Le Premier ministre thaïlandais part après la décision de la Cour constitutionnel. Accord sur une reprise des vols après le blocus par les manifestants des aéroports de Bangkok. La crise thaïlandaise a connu hier deux rebondissements majeurs avec le départ forcé du Premier ministre Somchai Wongsawat et l'annonce d'un accord avec les manifestants antigouvernementaux en vue d'une reprise rapide du trafic aérien à Bangkok. Les manifestants, qui occupaient depuis une semaine les deux grands aéroports commerciaux de la capitale, ont lâché du lest après un verdict de la Cour constitutionnelle qui a ordonné la dissolution du parti au pouvoir et l'exclusion de M.Somchai de la scène politique pendant cinq ans. L'autorité chargée des aéroports de Thaïlande (AOT) «a trouvé un accord» avec les opposants royalistes de «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD) en vue d'une évacuation par les manifestants des zones de passagers à l'aéroport international Suvarnabhumi, a annoncé le président d'AOT, Vudhihaandhu Vichairatama. Un premier vol pourrait partir «d'ici 24 heures, s'il n'y a pas de problème technique», a-t-il dit. «La PAD a autorisé des vols à décoller et à atterrir immédiatement, à la fois pour les passagers et le fret», a confirmé à des journalistes un dirigeant des manifestants, Somkiat Pongpaiboon. L'aéroport Suvarnabhumi (700 vols quotidiens) et celui de Don Mueang (vols intérieurs) avaient été pris d'assaut la semaine dernière par des milliers de manifestants de la PAD qui avaient lancé une «bataille finale» pour faire tomber M.Somchai. La fermeture des plates-formes aériennes de Bangkok a bloqué en Thaïlande plus de 350.000 passagers, touristes étrangers et Thaïlandais qui avaient réservé des vols internationaux en partance de la capitale, selon le ministère du Tourisme. L'accord est intervenu quelques heures après un verdict fracassant de la Cour constitutionnelle qui a mis fin sur le champ aux activités du Premier ministre. Le parti au pouvoir et deux formations alliées ont été sanctionnés parce que certains de leurs responsables ont été reconnus coupables de fraudes électorales lors des législatives de décembre 2007 qui avaient mis fin à quinze mois d'administration militaire. Au total, 109 dirigeants de trois partis ont été exclus hier de la scène politique. Selon la Constitution adoptée en août 2007, sous l'impulsion d'une junte militaire, l'ensemble d'une formation politique peut être dissoute en Thaïlande si un seul de ses responsables est reconnu coupable de fraude électorale. Le PPP est le parti où se sont regroupés tous les lieutenants de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra qui avait été renversé en septembre 2006 par l'armée. M.Somchai est le beau-frère de M.Thaksin qui vit en exil. Le clan Thaksin, très populaire parmi les populations rurales du nord de la Thaïlande, est honni par une bonne partie des élites traditionnelles et des classes moyennes de Bangkok. L'armée avait refusé de prêter main forte à M.Somchai pour faire évacuer les aéroports. En mai 2007, un tribunal mis en place par une junte militaire avait ordonné la dissolution du parti fondé par M.Thaksin, le Thai Rak Thai (TRT). Il avait en outre interdit à 111 dirigeants de cette formation, dont M.Thaksin, d'exercer toute activité politique pendant cinq ans. Anticipant un scénario similaire, le PPP, successeur du TRT, a déjà créé une «coquille» politique, le Pheu Thai, où 216 députés épargnés hier par la justice ont l'intention de se regrouper et, le cas échéant, de proposer le nom d'un nouveau Premier ministre, a indiqué un porte-parole du PPP. Vêtus de jaune en signe d'allégeance au roi, les membres de la PAD avaient juré de faire tomber M.Somchai qu'ils qualifiaient de «tyran corrompu». La crise a porté un coup très rude à la florissante industrie touristique thaïlandaise et le blocus des aéroports de Bangkok a entraîné des pertes qui se chiffrent en milliards de dollars.