Les trois partenaires, à savoir l'Ugta, le gouvernement et le patronat se réuniront ce matin pour faire le point. Les acteurs qui ont élaboré le Pacte national économique et social sont unanimes à dire que la crise financière a faussé tous les calculs et toutes les projections. Etabli entre l'Ugta, le patronat et le gouvernement en octobre 2006, le Pacte économique et social prévoyait la lutte contre le chômage par la création des conditions de recrutement à la faveur des différents dispositifs d'emploi, de l'amélioration du pouvoir d'achat et de la promotion de l'appareil de production national. Ces objectifs sont loin d'être atteints aujourd'hui. Le bilan, qui ressort de deux années d'application, reste très timide, selon les opérateurs économiques qui ne cachent pas leurs appréhensions dans un climat économique qui manque de vision. «En toute objectivité, il n'y a pas eu beaucoup d'avancées», a avoué le président de la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea), Habib Yousfi. Pour lui, mis à part le soutien assuré à certaines filières, entre autres, la production du lait, plusieurs questions restent en suspens. Il s'agit notamment, de la problématique des domaines du financement des PME-PMI et de l'implication des opérateurs dans les accords d'association de libre-échange. M.Yousfi a estimé que le pacte n'a pas suffisamment appuyé le secteur industriel qui enregistre une chute libre depuis l'année 2007. Il pense également que les PME/PMI n'ont pas été impliquées dans le processus de développement économique pour se substituer au pétrole. Tout en rappelant la déclaration du président de la République, selon laquelle «le temps des vaches maigres est venu», Habib Yousfi insiste sur le développement du tissu industriel en particulier les PME. Revenant sur la crise économique mondiale, M.Yousfi affirme qu'une révision du Pacte économique et social s'impose. Sur la même longueur d'ondes, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) Boualem M'rakech estime qu'il reste beaucoup à faire même s'il y a des avancées certaines: «C'est l'application du pacte qui fait défaut.» Le patron de la CAP a dénoncé les contraintes bureaucratiques en affirmant: «Il y a un dysfonctionnement au niveau de l'administration publique.» M.M'rakech n'a pas omis de souligner que le pacte a introduit certaines mesures telles que la réduction de l'IBS (impôt sur le bénéfice des sociétés, NDLR) à 15%. S'expliquant sur la réunion d'aujourd'hui, il dira qu'un calendrier sera dégagé pour mettre en application la feuille de route du pacte. Du côté des travailleurs, les progrès réalisés sont loin d'être satisfaisants. Pour preuve, la problématique du chômage et de l'amélioration du pouvoir d'achat se pose toujours. Les mouvements de contestation qui se succèdent, démontrent l'absence de prise en charge des revendications sociales. Du côté du ministère du Travail, les chiffres avancés sur la création d'emploi ne reflètent plus la réalité. Selon les dernières statistiques, quatre millions d'emplois ont été créés. S'agit-il d'emplois précaires ou stables? La question reste sans réponse. S'ajoute à cela, la poursuite de la fermeture des entreprises. Cette réalité démontre que les partenaires de la tripartite ont du mal à concrétiser les engagements pris lors de la conclusion du Pacte économique. Même si les trois partenaires n'affichent pas en public leur mécontentement, il n'en demeure pas moins que le débat sera houleux, aujourd'hui, lors de la réunion d'évaluation du Pacte, qui se tiendra au Palais du gouvernement. Le face-à-face entre le patronat et l'Ugta promet des prises de bec. Certes, les travaux se dérouleront à huis clos, mais la réunion finira pas révéler ses secrets après quelques heures. Le comité de suivi et d'évaluation du pacte va présenter une évaluation globale sur les deux années d'application. Un document consistant retraçant les déférentes appréciations des trois parties, a été élaboré sous forme d'avant-projet. Ce document, rédigé par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, fera l'objet de débat aujourd'hui. La réunion regroupant l'Ugta, le patronat et le gouvernement sera tenue en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Cette réunion, faut-il le rappeler, est la première du genre puisque aucune réunion formelle n'a été tenue durant les vingt-cinq mois qui se sont écoulés depuis la signature du pacte en 2006.