension monte. Face à la détermination des pouvoirs publics se forme un autre bloc, celui du rejet des élections. D'ores et déjà, les signes visibles d'une extrême tension se dessinent et l'atmosphère «s'alourdit» de jour en jour. C'est ainsi que dans la nuit du 24 au 25 mai, le siège de l'APC d'Akerrou, dans la daïra d'Azeffoun, a été la proie des flammes. Contactés, le FFS, la Cadc et la population disent ne pas comprendre les motivations des «criminels». Même si nombre d'entre eux optent pour «une provocation visant à mener la population à l'irréparable, afin de mieux mater une population rebelle à tous les chants de sirènes». D'autres se posent toujours des questions et écartent la piste des émeutiers, en précisant: «Durant toute la durée de la protesta, cela va faire bientôt plus d'une année, aucune APC, aucun service public, en dehors de quelques bureaux de contribution visés par certains infiltrés dans le mouvement citoyen, n'ont été la cible de la protesta...». La fédération FFS de Tizi Ouzou semble vouloir accuser «ceux qui rêvent d'en découdre avec la population.» Et de préciser que «la région est calme depuis quelques années...». Ce qui revient à dire que la thèse des terroristes est écartée. Il reste que les archives de l'APC, notamment, celles de l'état civil, ont brûlé et une bonne partie de la bâtisse endommagée; l'enquête ouverte par les services compétents ne manquera pas de lever le voile sur cette sombre affaire. Dans la daïra de Makouda, à quelque 20 km au nord du chef-lieu de wilaya, la population a carrément occupé, depuis mercredi dernier, le siège de la daïra. Selon des sources impossibles à confirmer, «le chef de daïra aurait menacé de faire appel aux services de sécurité pour faire évacuer les lieux». La situation, toujours tendue, est encore en l'état. Par ailleurs, les citoyens des Ath-Ghobri (Azazga) réquisitionnés dans le cadre du scrutin du 30 mai, ont rendu publique une déclaration, sanctionnant une réunion tenue le 24 mai à Azazga. Dans cette déclaration, les signataires, après avoir posé la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur comme préalable à toute consultation électorale, déclarent solennellement leur refus catégorique de cautionner ces élections qualifiées par eux d'«élections de la honte». Et dans cet ordre d'idées, les «réquisitionnés» d'Ath-Ghobri déclarent «refuser de répondre aux convocations ainsi qu'à toute réquisition émanant de l'administration». Les élus FFS de Tizi Ouzou, organisés en coordination, lors de la réunion de soutien organisée jeudi dernier à Azeffoun, se sont retrouvés dans la journée d'hier, au siège de la fédération FFS de Tizi Ouzou. Après avoir passé en revue la situation prévalant au niveau de la région, situation jugée par les élus, dans la déclaration rendue publique, hier, grave, les présidents d'APC de ce parti affirment qu'«en s'opposant à cette mascarade (consultation électorale du 30 mai: ndlr), les élus du FFS subissent menaces et intimidations incessantes». Ensuite, ils volent dans les plumes du ministre de l'Intérieur qui «se targue d'avoir dissous 850 APC en 1992. Qu'en sera-t-il demain des APC restées fidèles aux aspirations du peuple?». Le wali n'est guère oublié par les élus qui l'accusent «de faire usage d'une violence déguisée en procédant à la réquisition des présidents d'APC». Et les élus de souligner que «le wali appelle les personnels des communes à désobéir aux présidents de l'APC». Allant plus loin, la déclaration des élus accuse le wali «d'avoir brillé par son incompétence et son immobilisme devant la crise qui secoue la région». Pour leur part, ils se déclarent «persuadés de la justesse de la lutte de la jeunesse (...) à l'avant-garde de la fondation de la 2e République». Enfin les élus, après avoir lancé «un appel aux citoyens réquisitionnés pour l'encadrement à observer une grève générale le 30 mai..., appellent la population à bouder les urnes, jeudi prochain». La fédération de ce parti, pour sa part, «appelle à une marche populaire demain à 11h, du carrefour du 20-Avril vers le siège de la wilaya. Le tout accompagné d'une grève générale, à travers la wilaya le même jour».