Pour Me Zertal: «Le procès était, selon moi, objectif et s'est passé dans le respect de la loi.» L'affaire de l'exécution, en 1964, du colonel Chaâbani ne cesse d'être propulsée au-devant de l'actualité. Après la sortie médiatique de l'ancien président Chadli Bendjedid qui a, faut-il l'avouer, provoqué un tollé, c'est au tour du juriste Mohamed Zertal, de se prononcer. Dans un entretien accordé au quotidien El Khabar, Me Zertal, président du tribunal de la Révolution algérienne, qui a condamné le colonel Mohamed Chaâbani à la peine de mort en 1964, le confirme et sans ambages: «Oui, c'était moi qui avait présidé le procès en 1964 en tant que président du tribunal de la Révolution», et d'ajouter tout de go: «J'ai prononcé le verdict de la peine de mort contre Chaâbani et je ne le regrette pas.» Expliquant le verdict qu'il avait prononcé, Me Zertal indique avoir agi, dans l'affaire, en tant que magistrat mais pas en tant qu'homme politique. «Il ne faut pas voir cette affaire sous cet angle (politique, NDLR), cependant, il est nécessaire de la classer dans son contexte historique», déclare Maître Zertal. «Les circonstances étaient, alors, floues et le climat était révolutionnaire et exceptionnel. J'étais également président du tribunal de la Révolution algérienne, ce qui signifie que j'étais un haut fonctionnaire au sein de l'Etat algérien», ajoute-t-il. Autrement dit, le verdict n'a été prononcé que suivant les chefs d'accusation retenus contre Chaâbani, à savoir, «volonté sécessionniste, rébellion contre l'autorité de l'Etat, haute trahison, son refus d'exécuter l'ordre de combattre les forces du FFS de Aït Ahmed, son refus de rejoindre son poste de membre d'état-major à Alger, d'exécuter des traîtres à l'instar de toutes les wilayas historiques, son refus d'accepter dans la 4e Région certains officiers qui lui ont été imposés et bien d'autres chefs d'accusation.» Mohamed Zertal affirme, en outre, ignorer tout de la personne du colonel Chaâbani et ce, jusqu'à ce que son dossier eut été mis entre ses mains. Il précise avoir agi en son âme et conscience. Dans ce sens, celui qui a présidé le tribunal de la Révolution algérienne, ayant condamné le colonel Chaâbani à la peine de mort, assure: «Soyez certains que je n'aurais jamais accepté la présidence de ce tribunal si j'avais senti que les choses étaient préparées à l'avance.» A la question de savoir s'il (Me Zertal) avait l'impression d'avoir affaire à un dossier politique et qu'il jouait un rôle politique, Mohamed Zertal estime qu'il était très difficile de deviner quoi que ce soit. «Dans de telles circonstances, il est difficile de concevoir qu'il s'agit d'un procès politique en ma qualité de juriste et non pas de politique», estime-t-il, et de renchérir: «Le colonel Chaâbani a été accusé, par le procureur général, de rébellion et d'insoumission suite à la grande anarchie qui a eu lieu au sein d'une armée dans le Sud et dont il était responsable.» «Il a été mis en garde par le haut commandement du pays, qui l'a appelé à arrêter la rébellion. Après qu'il eut refusé d'obtempérer, il a été arrêté et poursuivi en justice.» Voulant donner plus de crédibilité à ses déclarations, Mohamed Zertal certifie: «Je confirme, une nouvelle fois, que pour ce qui est de la forme de procès, elle était objective, quant à son fond, c'est une chose dans laquelle je ne veux pas m'aventurer». Et de poursuivre: «Le procès était, selon moi, objectif et s'est passé dans le respect de la loi.» Cette assertion ne peut passer sans susciter une batterie de questions que chaque citoyen a le droit de se poser: la justice algérienne était-elle aussi libre?