Loin d'éclairer les responsables du secteur, les chiffres, en l'absence d'études plus approfondies, brouillent les donnes. Tous les indicateurs montrent que le secteur de l'habitat, dans la wilaya de Tizi Ouzou, nécessite une recherche plus approfondie incluant la connaissance sociologique de la région. Alors que les taux d'accroissement de la population ainsi que le taux d'occupation de logements sont les plus faibles en Algérie, la demande de logements est, en revanche, l'une des plus fortes. Loin d'éclairer les res-ponsables du secteur, les chiffres, en l'absence d'études plus approfondies, brouillent les donnes. Pour sa part, l'absence de visibilité globale, qui aurait pu amener les différents intervenants dans le secteur à travailler en concertation, n'a fait qu'aggraver la confusion. Cette absence de concertation, nécessaire entre les organismes concernés, a rendu impossible l'élaboration d'un plan directeur d'aménagement urbain (Pdau) fiable. Le même sort est réservé aux plans d'occupation du sol (POS) successifs qui n'ont fait que rendre la gestion du secteur plus hasardeuse. Certaines voix, parmi les élus et les spécialistes du secteur de l'habitat, s'élèvent à présent contre cet immobilisme et demandent le lancement d'une réf-lexion plus profonde sur les causes de cette situation comme de proposer les solutions nécessaires. Ces spécialistes, s'appuyant sur des chiffres qu'ils considèrent comme des indicateurs importants, pouvant être d'un grand apport dans la connaissance du besoin réel de la wilaya en logements et les moyens d'y parvenir, appellent à un vrai débat afin de dégager un ensemble de paramètres pouvant aider à venir à bout d'un problème qui met à mal le développement cohérent de la ville et de la wilaya. Ainsi, de prime abord, les pouvoirs publics savent que le taux d'accroissement de la population de Tizi Ouzou est de 0,1 alors que le taux national est de 1,6 c'est-à-dire 16 fois supérieur à celui de la ville des Genets. Ensuite, le taux d'occupation des logements n'est que de 67%, considéré comme le plus faible en Algérie, qui doit nécessairement baliser la réflexion sur l'offre et la demande. D'un côté, sur un total de 273.241 logements de la wilaya, seuls 184 285 sont occupés. D'un autre côté la wilaya compte 88.956 logements en propriété privée qui demeurent inhabités. Ainsi donc, les spécialistes en urbanisme assurent qu'il est plus judicieux de connaître les causes et les mécanismes des mouvements et de stabilisation de la population de la wilaya. De multiples spécificités inhérentes à cette dernière font, ainsi, surface. Marquée par une forte tendance à l'émigration, la population ne coupe pas pour autant le cordon ombilical. Cependant, les statistiques ne mentionnent pas, en effet, une grande partie des logements privés non occupés appartenant aux émigrés, Par ailleurs, l'absence d'investissements dans la wilaya a fini par pousser la génération actuelle à se déplacer vers les autres régions d'Algérie. Ces mêmes statistiques ignorent que la forte demande se concentre dans les zones rurales. Et c'est cette même catégorie concernée par ce mouvement inter-wilayas qui manifeste ce besoin de logements. Enfin, le chômage et le peu d'activités existant est concentré sur le chef-lieu de wilaya. Le flux de la population vers cette petite ville est devenu très dense ces dernières années. Le retard et la faiblesse de réactivité des autres secteurs comme le transport, joints à l'absence d'attractivité des petites villes, ont été derrière cette ruée vers le logement en «Ville». Ainsi, il s'avère que l'inexistence d'une véritable politique économique, qui offre à la wilaya une vocation spécifique et durable, conduit à un mouvement de population rapide, instaurant l'instabilité. Ce fait rend plus difficile l'élaboration d'un véritable plan d'aménagement aux fins de stabiliser le mouvement de population. Tout le monde s'accorde à dire, enfin, que de la stabilisation de ce déplacement insaisissable, naîtra une véritable politique d'habitat qui cernera avec précision les besoins de la population. Un fait cependant, constitue un début de solution, la décentralisation de l'opération de suivi de l'aide publique à l'habitat rural. La forte demande a été, grâce à cette initiative du wali, satisfaite à 96%.