Kateb Yacine, l'Association des ulémas musulmans algériens et le développement de la femme algérienne sont des thèmes choisis pour la soutenance de thèses de doctorat. Alger-Tokyo. 13 heures de vol. L'atterrissage à l'aéroport Narita de Tokyo ne signifie pas uniquement un changement de continent. Le voyage au pays du Soleil Levant est un voyage dans le temps. Au pays de l'électronique, le visiteur est dispensé de tout effort. Pour prendre le métro afin de rejoindre Shinjuku, le centre de la capitale japonaise, une carte hypersophistiquée permet de prendre le métro. Dotée d'un système inédit, cette carte n'existe pas encore aux Etats-Unis d'Amérique, explique Ouail Mouadab, jeune Tunisien préparant un doctorat à l'université de Tokyo depuis plusieurs années. Ouail a été désigné par la Fondation japonaise pour assister Mohammed Sidi Mohammedi, chercheur au Centre de recherche anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, aux travaux d'une Rencontre internationale des intellectuels et chercheurs des pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Ce regroupement, d'une vingtaine de jours, a pour objectif d'encourager la compréhension interculturelle et inter-religieuse, tel que le précise Shiojiri Kazuku, écrivaine et professeur émérite au Centre africain et méditerranéen de recherches et de l'éducation de l'université de Tsukuba. Shiojiri Kazuka, auteur de plusieurs livres sur l'Islam et les pays du Moyen-Orient et du Maghreb, a aussi vécu pendant de longues années dans ces pays. Ce qui lui permet de maîtriser parfaitement les enjeux inhérents à cette question. D'ailleurs, elle a focalisé son intervention sur la nécessité du dialogue, y compris avec ceux qui se présentent comme étant les plus extrémistes des islamistes. Elle estime que les négociations et le dialogue sont le seul moyen de réaliser la paix. Elle en est convaincue tout comme son gouvernement. Invité par le ministère des Affaires étrangères au Japon, la délégation des pays du Moyen-Orient et du Maghreb a été reçue par Kenjiro Monji, directeur général du Département politique et diplomatique et ex-ambassadeur du Japon en Irak. Dans son discours de bienvenue, Kenjiro Monji a mis en exergue la politique de cohabitation prônée par le gouvernement japonais du fait que le monde a tendance à devenir un village planétaire. Comme il a souligné l'intérêt de son gouvernement pour les peuples du Moyen-Orient et du Maghreb. Pour améliorer ces connaissances, Masatochi Kisaichi s'est rendu, l'été dernier, à Alger où il a animé une conférence au Musée national du Bardo. Pour preuve, le bureau de Masatoshi Kisaichi, docteur en histoire maghrébine et professeur à l'Institut des cultures asiatiques de l'université de Sophia (Tokyo) et auteur d'une quinzaine de livres sur l'histoire du Maghreb et sur la religion musulmane, est orné de livres inédits sur l'Algérie, en français, en anglais, en arabe et en japonais. Ces ouvrages ont été collectés dans plusieurs pays du monde par les chercheurs de cette université qui bénéficient de bourses. Lors de notre passage à l'université de Sophia, nous avons appris que plusieurs chercheurs et étudiants japonais étaient en Algérie, dans le cadre de leurs études. Parmi eux, Saki Yamamoto et Satoshi Udo. Si le premier prépare un Master sur le développement de la femme algérienne, le second prépare une thèse de doctorat sur la littérature algérienne et Kateb Yacine. Shoko Watanabe, quant à elle, séjourne en Algérie depuis deux ans pour préparer un doctorat sur l'Association des ulémas musulmans algériens. C'est dire tout l'intérêt porté par les universités japonaises à l'Algérie, à son peuple et à sa culture. Cet engouement a-t-il une relation avec les événements du 11 septembre 2001? Non! répond le professeur Kisaichi. Déjà, dans les années cinquante et soixante, les intellectuels japonais s'intéressaient à l'Algérie, à cause de la guerre de Libération nationale. Plusieurs recherches et études ont été effectuées à l'époque. Il y a eu un ralentissement durant les années quatre-vingt-dix à cause du terrorisme. Puis, un réchauffement dans les relations algéro-japonaises est enregistré suite à l'élection de Abdelaziz Bouteflika comme président de la République, lequel s'est rendu à plusieurs reprises au Japon. D'ailleurs, le professeur Kissaïchi avoue, avec fierté, avoir été invité par son gouvernement à assister à la réception donnée en l'honneur du Président Bouteflika lors de sa dernière visite à Tokyo.