Tel le phénix, est-il vrai que le Front de libération nationale est en train de renaître de ses cendres? Difficile à croire, car même au plus fort des émeutes d'Octobre 1988 et les bouleversements qui s'ensuivirent, les militants du parti qui a conduit l'Algérie à l'indépendance n'ont jamais perdu pied dans la bourrasque qui avait visé à lui donner le coup de grâce. C'est en fait bien plus tard que les permanents de l'organisation du FLN en poste commencèrent à enregistrer les premiers désistements de cadres et de militants. Mais passons... Passons sur les grandes manoeuvres qui ont conduit des partis politiques algériens à se rendre à Sant'Egidio pour y laver leur linge sale en public. Opération stratégique organisée de longue main par l'ex-FIS et dans laquelle le FLN, mal conseillé sinon mal inspiré, a pris un grande part en dépit d'un contexte national hostile à l'islamisme et malgré une nouvelle Constitution autorisant le pluralisme dont la portée n'avait pas encore convenablement perçue... En 1991-92, blocage total.. Après les élections communales à l'issue desquelles on s'est aperçu que le FIS avait ratissé large, une sorte de prise de conscience mieux structurée et plus efficiente, s'opposa à la déferlante fasciste du FIS dont la dissolution ne va pas tarder. Au sommet du FLN, des lames de fond visant toutes le remplacement du titulaire, Abdelhamid Mehri, l'homme de Sant'Egidio, du poste de secrétaire général du parti, de préférence par quelqu'un de plus fédérateur et de moins critiquable personnellement. Dans le lot des candidatures potentielles une seule a émergé: celle de Boualem Benhamouda. Pour autant les grandes manoeuvres n'ont jamais cessé. Chadli Bendjedid s'en va. Un vent de folie souffle dans le Landerneau politique. Le HCE frappe de malheur la famille Boudiaf. En 1995, Liamine Zeroual est élu Président de la République, mais dans la confusion régnante, il refuse d'accorder davantage de considération au FLN dont pourtant lui aussi continuait de se réclamer en privé. L'élection de Zeroual fut, en réalité, décisive pour l'avenir du FLN. Un choix devait être fait entre ceux, éradicateurs d'un nouveau genre, qui voulaient condamner le FLN à une perpétuelle hibernation dans «le musée de l'histoire» et les autres, les rescapés d'Octobre 1988 et quelques militants irréprochables, dont le but avéré devait consister à apporter au FLN un souffle nouveau comme pour lui redonner une nouvelle naissance. Malheureusement au même moment sous la houlette du directeur de cabinet de Liamine Zeroual, Ahmed Ouyahia, qui deviendra ensuite Premier ministre, des études ont été menées pour la création d'un nouveau parti gouvernemental, en fait, pour remplacer le FLN. A partir de cet instant, la course au clientélisme se déchaîne. Le RND, que Zeroual avait tenu sur les fonts baptismaux pour gagner les élections, ne déçoit pas en dernier ressort. Le FLN non plus. Mais il n'était plus aux cimes des suffrages. Contre lui les attaques de front cessèrent, mais une multiplication d'attaques souterraines prendra le relais. Conclusion: ce qui avait échoué en public, ceux qui désiraient la perte du FLN, s'arrangeaient pour en tenter l'expérience par la voie occulte de l'underground. En vain. Car à partir de là on assistera au cours de scrutins successifs à des incursions malveillantes au niveau des urnes dont la conséquence s'appellera dopage. D'où la croissance artificielle de certains partis dont les leaders éprouvent aujourd'hui d'énormes difficultés à enrayer l'hémorragie qui frappe leurs rangs en poussant de plus en plus de cadres et de militants à réintégrer leur parti d'origine, autrement dit le FLN. Les militants qui reviennent ainsi à leur formation originelle ne proviennent pas tous, semble-t-il, du RND qui éprouve, en effet, des difficultés à juguler ses pertes, mais de certaines autres formations comme les partis religieux. Le FLN aujourd'hui a le vent en poupe notamment depuis le départ de Boualem Benhamouda et son remplacement par Ali Benflis. C'est désormais le parti qui revient en force sur le plan politique. Cela malgré les «forces centrifuges» qui, en collaborant toujours avec Satan, rêvent en permanence de précipiter l'Algérie dans l'abîme.