Une semaine difficile attend le baril de pétrole. Une seconde baisse de la production de pétrole des pays membres du cartel est inéluctable pour enrayer la chute des prix de l'or noir. La première a déjà coûté une perte estimée à 2 milliards de dollars à l'économie nationale. Une semaine difficile attend le baril de pétrole qui est malmené sur les marchés pétroliers internationaux avant la réunion prévue au Caire le 29 novembre prochain. De la capitale égyptienne, il n'en sortira aucune décision spectaculaire puisque, selon le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, elle ne revêtira qu'un caractère consultatif. D'ici là, le baril de pétrole qui a déjà l'âme en peine, aura tout le loisir de continuer son inexorable glissade entamée maintenant depuis plusieurs mois. Grandeur et décadence. Depuis un certain jour de juillet, le 11, où il avait atteint son record historique à plus de 147 dollars, il n'a cessé de plonger jusqu'à perdre pratiquement les 2/3 de sa valeur. Les prix du pétrole se sont quelque peu ressaisis vendredi, après avoir frisé la barre symbolique des 50 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «Light Sweet Crude» a terminé la séance à 49,93 dollars alors que le Brent de la mer du Nord a clôturé à 49,19 dollars. Selon les analystes de Barclays Capital, le bout du tunnel est loin d'être atteint par les prix du baril de pétrole. «Le fonds de la baisse sera probablement défini par un déséquilibre. Il faut que cela soit un prix si bas qu'il apparaisse ridicule à la majorité du marché, sans tenir compte de savoir à quel point les perspectives pour le monde sont sombres et moroses.» L'économie mondiale étant désormais entrée en récession puisque les grands pays industrialisés le reconnaissent, à commencer par les Etats-Unis et le Japon. Reste la crise financière qui a déjà fait ses ravages. Quelles perspectives pour l'Algérie dans des conditions économiques internationales qui n'augurent pas d'un avenir serein pour l'ensemble des pays de la planète? Le verdict est tombé pour l'économie nationale au mois de septembre 2008. Le Fonds monétaire international avait rendu public son diagnostic: l'équilibre financier de l'Algérie peut être maintenu avec un baril à 56 dollars. Celle ligne rouge qui vient d'être largement franchie doit-elle nous laisser croire que l'on a désormais un pied dans la crise? Si l'on doit se fier au cours des prix de l'or noir actuels, cela nous ferait revenir à la moitié de l'année 2005. Comparativement et même si le manque à gagner est énorme, l'on est loin d'une récession du même type que celle qui frappe actuellement les pays développés. Avec un baril de pétrole à 50 dollars en 2005, l'Algérie ne se portait tout de même pas trop mal. La dégringolade des prix du pétrole fait cependant légitimement peur à des économies comme celle de l'Algérie qui est tributaire à quelque 98% de ses exportations en hydrocarbures. Le choc d'un baril trop bas aurait de redoutables conséquences sur les importations algériennes. Assurer dans un tel cas de scénario et un projet de développement économique tous azimuts et la sécurité alimentaire de 35 millions d'Algériens, relèverait du miracle. La baisse d'un million et demi de barils par jour, décidée le 24 octobre à Vienne, a été vaine pour tenter de stopper la glissade des prix de l'or noir. L'Opep semble désarmée. «De nouvelles baisses de la production par l'Opep couplées à un manque de coordination du cartel, devraient aider à établir un plancher vers 45 dollars», laisse entendre l'analyste John Kilduff. «Les prix pourraient tourner autour de 50 dollars si la Bourse ne s'effondre pas», renchérit Ellis Eckland, un analyste indépendant. Le marché boursier saoudien, premier du monde arabe, a chuté hier de plus de 9%. Et quand on connaît le rôle déterminant qu'occupe l'Arabie Saoudite au sein de l'Opep, on peut déjà s'imaginer que l'on n'est pas loin du pire des scénarii pour le prix du baril de pétrole. Un prix de l'or noir compris entre 70 et 90 dollars, qui satisferait Chakib Khelil, est une option qui s'éloigne jour après jour.