L'astuce est simple. Les directeurs d'établissement présentent des listes fictives. Ils avancent un nombre élevé d'écoliers bénéficiaires de repas de cantine, alors que le nombre d'élèves inscrits est de moitié. Les scandales se suivent et se ressemblent. Les détournements aussi. Les écoliers meurent de faim. Leurs directeurs d'école se sucrent sur leur dos. Sur les 20 milliards de dinars alloués aux cantines scolaires du primaire, 12,5 milliards de dinars ont été soit dilapidés, soit gaspillés. La révélation est faite par le ministre de l'Education nationale. On comprend mieux pourquoi, les écoliers n'arrivent pas à se concentrer sur les cours jugés surchargés d'une réforme. «Sur les 20 milliards de dinars réservés aux cantines, 12,5 milliards de dinars ont été soit dilapidés, soit gaspillés par les directeurs d'école qui les ont utilisés à d'autres fins», a affirmé Boubekeur Benbouzid, lors de la réunion organisée, hier, avec la Fédération des parents d'élèves. Il ne précise pas si la somme détournée concerne uniquement l'année scolaire précédente. Ce n'est pas la première fois qu'un détournement de fonds est signalé dans le secteur de l'éducation. En effet, en début de semaine, la direction de l'éducation de la wilaya de Sétif vient de poursuivre en justice deux directeurs d'écoles primaires chargés de la gestion des cantines scolaires au niveau de leurs établissements respectifs à Sétif et à El Eulma. Les mis en cause sont poursuivis pour détournement de deniers publics, utilisation de biens publics à des fins personnelles et au profit d'autrui et falsification de documents relatifs à la gestion des cantines. L'enquête diligentée par le département de Boubouzid a montré que les deux directeurs indélicats auraient détourné un montant de plus de 110 millions de centimes. L'astuce était simple: des listes fictives. Les mis en cause affirmaient qu'ils assuraient des repas à quelque 500 et 200 élèves alors qu'en réalité, ils n'assuraient l'alimentation que pour 230 élèves au niveau de la première école et 160 pour la seconde. Les exemples sont trop nombreux pour les citer tous. «Je sais qu'il y a des directeurs d'école qui ne veulent pas d'associations au sein de leurs établissements parce qu'elles peuvent voir comment sont nourris leurs enfants. Ils ne veulent pas que leur gestion financière soit contrôlée. Alors, pour éviter ce genre de détournement et connaître le fonctionnement des cantines, nous avons décidé d'associer les associations des parents d'élèves», a souligné Boubekeur Benbouzid qui a ajouté que son département installera une commission d'enquête à ce sujet. Sur sa lancée, le ministre a révélé que, dorénavant, tous les établissement scolaires auront leur association de parents d'élèves. Le décret exécutif sera adopté prochainement par le gouvernement, a-t-il précisé. L'objectif de ce décret est de régulariser les activités de cette dernière.«La participation des parents d'élèves fera l'objet d'un décret que le gouvernement adoptera prochainement», a déclaré M.Benbouzid à ce sujet. En effet, selon ce dernier, ce décret se veut être un moyen pour obliger les parents à participer davantage à l'éducation et à l'instruction de leurs enfants. A ce sujet, il souligne: «La participation des parents d'élèves et leurs associations dans les établissements scolaires est très importante, et malgré tous les efforts consentis de notre part et de la fédération, beaucoup de choses restent à parfaire (...) Pour ce faire, nous avons besoin de la collaboration des parents d'élèves.» En outre, cette mesure obligera les directeurs à ouvrir les portes de leurs établissements. Ce qui permettra aux parents d'élèves d'avoir connaissance des conditions dans lesquelles est dispensé l'enseignement. C'est également une manière d'éviter les débordements qu'a précédemment connus le secteur. Abordant la surcharge des emplois du temps, décriée par certains inspecteurs, le ministre a souligné que les emplois du temps ont été allégés cette année et que les inspecteurs en question ne faisaient que susciter l'agitation dans le milieu scolaire. «Il y a des bruits qui courent, venant de certains inspecteurs sur la surcharge des programmes et emplois du temps (...) ces inspecteurs agitent le corps des professeurs. Mais cette fois-ci, ça ne marchera pas (...), Puisque ces inspecteurs ne veulent pas travailler le jeudi, alors nous allons leur programmer un jeudi par mois», a affirmé le ministre. Dans ce même contexte, le ministre a indiqué que quelque 1950 nouveaux inspecteurs seront recrutés au cours de l'année. Ces derniers viendront s'ajouter aux 2500 déjà présents dans le secteur.