Le chef du MSP a brandi des documents prouvant ses dires. Le président du MSP, Mahfoud Nahnah, a animé hier une conférence de presse au siège central de son parti. Il a commencé par faire un bilan de la campagne électorale qui l'a mené, ainsi que d'autres membres de la direction de son parti, aux quatre coins du pays. «Nous avons pu constater un engouement populaire sans précédent pour le vote d'une part, et pour les candidats du MSP d'autre part.» Il est clair, aux yeux de Nahanh, que si aucune interférence majeure ne vient contrecarrer le bon déroulement de ce scrutin, «nous assisterons à un taux de participation appréciable avec une percée en puissance de notre mouvement». Le conférencier en voudra même pour preuve des sondages réalisés par des cadres de sa formation politique. Des sondages sur lesquels toutefois il restera assez discret. Nahnah enchaînera pour dire que même les partisans du boycott et du rejet doivent cultiver la démocratie qui est celle du respect du choix souverain du peuple algérien. Or, c'est loin d'être le cas puisque, dira-t-il, «des cadres de l'administration continuent à travailler en faveur de la fraude et ce, en dépit des instructions très strictes données par le Président de la République et des lois très strictes pondues en ce sens». Cela, avant d'arriver à l'essentiel. Des preuves diverses et nombreuses ont ainsi été brandies par le président du Mouvement de la société pour la paix qui tendent à mettre en exergue une volonté manifeste de frauder de la part de certains cercles décisionnels. Nahnah montrera en vrac des bulletins de vote en circulation libre, «comme les sujets du bac», dira-t-il ironiquement, mais aussi des documents tout ce qu'il y a de plus officiels, portant la griffe de certains walis, dans lesquels apparaît en clair le signe de reconnaissance d'un des partis en lice pour le secrétaire général dont Nahnah dira «avoir la plus grande estime et le plus grand respect pour son passé historique». Dans le même temps, Nahnah évoquera la liste des responsables de certains bureaux de vote sis à Annaba pour dire que «la plupart d'entre eux, preuves à l'appui, sont soit membres de deux formations politiques bien connues, soit proches des militants de ces deux partis ce qui contredit l'esprit et la lettre de la loi électorale». Pour finir, Nahnah citera nommément des wilayas qui seraient directement impliquées dans ce début de confiscation du scrutin populaire. «De hauts responsables au niveau d'Alger, de Sétif, de M'sila, d'Oran, de Relizane et de Ouargla oeuvrent à empêcher l'expression libre des citoyens algériens. Ces gens, dont nous nous réservons le droit de rendre publics ultérieurement les noms et les biens, oeuvrent à faire perdurer la crise algérienne». Pressé de s'expliquer sur les motivations qui ont poussé son parti à accepter de participer au scrutin en dépit de toutes ces preuves, Nahnah dira: «Des réponses probantes ont été obtenues de la part du Président de la République.» Il ira même plus loin en évoquant le problème de «dualité au sein du pouvoir en Algérie», ajoutant que «des cercles au sein du pouvoir mettent tout en oeuvre pour faire échec au plan de sortie de crise du Président Bouteflika. Nous souhaitons, quoique nous soyons convaincus du contraire, que ces responsables aient le courage de dire ouvertement qu'ils sont contre le Président et contre le peuple». C'est, du reste, cette dualité, remarquée par de plus en plus de partis politiques, qui fait que le MSP adopte une position «qui paraît contradictoire aux yeux des observateurs, des journalistes et des citoyens». En clair, Nahnah garde confiance en les engagements et la sincérité du Président de la République et demeure même convaincu que «ces législatives peuvent constituer une avancée de plus vers la démocratie, la légitimation du pouvoir et la fin de la phase de transition qui n'a que trop duré». Il n'en ajoute pas moins que son parti, «immédiatement après la proclamation des résultats, nationaux et partiels, se réserve le droit de les refuser ou de les accepter en partie ou en totalité». Comme forme de protestation imminente, le MSP ne se propose rien moins, si la fraude venait à avoir lieu, que de «revenir aux mosquées et à l'utilisation de l'Islam dans ses prêches, pour ne pas dire discours, politiques». Cette sorte de «désobéissance civile», tiendra quand même à préciser le conférencier, n'usera jamais de la violence. Tout en refusant que le linge sale algérien soit lavé devant les étrangers, Nahnah lancera un second appel à Bush l'exhortant à «mettre en place un front antifraude comme celui qui a été mis par la première puissance mondiale contre la fraude électorale». Pour finir, le président du MSP a promis une série de conférences de presse dans les jours à venir afin de tenir les médias au courant de toutes les évolutions et éventuelles preuves relatives à ces législatives dont le fin mot sera connu vendredi prochain.