Plus de 95% des écoles primaires et des collèges publics sont laïques au pays du Soleil Levant. «Tous les Japonais savent lire et écrire», précise Masatoshi Kisaichi, professeur à l'université Sophia de Tokyo. Le taux d'analphabétisme est donc de zéro pour cent, explique notre interlocuteur qui, en dépit de son érudition, n'arrive pas à expliquer cet exploit autrement que par le fait que ceci pourrait en effet constituer un miracle. Au siège du ministère de l'Education du Japon, un musée permet de parcourir les différentes étapes de l'évolution de l'école dans ce pays. En traversant les différents stands de ce musée, on se rend compte de l'importance accordée à ce secteur par l'Etat. Depuis 1872, les dirigeants du Japon ont pris conscience de l'importance de l'école. Plusieurs universitaires interrogés à Kobe, à Nara ou à Kyoto, pensent que le développement du Japon aujourd'hui a une grande relation avec la nature du système éducatif. Mais cette remarque ne fait pas l'unanimité. Certains analystes l'imputent à la religion bouddhiste mais, comme l'affirme un professeur d'économie à Tokyo, d'origine iranienne, «si c'était la religion qui en est la raison, comment se fait-il que des pays voisins pratiquant la même religion, n'ont pas connu le même essor que celui du Japon?» Cet analyste étranger, qui a été honoré récemment par le gouvernement japonais pour la qualité de ses recherches dans le domaine de l'économie, ne croit pas non plus à la notion de miracle. Pour lui, la réussite du Japon est due au travail et à la discipline. On constate bien que les versions sont multiples pour tenter de comprendre comment le Japon, antre des catastrophes naturelles et nation ayant enduré la barbarie des guerres, a pu atteindre un niveau si élevé que lui envient les meilleurs pays du monde. En tout état de cause, quelles que soient les lectures et les conjectures, le système éducatif ne pourrait en aucun cas être étranger à cette situation. C'est en 1886 que le système d'enseignement a subi une véritable révolution, indique le professeur Kisaichi. Le gouvernement de Meiji a compris précocement que l'école, c'est la vie. C'est pourquoi, des intellectuels japonais avaient été envoyés dans des pays développés comme l'Allemagne, l'Angleterre et la France. Ils ont reçu des formations très solides et se sont imprégnés des expériences de ces nations. Le Japon a immédiatement adopté leur démarche et leur politique, explique encore notre interlocuteur. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le système scolaire japonais a subi d'énormes changements. Depuis cette période, la loi fondamentale sur l'éducation, promulguée dans le cadre de ces réformes, formule les objectifs fondamentaux du système éducatif. Des objectifs édifiants: la contribution à la paix et au bien-être de l'humanité, la contribution à part entière de la personnalité et l'institution du respect de la vérité et de la justice entre étudiants. En 2006, le pourcentage d'étudiants japonais poursuivant leur éducation en université était de plus de 48% pour les hommes et de près de 51% pour les femmes. Plus de 95% des écoles primaires et des collèges sont des institutions publiques. Les écoles privées jouent un plus grand rôle dans l'enseignement secondaire de deuxième cycle et universitaire: environ 24% des lycées au Japon et 70% des universités sont des établissements privés. Le système éducatif japonais connaît des réformes sans relâche. En 1997, un conseil central pour l'éducation, qui agit à titre d'organe décisionnaire concernant la politique d'enseignement du gouvernement, a rendu publics des rapports sur deux sujets: l'éducation au XXIe siècle, l'éducation qui met l'accent sur l'aspect humain à partir de la jeune enfance. Les recommandations de ce rapport ont mené à une plus grande diversité du système éducatif, avec la mise en place notamment d'établissements combinant l'enseignement secondaire de premier et de deuxième cycles, ainsi que la mise en oeuvre de procédures permettant l'admission dans les universités de cycle court après seulement deux années de lycée. Tous les dix ans, les grandes lignes des programmes scolaires établies en 1947 sont révisées. Depuis 2002, la semaine scolaire a été réduite à cinq jours. De même qu'il a été procédé à la réduction des heures de cours et de leurs contenus. En 2006, le gouvernement a effectué la toute première révision à la loi fondamentale sur l'éducation de 1947. Cette révision inclut des dispositions exigeant que l'éducation inculque un esprit dévoué à l'intérêt public, le respect des traditions et de la culture et l'amour de son pays. Un conseil pour la reconstruction de l'éducation, créé en 2006, a pour rôle la préparation des rapports recommandant des actions concrètes afin de faire refléter les révisions de la loi fondamentale sur l'éducation dans les politiques en matière d'éducation et d'aborder les problèmes d'intimidation dans les écoles ainsi que le déclin de l'acquisition des performances scolaires. Bien entendu, l'école est laïque au Japon.