Le séisme de 2003 a mis à nu l'irresponsabilité de certains entrepreneurs en bâtiment. M.Yaker est gérant de l'Eurl VOI, une entreprise spécialisée dans la fabrication et la vente d'outillage industriel, particulièrement destiné au bâtiment et aux travaux publics. Cette entreprise qu'il a créée en 1992, a des partenaires européens de renom comme l'allemand Geotool ou l'espagnol Pro eti. Autodidacte, M.Yaker a su se forger, à force d'opiniâtreté, un destin d'industriel. Il a saisi sa chance à la faveur du premier programme gouvernemental de soutien à la création de petites entreprises, alors initié en 1989 par le défunt Kasdi Merbah. Après un début laborieux, l'entreprise VOI a fini par épargner au pays, bien des dépenses en importation à coups de fortes devises. En effet, elle a fini par usiner sur le sol algérien une large gamme d'équipements métalliques, combinée à un rigoureux contrôle de qualité, son domaine de prédilection étant la géotechnique. Ce matériel, à l'instar du pénétromètre dynamique, est aujourd'hui très demandé par des organismes d'Etat comme le CTC (établissement national de contrôle des constructions) et autres laboratoires et entreprises d'Etat qui ont en charge le suivi de la réalisation des grands projets du siècle comme l'autoroute Est-Ouest ou le million de logements, initiés par le président de la République. «Nous sommes arrivés, depuis 2005, à fabriquer et à monter localement 50% des pièces jadis importées», tient à souligner M.Yaker. En accompagnant ses clients, VOI a pour philosophie: «La technologie la plus moderne au meilleur rapport qualité prix!» Une politique qui repose avant tout sur la confiance que placent les nombreux clients dans ses produits qui jouissent d'un design, d'une fabrication et d'une distribution des plus réussis. Ainsi, des machines homologuées par le constructeur allemand, comme le pénétromètre ou la sondeuse multifonctions sont disponibles à travers une dizaine de wilayas. Notons que l'entreprise VOI a, dès 1999, été interpellée par les programmes de relance économique, elle emploie aujourd'hui trente-cinq (35) personnes sur son propre site à Chéraga, à Alger, alors qu'indirectement elle a su tisser tout un réseau de vendeurs. Elle a également réussi à instituer un réel transfert de technologie à travers son contact étroit avec les entreprises étrangères. A ce titre, deux personnes au moins sont régulièrement en formation auprès des ingénieurs allemands de Geotool. Connaissant toutes les difficultés que peuvent rencontrer les patrons en herbe dans la concrétisation de leurs projets, M.Yaker propose, désormais, aux jeunes ingénieurs, une formule inédite de crédit pour l'acquisition de ce type de matériel. Il explique que les jeunes ingénieurs sortis frais émoulus de l'université peuvent bénéficier d'un crédit direct et en interne, en ce sens qu'ils peuvent détenir leur premier équipement en payant uniquement 50% de sa valeur alors que le reste peut être échelonné sur le long terme. De quoi encourager la création de PME dans un marché très porteur, avec à la clé l'économie de bien des tracasseries bancaires. Notre interlocuteur ajoute que les professionnels du bâtiment sont aujourd'hui conscients de la nécessité de s'équiper en matériel adéquat pour le contrôle et l'essai de matériaux, contrairement à d'anciennes pratiques qui ont fait que l'on construit dans la précipitation et sans le respect de la loi. Il conclut: «Le séisme de 2003 a mis à nu l'irresponsabilité de certains entrepreneurs en bâtiment.» Néanmoins, M.Kamel Yaker évoque la solitude de l'entrepreneur algérien qu'il dit être livré à lui-même. Selon lui, l'industriel algérien est très exposé sur le front de l'international et de la relation avec les «investisseurs» étrangers. A l'en croire, les sociétés étrangères viennent en masse au pays mais une bonne partie parmi elles, s'apparente davantage à une faune de charognards qu'à de réels investisseurs. «Certaines sont surtout motivées par le gain rapide que par une authentique intention d'investir» rappelle-t-il. Tout en appelant à la solidarité entre opérateurs et à un meilleur encadrement du maquis de l'export, il précise que le marché algérien reste très demandeur des produits qu'il usine. De nombreux scientifiques et techniciens de laboratoires sollicitent, depuis des années, les équipements de VOI, dont, à titre non exhaustif, les cônes d'Abrams, les moules à béton, les pointes pénétromètres, les tiges PDL, le pénétromètre Geotool, les thermomètres bimétalliques analogiques, l'odéomètre à chargement central, l'appareil pour détermination de l'équivalent et autre carotteuse pour prélèvements routiers.