Assurément, M.Bouteflika est attendu, de pied ferme, sur le volet précis du relogement de la population sinistrée. A quelques heures de la visite du président de la République, Ghardaïa est une ville fébrile, un chantier très actif, de jour comme de nuit. C'est que cette rose du Sahara fait l'objet d'un toilettage des plus intensifs. La population voit ce dernier d'un regard distrait, voire amusé et l'on ne manque pas de dénigrer ce traditionnel sport national qui consiste à procéder systématiquement à des liftings sous le diktat de l'urgence. Dès l'annonce de l'arrivée du chef de l'Etat, l'on s'est affairé au balisage du passage du cortège présidentiel. La mue accélérée de la cité est ainsi visible dès l'entrée de la ville, au niveau de la gare routière. A cet endroit, la chaussée est «retapée» à neuf, tandis que des aménagements spéciaux sont apportés aux lisières de l'oued qui traverse la cité ibadite. Ce branle-bas de combat n'a pas épargné les nombreuses structures hôtelières, notamment l'hôtel El Djanoub, où le personnel est en effervescence afin d'accueillir les hôtes officiels sous les meilleurs auspices. En fait, toutes les structures d'hébergement de la vallée du M'zab ont affiché «complet» depuis plus d'une semaine. A l'origine de cette saturation, l'arrivée massive de techniciens, d'ingénieurs et d'ouvriers appartenant à des entreprises nationales, expressément dépêchés du Nord. Cette armée de travailleurs a pour mission d'accélérer l'installation des chalets à destination de la population sinistrée. Aussi, la localité d'Oued N'chou, où est implanté un important lot de ce type d'habitation, fait office de véritable ruche. L'objectif étant de dégager le maximum de constructions en préfabriqué afin d'atténuer une pression certaine que ressentent citoyens et responsables. Assurément, M.Bouteflika est attendu, de pied ferme, sur le volet précis du relogement, un dossier qu'il prendra d'ailleurs personnellement en charge. La question des sinistrés est déjà encadrée par la cellule de crise de wilaya, depuis au moins le 10 octobre dernier, après que Ghardaïa fut déclarée zone sinistrée. Elle ne manquera pas de requérir toute l'attention du premier magistrat du pays qui se chargera, à la faveur de sa visite, de reloger, dans un premier temps, pas moins de 550 familles sinistrées. Ces dernières seront installées dans trois sites provisoires mais conçus dans des standards qui permettent de braver le froid rigoureux de l'hiver. L'axe Berriane-Ghardaïa est l'un de ces sites phares. Signalons enfin qu'en dépit de la vigilance des autorités en charge de distribuer les attestations ouvrant droit à un chalet, des échos font état de malheureux cafouillages qui n'ont pas manqué d'émailler la désignation des vrais bénéficiaires. Et l'on souhaite vivement que l'imminente escale du Président rétablisse certains dans leurs droits. Cela au moment où d'autres sources affirment que le président de la République se chargera également de livrer quelque 2800 autres unités d'habitation. Cette distribution concernera toutes les communes longeant la vallée du M'zab, à savoir Dhaïa, Bounoura, El Attef, Metlili, Berriane et Sebseb. Ce relogement soulagera une importante population abritée jusque-là sous des camps de toile ou installée dans la salle omnisports de la wilaya. Les représentants de cette même population tiennent à dénoncer des conditions de séjour précaires, et une carence patente en matière de couverture sanitaire des personnes les plus vulnérables. «Nous manquons cruellement de matériel de chauffage à même de nous permettre de lutter efficacement contre le froid de cet hiver», soutiennent-ils tout en relevant que les instructions données par le staff gouvernemental, en octobre dernier, n'ont pas été convenablement suivies. Les mêmes intervenants décrient également le comportement de quelques partis et autres associations politiques qui tentent d'exploiter leur détresse afin de parasiter la campagne présidentielle qui s'annonce. Par ailleurs, il est attendu que le Président se penche sur le problème de l'indemnisation des nombreux commerçants éprouvés par les crues meurtrières. Nombreux sont les artisans qui souffrent encore de pertes sèches s'élevant à des centaines de millions de centimes. Des indemnisations seront en outre consenties aux agriculteurs. M.Bouteflika prendra à coeur d'inspecter un nombre non négligeable de projets dont bénéficie la wilaya de Ghardaïa, et retenus dans le cadre de l'ambitieux Programme de développement du Sud, à l'instar du nouveau centre universitaire, et autres structures relevant de secteurs aussi différents que la santé, la culture, l'énergie ou les ressources en eau. Notons qu'il s'agit là de la seconde plus récente sortie du président de la République après celle qu'il a effectuée à Oran, où il a examiné plus d'une vingtaine de projets de développement et donné le coup d'envoi de la 151e session extraordinaire des pays membres de l'Opep.