Ce déplacement officiel de 48 heures relance une coopération qui aura été mise en veilleuse depuis les années 1980. C'est là, la première visite d'un chef d'Etat argentin, depuis 1984. Cette visite qui a une portée politique certaine, puisque donnant un nouvel élan à la coopération Sud-Sud, charrie surtout un énorme potentiel de coopération économique. En témoigne l'importante délégation d'hommes d'affaires argentins qui ont accompagné Mme Kirchner et qui sont appelés à rencontrer leurs homologues algériens pendant toute une semaine. En effet, près de 70 hommes d'affaires argentins représentant tous les secteurs économiques sont attendus pour une «semaine économique» qui se déroulera à Alger, où rencontres et discussions seront entamées entre acteurs économiques algériens et argentins. Le dossier le plus saillant qu'aborderont ces derniers est, sans nul doute, celui du nucléaire. L'ambassadrice d'Argentine à Alger, Bibiana Jones, a, d'ailleurs, rappelé à ce titre que Buenos Aires entend en particulier, poursuivre sa coopération avec l'Algérie dans le domaine du «nucléaire civil à usage pacifique», après avoir construit en 1984 à Draria, à l'ouest d'Alger, un centre de recherche nucléaire de 3 mégawatts, alors qu'un accord est toujours en phase de finalisation sur ce chapitre précis. Rappelons que la coopération, dans ce domaine, entre les deux pays remonte aux années 1980, avec la construction par l'entreprise argentine Invap du réacteur nucléaire de Draria et une usine pilote de développement d'éléments combustibles. Aussi, cette dynamisation des échanges entre l'Algérie et l'Argentine prévoit-elle la signature imminente d'un accord spécifique sur l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Les discussions entre hommes d‘affaires des deux pays porteront également sur des secteurs non moins importants, à l'instar de celui de l'agroalimentaire. Un secteur où le blé et la viande rouge se taillent la part du lion. De fait, l'Argentine, qui est un important producteur de blé, constitue-t-il un fournisseur stratégique de ce produit pour l'Algérie. Surtout qu'il y a une année, le monde est passé à côté d'une famine certaine, suite à une hausse vertigineuse des prix qui a sévi au niveau mondial. Il est donc évident que l'Algérie, qui tire un précieux enseignement de cet épisode, continue à faire le plein en approvisionnements et signer d'importants contrats sur une longue durée, auprès de ce partenaire étranger de choix qu'est l'Argentine; ce qui prémunira à coup sûr notre pays contre toute instabilité éventuelle du marché mondial du blé. L'autre produit relevant de l'agroalimentaire, qui sera assurément abordé par les patrons algériens et argentins, est celui de la viande rouge, que l'Argentine, au même titre que le Brésil, produit en grande quantité. Notre pays s'approvisionnera donc auprès de l'Argentine en viande rouge qui servira d'appoint à la production nationale et prémunira contre toute hausse inconsidérée des prix de la viande. Une denrée que l'Algérie consomme en grandes quantités, particulièrement pendant le mois sacré du Ramadhan. Enfin, au menu du séminaire algéro-argentin, figurent les médicaments, les véhicules, les machines agricoles, les plastiques, les équipements électriques, les textiles, les bois et les meubles. Enfin, c'est là l'occasion pour les deux parties de discuter des mesures à même d'augmenter les échanges commerciaux bilatéraux, avec pour souci de rééquilibrer la balance commerciale entre l'Algérie et l'Argentine. L'Algérie représente un partenaire commercial «très important» pour l'Argentine et occupe la 17e place comme destination de ses exportations au niveau mondial, a récemment indiqué l'ambassadrice de l'Argentine à Alger, alors que des statistiques argentines font ressortir que les exportations argentines ont atteint 764 millions de dollars en 2007, au moment où ses importations d'Algérie étaient de 95 millions de dollars.