Dans le sillage des massacres que commet l'armée israélienne contre les populations civiles à Ghaza, le projet de l'UPM fait partie des dégâts collatéraux. Quel sera l'avenir du projet de l'Union pour la Méditerranée du président Français Nicolas Sarkozy? Cette question se pose plus que jamais au regard de l'actualité dans la région embrasée. La tournée du chef de l'Etat Français dans la région n'a pas eu les résultats escomptés. Pourtant très actif au plan international, M.Sarkozy n'a pas pu obtenir un cessez-le-feu de la part des Israéliens, à même de calmer un tant soit peu les esprits. Une trêve, même de quelques jours, aurait pu permettre une reprise de dialogue, loin du bruit des chars et des mitraillettes. Nicolas Sarkozy a appelé Israël à l'arrêt des violences dans la bande de Ghaza, au premier jour d'une tournée éclair au Proche-Orient destinée à faire cesser au plus vite l'offensive lancée par l'Etat hébreu contre le Hamas. Précédé de quelques heures dans la région par une troïka européenne, composée des ministres tchèque, français et suédois des Affaires étrangères, le président français a confirmé que l'Europe travaillait à une «initiative commune» avec l'Egypte pour obtenir une trêve humanitaire. En vain, puisque les dirigeants d'Israël ont balayé d'un revers de la main les propositions du président français qui ne désespère pas pour autant. Pour forcer une trêve, M.Sarkozy a tenté hier, Damas de rallier le président syrien Bachar al-Assad. Principal artisan du retour de la Syrie sur la scène internationale, il compte sur son aide pour faire pression sur le chef politique du Hamas Khaled Mechaâl, qui vit en exil à Damas. M.Sarkozy semble vouloir épuiser toutes les voies diplomatiques pour arriver à obtenir une trêve. C'est ainsi qu'il a confirmé hier, à Beyrouth, qu'il retournerait en Egypte pour discuter avec son homologue égyptien Hosni Moubarak, de l'initiative engagée par les deux pays en faveur d'un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza. «Je rejoindrai de nouveau Charm el-Cheikh juste après ma visite à nos forces armées au Liban pour poursuivre le dialogue engagé depuis hier (lundi) matin en faveur de la paix à Ghaza et dans les territoires palestiniens», a déclaré M.Sarkozy à la presse à l'issue d'un entretien à Beyrouth avec le président libanais, Michel Sleimane. Dans l'affaire il n' y a pas uniquement la trêve. En filigrane, c'est le projet de l'Union pour la Méditerranée qui est sérieusement menacé par le carnage israélien à Ghaza. Depuis le début de son lancement, l'UPM a suscité de vives réticences de la part des Etats de la rive Sud de la Méditerranée d'abord minoritaires au regard des pays de la rive Nord, pour ne pas dire tout le continent européen. Est venue ensuite la question de la normalisation des relations des Etats arabes avec Israël, qui fut le point de désaccord principal avec ce dernier et l'Algérie a beaucoup insisté sur cette question. En effet, les conditions de l'adhésion de l'Etat algérien à ce projet étaient, faut-il le rappeler, claires dès le départ: il n'était pas question pour l'Algérie de s'asseoir à la même table qu'Israël, alors que l'Europe ne conçoit toujours pas ce projet sans l'Etat hébreu. Dès lors, le projet se trouvait, déjà dans une impasse. Passé outre cette question, d'autres problématiques ont suivi, notamment celles d'ordre technique, puisque la nomination des Etats à la présidence et au secrétariat n'a pas fait l'unanimité, et chaque pays y est allé de son objection. Dans ces conditions, l'offensive israélienne n'a fait qu'enfoncer le clou: Israël qui a pris la décision de s'attaquer à Ghaza, a également signé la fin de ce projet. En effet, depuis son offensive qui est à son douzième jour, faisant plus de 570 morts, l'envahisseur sioniste a été fermement condamné par presque tous les Etats occidentaux mais aussi et surtout par les Etats arabes, dont les futurs membres de ce projet, qui ont ainsi rejeté davantage l'idée de rejoindre Israël dans une entité commune. La réaction française, ex-présidente de l'UE et celle de l'Etat tchèque, qui a repris le flambeau de la présidence le premier janvier dernier, ne sont pas pour arranger les choses, bien au contraire. Par ailleurs, cette situation plutôt tendue entre les deux rives de la Méditerranée n'est pas pour déplaire à l'éternel concurrent de l'UE dans la région, à savoir les Etats-Unis. Ainsi, l'Amérique y verrait alors un nouveau terrain à conquérir pour réaliser son projet du Grand-Moyen-Orient (GMO) ou alors une version Obama du même projet. En tout cas, il faut s'attendre à une initiative américaine maintenant qu'Israël a presque sabordé l'UPM.