Le cerveau présumé du 11-Septembre et deux de ses coaccusés ont indiqué lundi lors d´une audience devant un tribunal militaire américain à Guantanamo, pour la première fois en présence de familles des victimes, qu´ils entendaient plaider coupable. Les cinq accusés des attentats qui ont provoqué la mort de quelque 3000 personnes aux Etats-Unis comparaissaient devant le juge Stephen Henley lors d´une audience préliminaire consacrée à la préparation de leur procès et se seraient mis d´accord pour plaider coupable. Interrogé lundi matin par le juge pour savoir s´il souhaitait plaider coupable, Khaled Cheikh Mohammed a répondu: «oui». «Nous ne voulons pas perdre de temps», a-t-il déclaré. Mais le juge a indiqué qu´il n´y avait pas «de réponse de groupe», et a insisté pour entendre chacun des accusés sur la question. Après avoir interrogé les cinq hommes, Stephen Henley a autorisé trois d´entre eux, Khaled Cheikh Mohammed, Ali Abd al-Aziz Ali et Wallid ben Attash à retirer leurs recours et à plaider coupable. Ramzi ben al-Shaiba et Mustapha al-Hawsawi n´ont pas été autorisés à faire de même, notamment parce que leur état de santé mentale fait l´objet d´une évaluation. Khaled Cheikh Mohammed et les deux autres coaccusés ont alors décidé de repousser leur décision dans l´attente des résultats de cette évaluation, tout en indiquant qu´ils entendaient toujours plaider coupable. Le juge Henley a prévu une nouvelle audience aujourd'hui pour permettre aux avocats de la défense de réclamer des informations supplémentaires sur la santé d´al-Shaiba. Les cinq accusés ont dit qu´ils avaient l´intention d´y assister. Une date doit être fixée pour une prochaine audience, qui pourrait avoir lieu l´an prochain seulement, peut-être même après l´entrée en fonction le 20 janvier du président élu Barack Obama, qui s´est engagé à fermer Guantanamo. Détenus sur la base de Guantanamo, tous les cinq doivent répondre de crimes de guerre, une accusation pouvant entraîner leur condamnation à mort. «Ce qui aurait dû être une victoire majeure dans la bataille pour faire rendre des comptes aux accusés du 11-Septembre de crimes horribles, a été terni par la torture et un processus de tribunaux militaires injustes» a réagi l´organisation de défense des droits de l´Homme Human Rights Watch (HRW). «Le juge devrait réclamer une enquête complète et approfondie pour déterminer si cette (décision de plaider coupable) est volontaire», a poursuivi l´ONG dans un communiqué. L´Association américaine de défense des libertés civiles, l´Aclu, a dit ne pas être surprise de voir qu´un «système qui autorise la torture et la détention sans inculpation pendant des années» conduise les détenus à «capituler» et a parlé de «mascarade juridique». L´Aclu note également que le cadre juridique des tribunaux d´exception est si trouble qu´il reste à déterminer si le fait que les hommes plaident coupable permettra aux autorités de réclamer la peine de mort. L´audience se tenait pour la première fois en présence de proches des victimes du 11 septembre.