Ce documentaire s'appuie sur le récit de l'aventure du tournage de Cousines, en 2003. L'Association «A nous les écrans» nous a invités à la projection, jeudi dernier, dans le cadre de son ciné-club, du documentaire Chouia Cinéma de Fodil Chabbi et Julien Dubois, à la salle ABC Takafa. Chouia cinéma qui veut dire en arabe un peu de cinéma, est comme son nom l'indique, un documentaire qui essaie de faire un peu de lumière sur les problèmes que rencontre le cinéma en Algérie et ses tentatives de décollage ces dernières années. Toutefois, sans prétention de porter tous les ennuis que connaît ce secteur en léthargie en Algérie. Le mot «mort», en effet, revient comme un leitmotiv dans le propos des intervenants dans ce film. Un mot «choc» en fait, mais tellement banalisé dans ce film, comme l'a déjà été avant lui l'Algérie durant des décennies. Ce documentaire de 59mn s'appuie sur le récit de l'aventure du tournage de Cousines, en 2003, le second court métrage de Lyès Salem, dans les rues et les quartiers d'Alger. Chouia Cinéma part à la rencontre de ce profond désir de cinéma dans un pays qui, pendant longtemps, a été privé d'image, de lui-même. Boualem Zinani, producteur et distributeur de Sora Production, Yahia Mouzahem réalisateur de plusieurs courts métrages et Lyès Salem nous font pénétrer le monde, ô combien semé d'embûches! du 7e art en Algérie. Du court métrage de Lyès Salem, Cousines (César du meilleur court métrage en 2004), nous retrouvons deux comédiennes dont la sémillante Bouchra dans ses débuts d'actrice. Les deux tiennent un discours naïf et pourtant réaliste de la situation du comédien dans notre pays où l'art est tout bonnement brimé et réprimandé dans certaines familles, mal vu dans notre société, a fortiori envers les femmes. Bouchra pourtant rêve de faire du cinéma et du «mannequinât». Si l'une finit par porter le hidjab, des années plus tard, Bouchra tatillonne et continue opiniâtre et persévérante, bon gré mal gré, son bonhomme de chemin, entre les différents petits plateaux télé (feuilletons, émissions et pub), en attendant qu'on refasse appel à elle pour le grand écran. Dans le making of de Cousines, Lyès Salem parle carrément de la méconnaissance du système du casting en Algérie. De son côté, Yahia Mouzahem évoque son cursus. Il a dû exercer comme ingénieur pour gagner sa vie, faute d'une école de cinéma. Inexistante chez nous. Avec plusieurs courts métrages au compteur, il continue, lui aussi, de collectionner les spots publicitaires, un travail «alimentaire» qui nourrit son homme. Il parle aussi de l'importance de la culture pour la survie d'un pays, et de l'évolution de sa mentalité. Résultat, une phrase ô combien rabâchée! mais qui résume tout: «Il nous faut une réelle politique et une prise en charge de ce secteur par l'Etat.» Si d'aucuns ont réussi à faire des films de l'autre côté de la Méditerranée, qu'en est-il de ceux qui sont restés en Algérie et continuent à batailler contre vents et marées? Lyès Salem vit en France mais tourne en Algérie, son talent a fait de lui une valeur sûre dans la nébuleuse cinématographique algérienne. Son premier long métrage, une satire sociale de l'Algérie endormie, a fait mouche et n'arrête pas de glaner des récompenses, et c'est tant mieux pour lui. Tant mieux pour nous. Pour rappel, Mascarades, ledit film, a reçu le Prix du public au Festival de Besançon, le Grand Prix au Festival des Cinémas d'Afrique et lors de la compétition officielle au Festival des Premier et Deuxième film de l'ïle de la Réunion, le Prix d'interprétation masculine pour lui-même puisqu'il joue aussi dans son film. Le film a été récompensé d'un Valois du meilleur film au Festival d'Angoulême, par le Prix du jury junior et par le Prix du public au Festival francophone de Namur en Belgique. Enfin, en compétition officielle aux Journées cinématographiques de Carthage, à Tunis, le film a raflé trois Tanits: celui du meilleur premier film, du jury jeune et du meilleur espoir féminin pour Rym Takoucht. Mascarades représentera aussi l'Algérie pour la sélection des Oscars 2009 du meilleur film étranger. Il est aussi programmé ces jours-ci au Festival du film du Caire. Souhaitons-lui encore plus de succès. A lui et à tous nos cinéastes en herbe.