L'association À nous les écrans, en partenariat avec l'OPCA d'Alger-Centre, a proposé jeudi dernier au public “absent” à la salle Ettaqafa (ex-cinéma ABC) la projection du court-métrage Jean Farès de Lyes Salem, suivi du documentaire Chouia Cinéma (un peu de cinéma), réalisé en 2004 par Fodil Chabbi et Julien Dubois. Drôle, touchant, léger au premier abord mais profond dans son propos, Jean Farès est un court métrage qui traite d'intégration. Interprété et réalisé par le talentueux Lyes Salem, qui cartonne actuellement avec son premier long métrage Mascarades, Jean Fares confronte, en une dizaine de minutes, deux cultures qui se rejettent, à travers l'histoire d'un Arabe ou beur, marié à une Française, qui vient de devenir papa. Il appelle ses parents et ses beaux-parents pour leur annoncer la bonne nouvelle… et le conflit éclate. Place ensuite à la projection du documentaire Chouia Cinéma qui s'est appuyé sur l'expérience du tournage du court-métrage fiction intitulé Cousines, de Lyes Salem, tourné en 2003 à Alger. La caméra de Fodil Chabbi et Julien Dubois a voyagé du casting de Cousines aux lieux de tournage, en passant par les petits soucis liés au manque de professionnalisme, que certains nomment “flexibilité”. Chouia Cinéma s'est également intéressé à des jeunes qui croient “encore” en un cinéma algérien, notamment les producteurs Zoheïr Oumerzouk et Boualem Ziani, la comédienne Bouchra Okbi qui interprète un rôle dans Cousines, ou encore les réalisateurs Omar Chouchane et Mouzahem Yahia qui, malgré les embûches et les difficultés, travaillent et s'activent le plus souvent dans l'ombre, afin de poser un regard sur une société privée d'images d'elle-même, depuis beaucoup trop longtemps. Les jeunes cinéastes algériens ont trouvé l'astuce de se lancer dans le court : un créneau peu coûteux et rentable. Bien que Chouia Cinéma montre une Algérie du cinéma qui renaît de ses cendres, et qui avance doucement, avec difficulté et sans aucune garantie, la faiblesse de ce documentaire réside dans le fait qu'il regarde l'Algérie dans une seule direction, faisant ainsi ressortir le côté “résigné” et “désenchanté” des Algériens ; et négligeant par la même les motivations et les choix de Lyes Salem dans Cousines. S. K.