Si elle joue en finale comme elle l'a fait vendredi, elle a toutes les raisons de croire en ses chances face à l'ES Tunis. La JSM Béjaïa a franchi, vendredi dernier, un nouveau palier vers la reconnaissance en tant que club distingué, en se qualifiant à la finale de la 1ère Coupe nord-africaine des vainqueurs de Coupes. On avait cru que cette équipe était au creux de la vague à la suite d'une série d'échecs en championnat national, qui l'avait précipitée dans une ambiance de crise. On l'a retrouvée, vendredi, aussi performante qu'en début de saison lorsqu'elle s'était emparée le plus logiquement du monde de la 1re place du classement du championnat de la division1. Il faut dire que les dirigeants du club béjaoui ont su faire face à la situation notamment, en renouvelant leur confiance à l'entraîneur Djamel Menad et en prenant les mesures qui s'imposaient conformément au voeu de celui-ci. Des mesures qui ont conduit à la mise à l'écart de certains joueurs dont Menad estimait qu'ils gênaient plus le club dans sa progression, qu'ils ne lui apportaient quelque chose de positif. Le résultat de cette démarche s'est vite ressenti lors du dernier match de championnat contre le CR Belouizdad, un match, pourtant, perdu par la JSMB à domicile. En dépit de cet échec, il était apparu que cette équipe était animée d'une envie de bien faire. La preuve en a été que le match s'est joué dans le camp du CRB, sauvé par une certaine baraka, son gardien Ousserir et le manque de réalisme des attaquants béjaouis. Cette hargne nous l'avons retrouvée, vendredi, face au club d'El Masri de Port Saïd en demi-finale retour de la Coupe de l'UNAF. Et Djamel Menad partageait cette opinion en nous déclarant: «Ce que j'ai apprécié, c'est cette réaction collective de la part de tous les joueurs. Ils étaient décidés à faire un grand match et ont fait preuve d'une admirable rage de vaincre. C'était un sentiment très fort. Il ne faut pas oublier que nous avons été diminués très tôt par l'expulsion de Boukemacha. Je vous avoue qu'à ce moment là, j'étais désemparé. Fallait-il continuer à attaquer au risque de se découvrir et de se faire piéger ou bien baisser la pression sur le camp égyptien. J'ai opté pour la première solution parce qu'à 1-0 en notre faveur, la qualification n'était pas acquise. Il nous fallait inscrire un autre but et éviter la série de tirs au but qui est un jeu de hasard. Même en infériorité numérique, notre équipe s'est remarquablement comportée. Les joueurs se sont adapté aux circonstances et ont bien occupé le terrain, réduit les espaces et bloqué les couloirs car l'équipe égyptienne possède deux défenseurs latéraux, surtout celui de la gauche, qui montent énormément. Même à dix contre onze, notre équipe a continué à dominer, à se procurer des occasions de buts. Cela démontre qu'un nouvel état d'esprit l'a animée. J'ajoute que le premier but est venu à un bon moment. Il a libéré les joueurs et a contribué à accentuer leur croyance en la qualification.» Pour le coach de la JSMB, il convient de souligner qu'un énorme travail psychologique a été fait en ce sens. «Les joueurs étaient suffisamment motivés par nos soins pour nous sortir un grand match. Il faut dire que la mise au vert durant une semaine, à l'hôtel éloigné de la ville, a eu du bon. On leur a, ainsi, évité la pression à laquelle ils étaient soumis depuis quelques semaines. Leur soif de bien faire a été démultipliée.» La qualification de la JSMB est d'autant plus remarquable qu'elle a été obtenue face à un représentant du football égyptien qui passe pour être le meilleur du continent. El Masri n'a certes pas la renommée d'un Ahly ou d'un Zamalek mais il est l'un des meilleurs clubs de ce pays. Malheureusement, on a peu vu cette équipe vendredi. «C'est dommage pour une telle équipe, nous a dit Menad. Au lieu de songer à jouer au football, elle s'est contentée de faire de la comédie. El Masri est célèbre pour cela dans le championnat égyptien. Il faut dire que ses entraîneurs sont faits pour ce genre de cinéma. Vous avez vu comment Ibrahim Hassan s'est comporté à la fin du match.» Le fait est que les Béjaouis ne sont pas tombés dans le piège qui aurait consisté à répondre aux facéties égyptiennes. Ils sont restés concentrés sur leur sujet et ont continué à harceler la défense d'El Masri jusqu'à l'obtention du second but inscrit par Boulemdaïs suite à un exploit personnel du Camerounais Njeng. Le plus étonnant est que ce dernier n'était sur le terrain que depuis quelques minutes lorsqu'il a délivré le centre qui a profité à Boulemdaïs et qu'il foulait pour la première fois la pelouse du stade de l'Unité maghrébine dans un match officiel. «Je l'ai fait entrer après avoir mûrement réfléchi, nous a affirmé Menad. Il n'est, physiquement, pas prêt et je craignais qu'il soit un peu court pour ce match. Mais, il me fallait quelqu'un capable de créer un exploit sur un seul geste et Njeng pouvait le faire. Il a bien senti le coup sur l'action du but et son centre a été décisif. Il est encore loin d'avoir montré toutes ses qualités.» Il reste que malgré la victoire et la qualification, la JSMB a continué dans ses travers consistant à rater de nombreuses occasions de buts. «C'est un problème énorme, j'en suis conscient, indique Menad. Cependant je ne peux en vouloir aux joueurs qui font ce qu'ils peuvent pour matérialiser leur domination. Le drame est cette pelouse qui n'est pas faite pour jouer au football. A cause d'elle, la JSMB est en train de perdre beaucoup de points à domicile.» Se profile maintenant la finale de cette Coupe de l'UNAF contre l'ES Tunis. «Le football tunisien, on connaît surtout cette équipe de l'ES Tunis qui semble renaître de ses cendres puisqu'elle est en train de dominer le championnat de son pays. La JSMB, c'est sûr, ne sera pas favorite devant un tel adversaire, d'autant que le match retour se jouera à Tunis. Mais il s'agit de football, où tout peut arriver. Nous saurons défendre nos chances», déclare le coach béjaoui qui a été heureux d'apprendre par nos soins que la finale aller se jouera entre le 8 et le 10 janvier. «On nous avait dit que cette finale aurait lieu le 7 janvier. Si ce que vous me dites est vrai, je vais demander à ce qu'on la programme pour vendredi 9 janvier. De toutes les manières, les entraînements vont se poursuivre jusqu'à ce lundi. Par la suite, nous allons donner quatre jours de repos aux joueurs et la reprise se fera le samedi 3 janvier avec regroupement permanent dans un hôtel, loin de la ville, jusqu'au jour du match. Je ne vous cache pas que j'aurais bien voulu programmer un match amical entre-temps mais si cela venait à ne pas se faire, ce ne sera pas un drame. Par contre si inquiétude il y a de ma part, c'est que pour la finale aller, nous allons être privés des services de Zafour et de Boukemacha, suspendus ainsi que ceux de Deghiche victime d'une fracture du poignet.»