Il avait, pourtant, toute latitude de se rapprocher de la société et de consolider sa position par un travail de proximité. Le parti d'Ouyahia n'arrive plus à juguler ses pertes. L'hémorragie qui frappe ses rangs ne fait que s'aggraver, puisque désormais, les pourfendeurs sont au sein même du parti. Un comité de sauvegarde du RND a été créé. A sa tête l'ancien vice-président de l'APN, Kassem Kebir qui rassemble la majorité des dissidents. Les votants au scrutin du 30 mai ont signifié leur insatisfaction et leur rejet de ce parti. Ainsi se termine le mythe d'une majorité pour une formation qui a suscité l'engouement des patriotes et nationalistes au lendemain de sa «naissance» en 1997. Sa création est intervenue à un moment particulier de l'expérience démocratique en Algérie et dans un contexte sécuritaire dramatique, l'on se rappel encore les massa- cres de 1997. Le RND était alors censé remplacer le FLN qui «sentait» encore Sant'Egidio et boudé par les arcanes du pouvoir, d'une part, et donner une majorité au général Zeroual qui s'est fixé pour tâche de «parachever la construction des assises institutionnelles, d'autre part». Par la grâce des faveurs de l'administrations, le RND a subi sa croissance «artificielle» par le dopage des urnes. Il rafle ainsi la mise aux législatives de 1997, très contestées, avec une majorité de 155 sièges. Il réédite l'«exploit» avec les mêmes procédés durant les municipales, de la même année, où il s'octroie plus de 700 APC. Cinq ans après, le RND n'a pas pu asseoir une base sociale et militante normale à l'image de celle de son aîné le FLN ou alors de celle du FFS. Il est demeuré une sorte d'appareil à la solde de l'administration captant toute une faune de clientélistes et d'opportunistes rompus à l'exercice de la magouille. Les militants sincères isolés ou exclus et le RND s'étiole lentement, mais sûrement. Il avait toute latitude de se rapprocher de la société et de consolider sa position par un travail de proximité. Rien de tout cela. Au bout de cinq ans de gestion des APC, plus de 100 élus du RND ont été poursuivis en justice et beaucoup d'autres remplacés pour retrait de confiance. Qualifié d'abord de «bébé né avec des moustaches», puis de «parti de fraude» après la mascarade de 1997, le RND n'a jamais pu se débarrasser de ces tares. La destitution de Benbaïbèche et son «remplacement» par Ahmed Ouyahia à la tête du parti n'ont pas enclenché la dynamique escomptée. Le personnage et son passif à la tête des institutions de l'Etat ont plutôt, et dans une certaine mesure, contribué à faire sombrer le bateau RND. Il est presque chimérique d'espérer un rebondissement du RND aux futures élections communales, estiment déjà les observateurs politiques. Ces élections, prévues normalement en octobre prochain, risquent de donner le coup de grâce au «bébé né avec des moustaches ».