Sans une volonté politique à un très haut niveau, il n'y a guère d'espoir... Le Nigeria a remporté la Coupe du monde de football des U-17 (moins de 17 ans) qui vient de se dérouler en Corée du Sud et ce, en battant en finale l'Espagne. C'est la troisième fois que les Nigérians remportent ce trophée après leurs succès en 1985 et en 1993. Ils se hissent, ainsi, au niveau du Brésil, seule nation à avoir été précédemment sacrée à trois reprises dans cette compétition (1997, 1999, 2003). L'Afrique s'est, d'ailleurs, remarquablement distinguée lors de ce Mondial, puisque le Ghana a atteint les demi-finales pour être sorti par l'Espagne. Il s'agit d'un pays qui, avec le Nigeria, a l'habitude de disputer de grandes compétitions internationales dans les catégories de jeunes. On ne manque pas de se demander ici, comment ces deux pays réussissent en ce domaine. Se distinguer dans les jeunes catégories n'est pas à la portée du premier venu, si on ne dispose pas d'un énorme potentiel à ce niveau et surtout d'un système de détection bien huilé. Le Nigeria et le Ghana doivent, donc, avoir une méthode qui les différencie des autres nations, notamment celles de l'Afrique, le continent dont ils font partie. Nous ne prétendons pas détenir le secret de cette réussite, mais il nous semble qu'il faut la lier au système scolaire de ces deux pays. Il s'agit de deux pays anglophones chez qui le sport à l'école est quelque chose de concret. Selon ce que nous avons appris, c'est au niveau de l'école que leurs championnats de jeunes sont organisés et encadrés, pour ensuite être versés dans des sélections qui sont suivies sur des années et non abandonnées au moindre petit mauvais résultat, comme cela se fait chez nous. Et comme on parle d'école, il faut se demander quel effort a-t-on fait en Algérie en ce domaine? Rien, si ce n'est la décision de rendre le sport matière obligatoire à l'école après qu'il eut traversé une longue traversée du désert comme matière facultative par la faute d'une Assemblée nationale qui avait voté une loi en ce sens et dont les membres semblaient plus intéressés par ce qu'ils allaient gagner en fin de mois que par la santé morale et physique de leurs enfants et ceux des autres. Le sport scolaire et universitaire en Algérie appartient à un passé révolu qui a fait place à des opérations de bricolage, juste pour dire que des choses sont faites en la matière. Pour ce qui est du seul niveau scolaire, il y a dans notre pays 7600.000 enfants scolarisés. Parmi cette population, il y en a seulement 492.000 qui ont une licence sportive. On peut dire, sans risquer de se tromper, que l'écrasante majorité des élèves du primaire, du moyen et du secondaire ne fait pas de sport ou juste quelques exercices pour meubler l'emploi du temps. Ces enfants n'ont, pour ainsi dire pas même une heure pour des activités physiques et sportives. On ajoute que selon certaines statistiques, il y a un déficit de 3400 professeurs d'éducation physique dans les écoles, les CEM et les lycées. Cela fait quelques jours que la rentrée scolaire s'est effectuée. Dans de nombreux établissements scolaires de l'Algérois, à l'heure de l'EPS, les élèves ont droit à une séance de permanence dans une classe, faute d'avoir un prof pour le sport. On imagine que si dans la capitale ça se passe ainsi, à l'intérieur du pays, cela doit être pire. La demi-journée du lundi après-midi, normalement consacrée aux activités sportives et aux différentes compétitions de ce secteur, est trop souvent prise par des séances de rattrapage des autres matières. La situation est identique au niveau universitaire. A Blida, par exemple, il existe un campus qui accueille 49.000 étudiants. Une véritable ville. Il y a là une salle omnisports, des terrains de sport un peu partout. Cherchez les pratiquants! Vous ne les trouverez pas! Il fut un temps où existait (années 70 et 80) une Ligue régionale du sport universitaire (Lrsu) à Alger. Avec les maigres moyens dont elle disposait, elle parvenait à organiser des compétitions qui avaient de la tenue. Sans le sport scolaire et universitaire, il n'y a pas lieu d'espérer grand chose pour le sport d'une manière générale. Depuis de nombreuses années, on ne cesse de clamer que la solution passe par les jeunes catégories et la formation. Les clubs civils ayant raté leur examen sur le sujet, la seule alternative est de se baser sur le sport à l'école et à l'université pour valoriser les jeunes catégories. A partir du moment où les ligues ont des difficultés à organiser des compétitions de jeunes et les clubs à les prendre en charge, il serait judicieux de coupler les compétitions scolaires et universitaires avec celles du civil comme cela se fait justement au Nigeria et au Ghana. Seulement là, le problème n'est pas d'ordre technique mais politique et à un très haut niveau. A défaut d'établissements scolaires spécialisés puisqu'il n'y en a que deux en Algérie (un à Draria dans la banlieue d'Alger et un à Blida), il faut se focaliser sur ce que nous avons sous la main et faire en sorte que le sport à l'école devienne une réalité palpable. On peut croire que les trois ministres, celui de la Jeunesse et des Sports, celui de l'Education nationale et celui de l'Enseignement supérieur ont le souci de valoriser cette pratique mais cela doit, certainement, dépasser leur volonté. Et sans une telle alternative, il n'y a guère d'espoir à avoir pour le sport à l'école.