Même si le Mouvement a décidé de verrouiller le jeu, Bouguerra Soltani a clairement affiché hier ses prétentions. Le président par intérim du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Mohamed Megharia, a déclaré hier que le parti ne sera «ni l'ombre d'une quelconque personne ni la queue d'une autre» à l'occasion d'un discours prononcé à l'ouverture des travaux du 3e congrès ordinaire du parti, hier aux Pins-Maritimes, à Alger. M.Megharia a loué les mérites de la politique de l'entrisme, adoptée par le parti depuis sa création. En présence de plus de 1000 délégués et de nombreux invités représentant la classe politique, la société civile et le corps diplomatique accrédité à Alger, le Dr.Megharia a critiqué la politique du tout-sécuritaire ainsi que la gestion de la rente qui a accompagné la décennie de crise vécue par l'Algérie. Durant toute la cérémonie inaugurale où planait l'ombre du regretté Mahfoud Nahnah, l'orateur a qualifié le MSP d'«école du nationalisme» rappelant que le défunt «Mahfoud Nahnah a mis en garde contre les prémices de la deuxième crise politique que vit le pays», après celle de 1992. Abordant les émeutes successives qui ont concerné plusieurs régions du pays, dont la crise de Kabylie, M.Megharia considère qu'en dépit de toutes les interprétations données à ces événements, «il est temps de mettre les points sur les i et d'engager un dialogue direct et sans arrière-pensées pour régler tous les problèmes et mettre un terme aux foyers de tension avant les prochains rendez-vous pour préserver l'unité nationale et son intégrité». Le pouvoir doit accepter un «changement rapide parce que ce qui se passe dans plusieurs régions n'est pas nécessairement pour revendiquer tamazight ou l'identité ni même pour des raisons sociales», estime le président par intérim du MSP. Pour lui, ces événements ont trait à «la nature du système et du pouvoir, à sa façon de gérer, à l'alternance, etc.» Dans son long discours, M.Megharia rendra hommage à l'institution militaire qui a été «un rempart contre l'effondrement de l'Etat» ainsi qu'à tous les corps de sécurité. Au sujet de la coalition gouvernementale, l'orateur rappellera que le parti a soutenu le Président actuel dans le volet de son programme concernant la concorde civile et la réconciliation nationale et que le Mouvement «continuera à soutenir cet effort». M.Megharia s'est attaqué aux informations distillées par la presse au sujet de «prétendus conflits ou luttes au sein du parti» qu'il a qualifiées de «dénuées de tout fondement». Le MSP «est au meilleur de son unité et de son homogénéité et est maître de ses forces». Et d'ajouter que le parti est «un élément indispensable dans toutes les équations algériennes». Le président de la commission de préparation de ces assises, le Dr Abdelkader Semmari, a déclaré lors d'un point de presse animé en marge des assises que ce 3e congrès est ordinaire en vertu des statuts du MSP qui stipulent des assises une fois tous les cinq ans, mais qu'il était également extraordinaire en raison de la vacance du poste de président du parti après le décès de Mahfoud Nahnah. Les travaux de ce troisième congrès devraient débuter dans la soirée par la lecture et l'adoption du projet de bilan moral et financier. Pour la matinée d'aujourd'hui, il est prévu, selon le projet d'ordre du jour, l'examen du projet de statut du mouvement, qui sera suivi de celui relatif à la politique générale et à la politique de l'éducation. Dans la soirée d'aujourd'hui, les congressistes doivent élire les membres du madjless echoura. Lequel madjless une fois élu se réunira pour mettre sur pied une commission de candidature à la présidence du Mouvement ainsi que pour ses vice-président et les membres du bureau exécutif du MSP. Interrogé sur le mode d'élection du président du MSP, M.Abdelkader Semmari a répondu que selon le projet de statut du parti, ce sera au madjless echouri de l'élire. Un point de vue que ne partage pas M. Bouguerra Soltani, ex-ministre MSP et candidat potentiel à la succession de Mahfoud Nahnah. Pour M.Soltani, que nous avons rencontré quelques minutes avant la conférence de presse, «les congressistes sont souverains. C'est à eux de proposer celui qu'ils jugent apte à présider aux destinées de leur parti». Interrogé sur sa candidature, il dira que «des militants ont émis le voeu de me voir candidat» ajoutant que «si la responsabilité vient à moi, je ne vais pas fuir et si elle s'en va, je ne vais pas lui courir après». Quant à M.Abderrazak Mokri, chef du groupe parlementaire du MSP, «l'heure est à l'unification des rangs et à la réussite du congrès». Il s'est, par ailleurs, opposé à l'existence d'«un candidat du consensus au sein du MSP». «Le congressiste est souverain et toutes les instances du parti qui ont plébiscité x ou y sont dissoutes depuis la proclamation de l'ouverture des travaux du congrès par le président par intérim du MSP», a encore indiqué M.Mokri. Signalons enfin la présence à l'ouverture du 3e congrès du MSP de MM.Ali Benflis, secrétaire général du FLN, Karim Younès, président de l'APN, Mouloud Hamrouche et Ahmed Benbitour, anciens chefs du gouvernement, de Mme Louisa Hanoune, porte-parole du PT, de M.Sidi Saïd, secrétaire général de l'Ugta, de M.Abdelkader Malki repérésentant de M.Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, du général à la retraite Mohamed Ataïlia, du président par intérim d'Ennahda. L'absence de Abdallah Djaballah, président du Mouvement Islah, et de Ahmed Taleb Ibrahimi a été remarquée.