A l'instar de certaines villes du pays, Bordj Ménaïel connaît de difficiles problèmes de logement. Le site BCR, à Bordj Menaïel (wilaya de Boumerdès) a accueilli des chalets qui abritent des personnes victimes du séisme du 21 mai 2003 et d'autres dans l'attente d'un logement social. Ces chalets au nombre de quarante-huit menacent aujourd'hui de s'écrouler, car disposés sur un terrain fortement glissant. Ce danger imminent a particulièrement été ressenti par les familles qui logent dans ces chalets à la faveur des fortes chutes de pluie de la semaine dernière. La Protection civile a dû intervenir en cette soirée hivernale du 15 novembre afin de secourir et protéger les habitants, notamment suite à une grande panique occasionnée par un impressionnant court-circuit électrique. Les infiltrations d'eau ont induit ce dysfonctionnement du circuit électrique. Par ailleurs, femmes, hommes et enfants ont dû passer la nuit à la belle étoile, en raison de l'effondrement soudain de l'assise fragile sur laquelle sont «bâtis» leurs bungalows. L'Expression a pu constater, sur place, le péril réel qui menace le quotidien de nombreuses familles de ce site. En effet, plusieurs de ces constructions préfabriquées ont vu leurs plates-formes sérieusement ébranlées suite à l'élargissement d'une faille qui traverse, de part en part, le terrain d'assiette sur lequel sont construits les chalets. Nombre de ces bungalows se sont inclinés et déjà commencent à «quitter» le sol. A l'intérieur de ces habitations, l'ordre de disposition des meubles et de fermeture des portes est fortement perturbé. Tandis que les personnes ont tout le mal du monde à se déplacer dans leur espace intérieur en raison de la forte déclinaison du plancher. Pire, les chalets qui sont agencés en terrasses qui se superposent peuvent vaciller à tout moment et éventuellement s'écrouler, entraînant avec eux d'autres chalets, au cas où un autre glissement de terrain surviendrait. L'inquiétude des citoyens s'exacerbe à l'orée de l'hiver. Les nombreux résidents de ces chalets signalent les risques d'effondrement de murs de clôture, déjà fortement éprouvés par les dernières précipitations. Craignant pour leur sécurité et pour celle de leurs enfants, ils ont déjà adressé des correspondances aux autorités locales et de wilaya afin d'arrêter des solutions qui mettraient un terme à leur malaise. Ici les avis divergent entre l'idée de la construction d'un voile et autre mur de soutènement pour réduire les effets du glissement de terrain, et celle que d'autres préconisent, à savoir un relogement, ailleurs, en bonne et due forme. L'on lorgne d'ailleurs vers la cité flambant neuf des 150 logements, érigée à quelques encablures du site BCR. Préférant cette dernière alternative à la première, un résidant que nous avons approché nous a expliqué: «La construction d'un voile coûterait plus d'un milliard, une manne qu'il vaudrait mieux investir dans un projet plus durable et censé qu'est le logement en dur!» et d'ajouter: «Opter pour le rafistolage serait pur gaspillage!» Les habitants des chalets, qui se sont constitués en comité, ont proposé à l'équipe technique accompagnant le président de l'APC de Bordj Menaïel, venu en inspection, d'évacuer purement et simplement les familles. Cet appel a encore été réitéré aux autorités de la ville, notamment le maire, le lendemain même du glissement de terrain, le 16 novembre 2008. Le maire de Bordj Menaïel a, de fait, indiqué à ses interlocuteurs que ses prérogatives étaient limitées, selon le comité du site BCR, qu'il fallait s'adresser aux services de la wilaya. Ces derniers ont d'ailleurs, par la suite, fait savoir, par voie de télégramme, que les doléances des habitants des chalets ont été prises en considération par le wali de Boumerdès et ont fait l'objet de plusieurs réunions au niveau de son secrétariat dans la perspective de trouver une solution urgente à la situation dans laquelle se trouve le site en question Le comité qui représente les chalets - dont les numéros vont du 43 au 150 - a finalement été instruit que la responsabilité incombe désormais à la DUC (Direction de l'urbanisme et de la construction) de Boumerdès qui doit prendre en charge le sort des chalets du site BCR. C'est ce que nous avons appris de source proche de l'APC de Bordj Menaïel qui évoque une correspondance portant le n°35 105. La DUC a eu à inspecter de près ces chalets en vue de mieux appréhender le péril qui les guette, rappelle-t-on. Cette inspection a été diligentée à la suite de la plainte d'un citoyen, propriétaire du chalet n°50, qui a bénéficié d'un PV de constat. Un PV où il a été relevé un éboulement de terrain au niveau de la façade. La ville de Bordj Menaïel a été fortement éprouvée par l'onde destructrice du séisme du 21 mai 2003, dont elle garde encore les stigmates. Le boulevard Amirouche, soit la grande avenue du centre-ville, en témoigne. Ce coeur battant du négoce, à mi-chemin entre le port de Dellys et Alger, éprouve encore le plus grand mal à aménager son réseau routier urbain. Alors que les coupures d'eau et autres désagréments se succèdent à un rythme qui exacerbe la patience des citoyens. En somme, et à l'instar de nombreuses villes du pays, Bordj Menaïel et ses proches localités, font face à une situation difficilement gérable en matière de logement. Parfois cet état de fait donne lieu à des affrontements entre la population et les forces de l'ordre dès qu'une distribution de logements est annoncée. Cela a été constaté pas plus tard que mardi dernier à Legata. Cela au moment où, au chef-lieu de la commune, d'autres représentants de populations habitant des chalets -à l'exemple du site Ghalem-Saïd- tentent de se rapprocher des responsables afin de faire valoir leurs droits. A Bordj Menaïel, le délicat dossier du logement reste ouvert et en stand-by.