Si ces remaniements obéissent à un changement de stratégie de communication, il est donc légitime d'injecter du sang neuf et de propulser une nouvelle génération dans la presse écrite publique. C'est le directeur de cabinet à la Présidence de la République, Mohamed Guendil, qui a été chargé de prononcer la sentence: «Le président de la République a décidé de mettre fin à votre fonction en tant que directeur général de la Télévision et vous serez appelé à exercer d'autres fonctions.» C'est en ces termes que Hamraoui Habib Chawki, reçu à la présidence de la République, a appris sa fin de fonction. Ainsi s'est terminé le passage à la tête de la Télévision nationale de l'un des journalistes les plus accomplis dans le monde de l'audiovisuel national depuis 40 ans. «C'est avec un pincement au coeur que je quitte la Télévision nationale», a commenté, résigné, le désormais ex-directeur de la Télévision tout en assurant qu'il restera toujours «au service de l'Algérie et du président de la République». Son remplaçant, Abdelkader Eulmi, installé hier, a souligné son engagement à poursuivre le parachèvement des projets et programmes qui ont déjà été initiés afin, a-t-il affirmé, de permettre à la Télévision nationale de «se hisser à la place qui lui sied à l'avenir». Si par la force des choses, HHC est devenu le paillasson de la communication institutionnelle, par la nature des choses, il est tout simplement un gourou de la communication. En fait, son départ à la tête de la Télévision est loin d'être une surprise puisqu'il a essayé de rendre le tablier à deux reprises. Et puis, son ambition a toujours été de faire une carrière diplomatique. Il se verrait bien ambassadeur au Liban ou au Caire par exemple. En revanche, la surprise c'est cette cascade de changements à la tête de l'audiovisuel, entamée depuis quelques jours. Si bien que Tewfik Khelladi a été installé lundi dernier, en tant que directeur général de l'Entreprise nationale de radiodiffusion sonore (Enrs) en remplacement de Azzedine Mihoubi, lui-même nommé secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication. En quelques jours, l'audiovisuel algérien a fait sa mue. Reste à savoir, maintenant, si ces responsables fraîchement nommés, vont apporter du sang neuf. Pour ne prendre que l'exemple de la Télévision nationale, il faut dire que le défi est immense. En 2008, les Algériens ont appris à zapper et la télévision de papa est morte. La catastrophe de la grille des programmes durant le Ramadhan de 2008, renseigne sur la déliquescence de ce média lourd. L'autre question qui se pose: ces changements vont-ils toucher la presse écrite du secteur public? Verra-t-on alors El Moudjahid, Horizons, Echaâb, Enassr et l'APS changer de tête? Si les remaniements opérés dans l'audiovisuel obéissent à un changement de stratégie de communication des pouvoirs publics, il est donc légitime d'injecter du sang neuf et de propulser une nouvelle génération dans la presse écrite publique. Dans cet élan de «renouveau et de changement tous azimuts», il est tout à fait clair que la presse privée attend elle aussi ce qui sortira des entrailles des pouvoirs publics. Avec une dizaine de titres arabophones et francophones viables sur la scène médiatique, cette presse privée aura au moins le mérite de servir d'alibi à un pays ouvert et garant d'une relative liberté d'expression, car c'est cette presse qui fait le contrepoids au niveau maghrébin et au monde arabe. Car l'Algérie demeure l'un des rares pays au niveau régional à stagner confortablement dans la médiocrité d'une chaîne de télévision unique. En 2008, la diversification des médias et l'amélioration des technologies de l'information, ont élargi l'éventail des idées auquelles les gens sont exposés. Le monde entier a vu, en direct, comment l'Internet et l'explosion des «nouveaux moyens de communication», qui l'accompagne ont fortement bouleversé la politique des Etats-Unis. Le président Barack Obama a créé une révolution médiatique en s'appuyant fortement sur les nouvelles technologies pour mobiliser des électeurs. Ces nouvelles techniques de communication permettent à tout le monde, que ce soit dans des quartiers ou les petits villages, d'afficher des informations sur l'Internet, des informations que les médias traditionnels, la presse écrite, la télévision ou la radio ont ignorées. Ce traitement local des informations permet aussi à la collectivité de se mobiliser en faveur de diverses causes et jette les fondements de sa participation à la politique. Du coup, l'ouverture de l'audiovisuel paraît dépassée.