Elle s'en va, laissant derrière elle des faits qui seront désormais classés dans le registre du passé, mais qui marqueront de leur empreinte, il est vrai, l'histoire contemporaine, tant nationale qu'internationale. Ouyahia revient aux commandes L'événement politique le plus marquant du premier semestre 2008 en Algérie est incontestablement le re-maniement ministériel du 23 juin dernier. Lors de ce mouvement, le président de la République a procédé à l'installation de Ahmed Ouyahia en qualité de Premier ministre, à la chefferie du gouvernement en remplacement de M.Abdelaziz Belkhadem qui est nommé ministre d'Etat, représentant personnel du chef de l'Etat. Ouyahia qui a été pressenti quelques mois auparavant, à ce poste, avait déjà représenté le chef de l'Etat dans deux missions effectuées en Inde et au Japon, en qualité de représentant personnel de M.Bouteflika. Cependant, ce remaniement ne s'est pas limité au chef du gouvernement mais a touché également plusieurs ministres. Le mouvement dans le corps des walis et des walis-délégués a également constitué le point fort de l'actualité. Le président Abdelaziz Bouteflika a procédé le 7 mai 2008 à un léger mouvement dans ce corps. Ce mouvement partiel qui a touché 9 wilayas est intervenu alors que certaines d'entre elles ont été secouées par de graves émeutes sociales avec leur lot de destructions et d'interpellations. L'économie en détresse La scène économique a été marquée notamment, par les envolées sans précédent des prix du baril de pétrole. Le prix du baril a atteint fin juin dernier 142 dollars. Cette hausse a été suivie par une baisse également grave du billet vert face à la monnaie européenne. L'Algérie en a profité pour bien remplir ses caisses et les renflouer avec des réserves de change qui ont atteint plus de 133 milliards de dollars, fin juin. La problématique de la création des fonds souverains a y fait également l'actualité qui a alimenté le débat économique. Le président de la République avait fini par rejeter en bloc cette idée. Pendant ce temps, les prémices de la crise financière mondiale commencaient à prendre consistance. Aussi, cette période de l'année a vu l'organisation de plusieurs conférences ayant trait au volet économique. On citera la Conférence intergouvernementale de la Méditerranée occidentale, tenue le mois de mai dernier à Nouakchott et qui a regroupé cinq pays africains, dont l'Algérie, et cinq pays européens. La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad) tenue au mois de mai, était l'autre événement majeur du premier semestre de l'année. Un plan d'action en cinq points a été alors adopté en vue d'augmenter la productivité agricole de 6% par an. Les pays africains, y compris l'Algérie, se sont engagés, au terme de la conférence, à allouer au moins 10% de leurs ressources budgétaires à l'agriculture. Le Salon international des équipements et des services de l'eau, tenu au Palais des expositions, à Alger, le mois de juin dernier, mérite bien une attention. Ce Salon à fort cachet économique, a réuni plus de 400 professionnels du domaine venus de plus de 10 pays. Une situation sécuritaire très tendue Les hordes islamistes du Gspc ont commis plusieurs actes terroristes durant cette période de l'année. Plus de 60 attentats à la bombe ont été enregistrés. Cette période a été marquée par un regain de violence et la revendication «officielle» des attentats kamikazes et à la voiture piégée par les sbires de Droukdel. Le premier attentat signé est perpétré le 2 janvier à la voiture piégée contre le commissariat de police de Naciria, faisant au moins 4 morts et une trentaine de blessés. Une série d'attentats dignes des scénarii d'horreur hollywoodiens a suivi. Le plus spectaculaire était celui perpétré contre l'école de la gendarmerie des Issers à Boumerdès où plus de 45 personnes ont été tuées. Le bilan communiqué par une source sécuritaire relève 35 attentats à la bombe, commis avec des engins piégés, notamment des voitures conduites par des kamikazes, durant le 1er semestre 2008 dans la seule wilaya de Boumerdès. En Kabylie, le bilan est aussi important, puisqu'une autre source a indiqué qu'une vingtaine de bombes ont explosé au passage des patrouilles des forces de sécurité dans plusieurs endroits à Tizi Ouzou. Parallèlement, 6 actes terroristes plus dangereux ont été enregistrés aux alentours