«L'homme le plus inquiet d'une prison est le directeur» George Bernard Shaw, Extrait de Maximes pour révolutionnaires Jamais la semaine n'a été aussi longue pour le monde de la communication et de l'audiovisuel. Les rumeurs les plus folles ont circulé dans les rues et les couloirs des bâtiments de la Fonction publique. Mais celle qui a suscité la plus grande attention et le plus de commérages est, sans nul doute, la démission du directeur général de l'Entv, Hamraoui Habib Chawki. Même les ministres du gouvernement n'ont pas bénéficié d'une telle médiatisation et d'interrogations au sein même du sérail. L'ex-directeur général de l'Entv, qui est resté plus d'une décennie à la tête de l'Unique, était devenu plus qu'un responsable d'une télévision publique, mais une marque déposée que les journalistes appellent HHC. Il donnait l'apparence d'«un seigneur» qui survole les océans et les nuages de l'audiovisuel et la communication. Avec ses idées, ses innovations et sa vision, il avait recréé chez certains artistes, comédiens, journalistes et même responsables de boîtes de communication le droit d'exister et de rêver. Il a rendu célèbres des anonymes, redonné vie à des artistes oubliés, récompensé des valeurs sûres de l'audiovisuel, donné l'occasion à la jeunesse d'exister dans les couloirs du 21 boulevard des Martyrs, redonné à l'Algérie cette image de pays du cinéma et de la musique. HHC était devenu une marque déposée, aux méthodes souvent contestées et dénoncées, mais aux résultats sûrs et efficaces. HHC avait redonné aux téléspectateurs l'envie de regarder à 100% sa télévision «Unique» durant le Ramadhan. L'Unique, qui est passée d'un feuilleton produit par an à 4 feuilletons produits et diffusés par mois et plus de 15 feuilletons et séries produits par an. Il a, certes, créé des monstres comme «Hadj Lakhdar» qui vient d'acheter des caméras HD pour entamer le tournage des nouveaux épisodes de sa série, dont le contrat n'a pas encore été signé, mais surtout fait exploser des génies en leur donnant l'occasion d'exploser au petit écran, comme Djaâfar Gassem et ses séries à succès, Nass Mlah City et la Famille Djemaï, ou encore des comédiens et des réalisateurs qui se sont affirmés comme la nouvelle vague du cinéma et de la Télévision algérienne. La nouvelle est telle que le départ de HHC de la télévision pour aller ailleurs que dans l'univers de l'art et la culture, a suscité et continuera de susciter une grande interrogation au sein de certains artistes, réalisateurs, journalistes ou responsables de boîtes privées, qui ont appris à vivre dans l'univers féerique créé par HHC. Le Festival de Taghit est-il maintenu? Le Festival du film arabe d'Oran se poursuivra-t-il le mois de juillet prochain comme prévu, sachant que HHC avait déjà averti en déclarant, lors de la clôture du Festival, qu'il ne sera plus président du Festival. Les «Fennecs» qui avaient donné l'envie aux comédiens de faire de la dramatique, aux techniciens de faire du cinéma, régler la lumière et instaurer une concurrence loyale entre les réalisateurs dans ce petit «fennecwood» de l'audiovisuel algérien, seront-ils maintenus pour le mois de février 2009? Sa dernière trouvaille, c'est les «Ecrans d'or» qui sonnait déjà comme un testament. Autant de questions et d'interrogations légitimes de personnes qui ne faisaient pas systématiquement partie du clan de HHC, mais qui partageaient énormément la vision et la grandeur de ce personnage hors du commun. Même si le nouveau directeur de l'Entv, Abdelkader Eulmi, possède le background et le savoir-faire d'un dirigeant exemplaire, il aura du mal à faire oublier une marque bien déposée...HHC.