Contrairement au RND, le FLN s'est montré très critique. Quant au MSP, il a entretenu la confusion sur sa position. L'alliance stratégique vit-elle ses derniers jours ? Et quelle cohésion pour le gouvernement d'Ouyahia ? Les débats autour de la déclaration de politique générale du gouvernement a encore une fois démontré la fragilité de ce pôle politique, ayant vu le jour au lendemain des élections présidentielles. Le MSP, le RND et le FLN ont choisi d'affronter en rangs dispersés cette épreuve, mettant le gouvernement d'Ouyahia dans une situation pour le moins confuse, sinon incertaine. Et pourtant, officiellement, les trois formations qui composent l'alliance prônent le programme du président de la République comme référence. Mieux, ce sont eux qui dirigent l'Exécutif. L'ex-parti unique, le FLN, s'est montré virulent sur le bilan du gouvernement. Certes, l'intervention de M.Abbas Mikhalif est celle qui a suscité le plus de réactions, mais il s'avère que ce dernier ne constitue pas un cas isolé, comme on a voulu le laisser croire. D'autres députés du FLN ayant pris la parole ont suivi la même tendance. C'est le cas de M. Messaoud Allouche qui a reproché à Ouyahia de vouloir «tromper la société» en usant de chiffres qui ne reflètent pas la réalité. «S'il est vrai que sur le plan sécuritaire, l'Algérie a fait des pas géants vers la stabilité et le retour de la paix, mais permettez-moi, M. le chef du gouvernement, de dire que votre politique économique n'est pas fiable.» Pire, ajoute ce dernier, les orientations actuelles encouragent «l'économie de bazar», citant dans sa lancée la prolifération des maux sociaux, la corruption et le chômage. Pour sa part, M.Hakim Fenni, a qualifié le bilan du chef du gouvernement de «vague», estimant que la seule avancée concrète a été enregistrée sur le plan sécuritaire «grâce à la mobilisation de la société et à la guerre sans merci menée par l'Armée nationale populaire». Divergences Paradoxalement, quelques députés du FLN se sont abstenus de prendre la parole, en choisissant de remettre leurs déclarations écrites, sous le prétexte que le crédit accordé aux députés est insuffisant. C'est le cas de Khaled Ben Aïssa et Sabah Bounouar. Mais ces deux interventions n'ont pas échappé à la règle qui régnait hier au sein du FLN. Les mêmes remarques, pour ne pas dire les mêmes critiques, ont été enregistrées dans les deux déclarations dont nous avons pu avoir des copies. Quant au député Djemili, il a pris la parole pour préciser qu'« il n'avait rien à dire sachant que les opinions des députés n'ont jamais été prises en considération ». En fait, la position du FLN ne constitue guère une surprise. On peut même dire que c'était prévisible. Certaines indiscrétions ont fait état de la tenue dimanche «d'une réunion présidée par le chef du parti, M. Abdelaziz Belkhadem, dans laquelle il a été clairement convenu que chaque député a le droit d'exprimer sa propre position». Dans les coulisses, les avis des députés du FLN ont divergé, tout dépend à quelle tendance l'on appartient. Si certains ont salué ces critiques, le chef du groupe parlementaire du FLN s'est montré peu prolixe. Ce dernier refuse de parler «de manque de cohésion», se contentant de dire que «cela reflète le fait que le FLN est un parti démocratique». Il faut attendre la fin des débats pour avoir une idée plus claire sur la tendance qui règne au sein du FLN, sachant que des députés inscrits auparavant dans le camp des redresseurs vont prendre la parole pour commenter le bilan du gouvernement. La position du FLN ne semble pas gêner le RND, le parti d'Ouyahia. Miloud Chorfi estime que cela ne menace en rien le devenir de l'Alliance. Interrogé par nos soins, il atteste que «chaque parti est libre d'exprimer ses avis. Nous avons réitéré à plusieurs occasions que l'Alliance n'est pas un parti politique, mais un pôle qui se fixe pour objectif de servir l'Algérie». Double discours du MSP Hier, les députés du RND, comme attendu, ont affiché un soutien inéluctable au bilan d'Ouyahia. «Nous estimons que c'est un bilan très positif», précise Chorfi, lequel précise que les «lacunes soulevées par les députés seront rattrapées grâce au plan de soutien à la relance économique qui consacre plus de 50 milliards de dollars pour le développement de différents secteurs». Noureddine Benatalah a, quant à lui, réitéré le devoir de tout Algérien de soutenir la politique de réconciliation nationale, en réitérant son soutien au programme du président Bouteflika. Le RND a insisté sur la rigueur du gouvernement et «sa persévérance» adoptées dans l'application des réformes lancées dans plusieurs secteurs. Le MSP n'a pas dérogé à la règle, en entretenant toujours la confusion sur sa position. Le parti de Bouguerra Soltani a soutenu hier le bilan du gouvernement, en soulevant en même temps quelques aspects négatifs. Le député Fateh Guerde a affirmé que «l'alliance stratégique doit être le garant de la stabilité politique et non pas un moyen pour verrouiller le champ politique». Cette stabilité passe, selon l'orateur, par «la levée de l'état d'urgence, le respect des libertés d'expression et l'adoption du dialogue comme moyens pour solutionner les crises politiques ou sociales». Il insiste sur le renforcement de la lutte contre la corruption qui ne doit pas être, de son avis, une campagne conjoncturelle.