de la ville de Tizi Ouzou. Les six premiers mois de l'année 2008 ont vu l'arrestation de près de 200 éléments de soutien aux groupes armés et le démantèlement d'une trentaine de réseaux de soutien. Le phénomène des kidnappings propre aux groupes terroristes, a également pris de l'ampleur. Au total, 20 actes de kidnapping ont été enregistrés à Boumerdès durant le 1er semestre 2008, contre 50 en Kabylie, suivis généralement de demandes de rançon par les ravisseurs. Au niveau international, le terrorisme était si menaçant que même le Rallye Dakar a été délocalisé, suite aux troubles islamistes en Mauritanie. La rue en ébullition et la scène politique stérile Le premier semestre 2008 a été marqué par une morosité politique qui n'a pas dit son nom, livrant la scène et les citoyens à une soif, d'ailleurs, jamais étanchée. Les partis politiques ont hiberné dans leurs sièges nationaux, ne sortant la tête qu'à l'occasion d'événements pour émettre des positions difficilement lisibles. La révision de la Constitution, la présidentielle, les crises sur le front social...Tout cela n'a pas réussi à faire sortir nos élites politiques de leur léthargie. Même le Printemps berbère, célébré auparavant dans une ambiance bon enfant, n'a pas échappé à la morosité ambiante. Seules quelques activités festives et folkloriques étaient organisées ici et là. Les émeutes et les mouvements de protestation des citoyens dans nos rues, ont touché plusieurs régions du pays, y compris le Sud. Pour le seul mois d'avril 2008, la colère des jeunes a explosé à Berriane, Chlef, Tiaret et dans la localité de Gdyel, proche de la ville d'Oran. Si l'on en croit certaines sources, l'Algérie profonde a enregistré une moyenne de deux à trois émeutes par jour et ce, durant le premier semestre 2008. Le phénomène des harraga a doublé d'intensité lui aussi. Aucun jour ne se passait sans que les gardes-côtes de différentes régions, nous signalent l'interpellation de plusieurs personnes «égarées» au large de la grande bleue. Le terrorisme routier a eu également sa part de ravages, pour le premier semestre de l'année en cours, en fauchant près de 2000 personnes. Plus de 29.000 autres ont été blessées dans quelque 18.775 accidents. Sport: Des déceptions en cascade Sur le plan sportif, le premier semestre 2008 a été le semestre de toutes les débâcles, alors que la sélection nationale était absente lors de la CAN qui s'est jouée au Ghana et qui a vu le sacre des Pharaons d'Egypte. Les clubs représentant le football algérien ont tous déçu leurs fans lors des compétitions continentales. La JS Kabylie a été éliminée, en Champion's league d'Afrique, dès le deuxième tour, face au club camerounais de Coton Sports de Garoua. La JSMB a également déçu par son élimination en premier tour de la Coupe de la CAF face à son adversaire le Club sfaxien de Tunisie. Les autres représentants de l'Algérie en compétitions africaines, à savoir le MCA et l'USMA, ont enregistré, eux aussi, une élimination précoce. Par ailleurs, les six premiers mois de 2008 ont vu le triomphe, pour la deuxième fois consécutive, de l'ESS dans la Ligue des champions arabe. Un sacre qui a rendu l'espoir aux amoureux de la balle ronde nationale. Dans l'édition de demain, vous trouverez la synthèse des principaux événements qui ont émaillé le deuxième semestre de l'année 2008. Culture: heureusement, Mascarades La première moitié de l'année 2008 a été morne culturellement. A part deux ou trois festivals, rien ne mérite vraiment d'être noté. Il s'agit de la deuxième édition du Festival international du film arabe, qui s'est tenue le mois de juin à Oran. Dans ce désert culturel a surgi le film Mascarades. Cette oeuvre de Lyès Salem s'est de nouveau distinguée lors du Festival du film de Dubaï en décrochant le Grand Prix «Almouhr Alarabi» et le Prix de l'Association internationale des critiques cinématographiques. Ces distinctions s'ajoutent au Prix du meilleur film arabe au Festival cinématographique international du Caire et au Prix du meilleur premier film au Festival de Carthage, ainsi qu'au Grand Prix du Festival d'Angoulême. Sur le plan artistique, on peut citer, pour cette période la sortie du nouvel album Youyou des anges de Djamel Allam, la tournée des Abranis dans plusieurs villes du pays ainsi que la traduction de plusieurs chansons de Aït Menguellet en langue arabe.