L'Algérie pourra faire face à cette crise et à tous ses engagements extérieurs durant les cinq prochaines années. Intervenant lors de l'ouverture, hier, des travaux en séance plénière de l'APN, consacrée à l'examen du plan d'action du gouvernement, M.Ouyahia a usé de son talent d'orateur pour livrer les 7 arguments selon lesquels la crise mondiale n'affectera pas l'Algérie. Soulignant que cette aisance est le résultat de plusieurs mesures et décisions prises par le président de la République, Ahmed Ouyahia les a énumérées avec la rigueur et l'art qui lui sont connus en pareille circonstance. La première concerne le système financier qui, selon M.Ouyahia, est à l'abri de la crise du fait de la révision en 2003 de la loi sur la monnaie et le crédit. Cette révision a débouché sur l'assainissement de la place financière et la sanction par la législation de toutes les institutions financières fragiles ou douteuses. Le second argument est la décision du gouvernement en 2007 de surseoir à la privatisation de ses banques publiques, les mettant ainsi à l'abri d'une contagion par la crise du système financier mondial. Le troisième argument, selon le Premier ministre, tient au rejet de l'Algérie de l'aventure des fonds souverains. Le refus des appels à la convertibilité totale du dinar, constitue le quatrième argument. A quoi sert le fonds de régulation? M.Ouyahia a rappelé la décision de remboursement anticipé de la dette extérieure en 2005, forme le cinquième. Le sixième est en rapport avec l'interdiction depuis 2004 de recourir à l'emprunt extérieur. Et enfin, le septième argument n'est autre que la prudence permanente adoptée par la Banque d'Algérie dans le placement des réserves de change et la limitation des transferts des bénéfices par les sociétés étrangères. «L'Algérie, qui dispose de 138 milliards de dollars de réserves de change, ne sera aucunement affectée par la crise financière qui secoue le monde même si les prix du pétrole dégringolent à 30 dollars le baril», a ajouté Ahmed Ouyahia devant le regard captivé des ministres et des députés. Le Premier ministre a indiqué que l'Algérie pourra faire face à cette crise et à tous ses engagements extérieurs durant les cinq prochaines années et cela, sans recourir à l'emprunt à l'étranger. «Dans le pire des cas et même à 30 dollars le baril, l'Algérie conserverait encore en 2014 des réserves de change de près de 50 milliards de dollars», a-t-il affirmé. Ainsi, à comprendre la portée de ses déclarations, les projets structurants qu'a lancés l'Algérie (l'autoroute Est-Ouest, le tramway, le métro avec ses nouvelles extensions, le programme des Hauts-Plateaux et du Grand Sud, ainsi que tous les autres projets ne seront ni freinés ni arrêtés et le rythme des travaux gardera la cadence actuelle. La nouvelle ne peut que réjouir les travailleurs et les entreprises nationales et internationales au moment où le monde entier est saisi de panique, induite par la crise. M.Ouyahia qui a annoncé à cette occasion que l'Algérie sera à compter d'aujourd'hui membre de la Zone arabe de libre-échange, a indiqué que notre pays a pris toutes les mesures pour faire face à la chute des prix des hydrocarbures qui affecte sensiblement les recettes du budget de l'Etat. Il a rappelé dans ce sens la création dès l'année 2000, du fonds de régulation des recettes extérieures, le financement du déficit budgétaire généré par les dépenses d'équipement et le remboursement anticipé de la dette publique interne. Sur un autre plan et concernant la prochaine présidentielle, M.Ouyahia s'est voulu rassurant: «Le gouvernement s'engage à réunir toutes les conditions d'une élection présidentielle démocratique, pluraliste et transparente, dans laquelle seul le peuple décidera souverainement», a-t-il déclaré. M.Ouyahia a indiqué que l'Etat veillera au strict respect des dispositions de la loi électorale amendée en novembre 2003 à l'initiative du Parlement. Ce message se veut une réponse à tous ceux qui ont formulé des doutes quant à la transparence de cette élection. Ainsi, le gouvernement mobilisera près de 600.000 agents d'administration pour assurer la gestion des différentes opérations liées à l'organisation de cette échéance. Il compte réunir également, selon le Premier ministre, toutes les conditions matérielles requises pour une campagne électorale sereine. Abordant la situation sécuritaire du pays, M.Ouyahia a rappelé toutes les épreuves qu'a traversées le peuple algérien durant la tragédie nationale. Il a souligné toutefois que la barbarie terroriste était battue et que l'Algérie est demeurée debout grâce à la résistance héroïque de notre peuple pétri par les épreuves et attaché fermement à la sauvegarde de la patrie, mais aussi grâce aux sacrifices des forces de sécurité, à leur tête l'Armée nationale populaire, digne héritière de l'Armée de libération nationale. Par ailleurs, selon Ouyahia, le retour de la paix s'est accéléré grâce à la jonction entre l'engagement du Président Abdelaziz Bouteflika et la volonté souveraine du peuple algérien. Cette jonction a donné le jour, rappelons-le, à la Concorde civile en 1999 et la Réconciliation nationale en 2005. Toutefois, le Premier ministre a indiqué que «nul ne serait irresponsable pour prétendre que tout danger est déjà définitivement écarté et les lâches attentats terroristes de l'été dernier le confirment». En outre, le Premier ministre a retracé toutes les réalisations du gouvernement durant la décennie précédente. Selon le bilan qu'il a présenté, il ressort que la croissance économique a été constante et appréciable depuis le début de cette décennie. La croissance hors hydrocarbures qui était de 6,3% en 2007 sera de 6% pour 2008 et se maintiendra à ce niveau pour 2009. C'est ainsi que le programme de soutien à la relance économique a été suivi d'un autre pour le soutien à la croissance. Ce que disent les indicateurs économiques Tous ces engagements ont nécessité d'énormes enveloppes budgétaires. L'année 2008 a vu la mobilisation de 25% du PIB au titre du budget public d'équipement. Entre 2004 et 2007, l'investissement du pays a atteint 23 milliards de dollars. Les engagements du budget public ont atteint plus de 80 milliards de dollars alors que l'investissement des opérateurs économiques a frôlé les 41 milliards de dollars pour la même période. S'agissant du développement humain, le Premier ministre a indiqué que les indicateurs se sont bien améliorés depuis 1999. Ainsi, l'espérance de vie est passée de 72,5 à 75,7 années. La mortalité infantile a baissé de 36,9 pour 1000 à 25,8 pour 1000 alors que la mortalité maternelle est estimée actuellement 86,9 pour 100.000. Le taux de raccordement des foyers au gaz naturel est passé de 31 à 41%. Dans le secteur du logement, cette période a vu la livraison de quelque 1.440.000 unités. 750.000 logements étaient livrés entre janvier 2004 et septembre 2008. A la fin de mars 2009, il est attendu la réception les livraisons de ce quinquennat qui totaliseront 900.000 unités. A la fin de septembre 2009, le million de logements sera totalement livré. Le taux de chômage a été réduit, quant à lui, de 29% pour atteindre 11,8% en 2007. Concernant le plan d'action du gouvernement pour les prochains quatre mois, Ouyahia a indiqué qu'il se résume en cinq chapitres. Il s'agit de la poursuite des réformes destinées à améliorer l'environnement autant pour les citoyens que pour une activité économique saine, la promotion de l'économie nationale, la poursuite de la réforme du système national d'enseignement et le renforcement de ses moyens en infrastructures et en personnel, la poursuite de la lutte contre le chômage et enfin, le cinquième axe concerne le travail du gouvernement relatif aux questions sociales.