Un grand soulagement pour la grande famille du Raed. Longtemps hypothéqué, le retour du RCK en Division 1 de football a été enfin consommé, lundi, à l'occasion du 1er match retard du club, et, de nouveau, le stade Benhaddad, comme un vieux compagnon, est sous «les feux de la rampe». C'est dans une ambiance colorée et rythmée par de fantasques partitions jouées par un facétieux clarinettiste, que les supporters du RC Kouba, serrés comme des sardines dans la grande tribune du stade Benhaddad, attendaient avec une grande impatience le coup d'envoi, et l'intégration de fait du club en D1 de football, du match contre le Mouloudia de Saïda. Et, lorsque l'arbitre de la rencontre, M.Boumaza, a donné le coup d'envoi, un grand «ouf» de soulagement a fusé des poitrines des quelque 10.000 spectateurs. Le RCK, après une «guerre ouverte» de plus de cinq mois avec la Fédération algérienne de football (FAF), a enfin pu être intégré en D1, et va jouer dorénavant ses matchs au rythme de deux rencontres par semaine. Mais, pour les «teenagers» et les «native sons» (enfant du quartier) venus en très grand nombre assister au match, l'essentiel est que Kouba soit en Division Une. Arborant fièrement le maillot type du club, comme un emblème à défendre, ils étaient des centaines de jeunes à vouloir détourner l'attention d'un parfait service d'ordre pour entrer au stade. En désespoir de cause, ils ont tenté d'escalader le mur d'enceinte et «voler» quelques minutes, dans une position dangereuse, pour voir les Koubéens et les Saïdis s'échauffer. L'entrée du stade, pourtant, était gratuite. L'APC de Kouba, ainsi que les responsables du club ont fait une grande première à l'occasion du retour des Vert et Blanc parmi l'élite: pas de billetterie pour ce match. Devant le grand portail du stade, les chaînes se formaient et se déformaient dans une atmosphère détendue, à un rythme très rapide: en moins d'une demi-heure, les gradins étaient pratiquement pleins de spectateurs. Dans ces gradins, repeints et retapés, régnait une ambiance des grands matchs: chants et feux de Bengale, alors que sur le terrain, les joueurs des deux clubs s'échauffaient sous l'oeil des officiels du match. Et, pour montrer leur attachement au club, les supporters banlieusards ont bien mis en évidence, sur le mur de la tribune inférieure, le credo de l'équipe anglaise de Liverpool: «You'll never walk alone». «Nous avons souffert, mais on a gagné. On est de retour (en D1)», lance fièrement un jeune supporter pour résumer autant la joie d'une si pénible accession que les souffrances endurées durant la saison dernière. Reportée à plusieurs reprises, l'intégration du RCK, comme 17e club de la D1 a été officiellement affirmée ce lundi comme le confirme le score nul réalisé après les 90 minutes de jeu. Pourtant, le chemin a été long pour une accession au «forceps», d'ailleurs inespérée: l'affaire du RCK remonte au match retour joué contre l'USMH (0-0) à Benhaddad. L'USMH a fait des réserves sur le joueur Khelidi, qui jouait avec la licence de son frère. Une épique bataille procédurière est alors enclenchée par le club contre la FAF, qui a endossé et validé la décision de la LNF de donner match perdu pour le RCK et lui défalquer six points. Le RCK terminera le championnat de D2 à la 4e position, derrière l'USMH, le MSPBatna et le MCEEulma. Cinq mois après que cette affaire éclate, et sur le sillage laissé par l'intervention des tribunaux du sport (TAS algérien et de Lausanne), Kouba, le club qui a vu éclore des joueurs d'exception, dont Amirouche, Assad, Safsafi ou Kaci Saïd, revient parmi l'élite du football algérien. A Vieux-Kouba, Ben Omar ou El Bahia, et même aux alentours du stade Benhaddad, rien ne donnait l'impression, hormis ces terrasses de Noble Terre surplombant le terrain et bondées de monde, que le club d'un quartier de plus de 50.000 habitants, siège de ministères et d'instituts spécialisés, et de grandes sociétés nationales, est de retour parmi l'élite.