A l'approche de l'Aïd, c'est un mouton plutôt «fourré» qui attend le citoyen. Cela devient une situation à laquelle le commun des Algériens s'adapte malgré lui, au fil du temps qui s'écoule. A l'approche de la Fête du Sacrifice, Aïd El Adha, voilà que les aliments du bétail connaissent une hausse qui augure celle prévisible du prix de la bête à immoler. Les prix «saigneront-ils» d'abord le citoyen avant même le mouton de l'Aïd? «L'offre en aliment du bétail est actuellement inférieure à la demande», a indiqué Mohamed Ladjadj. Contacté par nos soins, le directeur du développement des filières animales au niveau du ministère de l'Agriculture, a précisé que la demande émane des éleveurs de moutons, mais aussi de la part de ceux élevant les bovins destinés à l'abattage, comme les producteurs de lait. A cela, il faut ajouter les superficies arables affectées à cette production, limitées, surtout dans le secteur privé qui oriente ses cultures vers des productions plus lucratives. Malgré les pluies abondantes qui se sont abattues sur le pays, la production d'aliments du bétail reste insuffisante, mettant en difficulté les éleveurs face à la hausse des prix de l'orge et autres fourrages. Les années passées, c'était la situation de sécheresse qui était décriée. Mais les spéculateurs reviennent à la charge après un Ramadhan fructueux au cours duquel ils ont laminé les bourses des citoyens. Cependant, le gouvernement a pris les devants et le Conseil interministériel tenu au printemps dernier, indique M.Ladjadj à L'Expression, avait lancé un programme d'importation de 300.000 tonnes d'orge. Ce programme a été mis à la disposition des éleveurs de la steppe, des Hauts-Plateaux et des régions agropastorales de toutes les wilayas du pays. Les Comités de contrôle et de certification des semences et des plantes (Cccs) sont chargés de son application sur le terrain. Mohamed Ladjadj a rappelé, par ailleurs, les différentes dispositions gouvernementales en faveur des éleveurs. Un programme en cours est chargé d'approvisionner de façon régulière les Cccs afin de satisfaire la demande. Sous tutelle de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) au niveau local, mais de gestion autonome, ces organismes recensent les besoins des éleveurs par zone d'élevage, sur présentation de leur carte d'éleveurs et des certificats de vaccination de leur cheptel. Ces dernières pièces prouvent l'existence du cheptel et le nombre de têtes à nourrir. En 2008, l'Etat a octroyé aux agriculteurs une aide évaluée à 30% et un autre programme de soutien est en cours d'élaboration. Il contient de nouvelles mesures qui seront connues et applicables avant la fin de l'année en cours, précise ce responsable. Pour les aliments composés, le directeur du développement des filières animales rappelle qu'à fin 2007, le gouvernement avait supprimé la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les importations de soja, de maïs et de luzerne. Ces fourrages, qui avaient accusé une hausse significative sur les marchés internationaux, ont entamé une tendance à la baisse, depuis trois ou quatre mois, a précisé Ladjadj. Il soutient que si les prix du mouton et du poulet de chair ont légèrement augmenté, il faut aller chercher la cause chez les nombreux intermédiaires qui interviennent en «chahutant» les prix sur le marché. Au niveau des éleveurs, les prix n'ont pas augmenté, hormis une «faible oscillation haussière due au prix de l'alimentation des cheptels», note avec satisfaction Mohamed Ladjadj.