Cette visite, tient-on à préciser, est la première du genre depuis 1962. Dans le cadre de la refondation totale des relations algéro-françaises en vue de conclure un pacte d'amitié dans le courant de l'année prochaine, la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie a entamé depuis hier une visite de plusieurs jours en Algérie. C'est ce que confirment des sources diplomatiques algériennes, sans toutefois donner plus de détails sur la durée de cette visite, historique à plus d'un titre. C'est en effet la première fois qu'un ministre français de la Défense se rend en Algérie, pour une visite qualifiée dans la capitale française d'«éminemment politique», partant du constat qu'elle s'inscrit dans le cadre du renforcement des relations entre les deux pays et du partenariat stratégique instaurés par les présidents Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika à la suite de l'historique visite d'Etat du chef de l'Etat français en 2002. La ministre française, arrivée à Alger à une heure tardive de l'après-midi, a été accueillie à son arrivée à l'aéroport international Houari Boumediène par Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Etaient également présents à son arrivée le général-major Gaïd Salah, commandant des forces terrestres, le général-major Mohammed Bouslimani, commandant des forces aériennes, le général-major El Aoudi Achour, commandant de la défense aérienne du territoire, et le général Yala Mohammed Tahar, commandant des forces navales. La ministre française a déclaré être venue pour «parler de partenariat en matière de défense». Elle a ajouté que sa visite vient à la suite de celle du président Jacques Chirac qui, a-t-elle souligné, «souhaite effectivement que les relations entre l'Algérie et la France puissent se développer de nouveau dans un climat de confiance et dans un climat d'amitié et qui nous permettent de construire (...) un développement des relations entre le nord et le sud de la Méditerranée». De son côté, Yazid Zerhouni a relevé que «la volonté» des présidents Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika «a permis de faire tomber énormément de tabous et a contribué à construire une confiance et à créer une nouvelle atmosphère pour imaginer entre nos deux pays de nouveaux desseins communs». «Nous pensons que ces desseins peuvent être construits et développés sur la base des intérêts mutuels et des avantages partagés.» Selon des sources diplomatiques, la ministre française aura de nombreux entretiens avec les responsables algériens, dont le président Bouteflika, ainsi que des personnalités représentant la société civile. «Ces entretiens, a précisé madame Alliot-Marie à partir de Paris, devraient porter sur la sécurité dans la région méditerranéenne et sur la lutte contre le terrorisme». La ministre française de la Défense donnera, au cours de son séjour à Alger, une conférence et rencontrera des membres de la société civile, notamment des femmes, précisent également des sources diplomatiques. A en croire des titres de la presse française, notamment Le Figaro et Libération, la durée de cette visite répond au besoin éprouvé par les deux pays d'aller plus loin dans le domaine de la coopération militaire. Alger, qui a démontré au monde entier la pertinence de ses visions et analyses concernant le terrorisme islamiste, a également prouvé qu'elle a acquis une expérience importante, forçant les Etats occidentaux à lui faire appel de manière régulière. Or, notre pays, qui continue de faire face à des poches de maquis, a exprimé le besoin d'acquérir certains types d'armement afin de mieux mener ce qui reste de guerre contre cette forme de criminalité. Il est à rappeler en outre, que la visite à Alger de Mme. Michèle Alliot-Marie a été précédée de celles du chef de la diplomatie française, M.Michel Barnier et du super-ministre des Finances, Nicholas Sarkozy. M.Barnier, dans un entretien accordé hier à RFI, a dressé un bilan positif de cette visite et de ses entretiens avec les responsables algériens. «Il s'agit de donner un contenu au nouvel élan de la coopération bilatérale» entre les deux pays, a ainsi indiqué le ministre français, qui ne laisse pas de préciser que le traité d'amitié en cours d'élaboration touchera tous les domaines de coopération. Interrogé sur la coopération antiterroriste entre Paris et Alger, il a indiqué que depuis les attentats de New York et Madrid, et comme avec d'autres pays, la coopération dans ce domaine a été renforcée. Cela avant de préciser que ce volet sera à l'ordre du jour de la visite de Mme Alliot-Marie.