Le nouveau secrétaire d'Etat saura transmettre les messages que diffusera son Premier ministre. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ne veut pas donner sa langue au chat. Il choisit ses hommes et pour la communication, il a opté pour Azzeddine Mihoubi qui vient d'être nommé secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Communication. Homme de lettres, bilingue et par-dessus tout poète, le nouveau secrétaire d'Etat aura la lourde tâche de transmettre les flux de messages dosés et souvent codés de son Premier ministre. M.Mihoubi aura du pain sur la planche en effet, dans un domaine qui a toujours été le talon d'Achille des responsables politiques et des gouvernements: la communication, ce vilain mot qui réduit a néant les réalisations, fussent-elles les plus monumentales, cet art du possible qui fait jaillir les roses du printemps au milieu des décombres d'une catastrophe naturelle. Et Dieu sait que l'Algérie a connu les unes comme les autres mais pas la vraie communication. La mission est d'autant plus difficile, car les projecteurs de l'actualité mondiale seront braqués sur l'Algérie, à l'occasion d'une échéance politique déterminante, à savoir la présidentielle d'avril prochain. D'aucuns s'interrogent non seulement sur les raisons du départ de Abderrachid Boukerzaza mais également sur la création du poste de secrétaire d'Etat à la communication en remplacement de celui de ministre de la Communication. Au moins une raison expliquerait ce choix: le Premier ministre a besoin en plus d'un communicateur, d'un personnage confident, voire complice pour répercuter fidèlement ses messages politiques. C'est justement à ce profil que répond Azzedine Mihoubi qui est en plus un cadre du RND. Il y a évidemment des confidences que ne pourra pas se permettre M.Ouyahia avec Boukerzaza qui fait partie d'un parti adverse. La couleur politique n'a pas fait briller M.Boukerzaza qui a eu le malheur, dans ce cas précis, d'appartenir au FLN. Et la prouesse du Premier ministre a été de convaincre le président de la République afin qu'il se dessaisisse de Boukerzaza. La communication officielle a connu des fortunes dans notre pays. Limitée à répercuter le discours des hommes du pouvoir, la communication a souvent bégayé et son bégaiement n'est pas resté sans écho. Il est reproduit sous forme de rumeurs, de manipulation et de subjectivité dans le traitement de l'information par les organes de presse. Quoi qu'il en soit, c'est l'une des rares fois où l'on a assisté à une passation de consignes entre un ministre sortant et un secrétaire d'Etat qui prend ses fonctions. M.Azzedine Mihoubi a été installé hier, dans ses nouvelles fonctions de secrétaire d'Etat chargé de la Communication auprès du Premier ministre. Dans une allocution devant les responsables du secteur, le ministre sortant, M.Boukerzaza, a rappelé les réalisations effectuées sous son égide dans le cadre du programme de développement du secteur de la communication qui vise «essentiellement la concrétisation et la promotion du droit à l'information». De son côté, M.Mihoubi a souligné la «lourde responsabilité» qui lui incombe, affirmant que «les compétences humaines et les moyens matériels offerts actuellement sont susceptibles de remporter la bataille de la communication». M.Mihoubi a appelé toutes les entreprises de la communication et de l'information à «adhérer à une vision et une stratégie unifiées pour garantir le développement de ce secteur vital et ériger un système médiatique fort en adéquation avec les mutations aux plans national et international». La tâche n'est pas aisée.