L'Algérie risque de recevoir un blâme de la part de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le mois de mars prochain, a indiqué M.Salim Nafti, président de la société algérienne de pneumo-phtisiologie, interrogé hier à Tizi Ouzou, lors d'un séminaire. La raison de cette sanction est la non-application des mesures d'interdiction de fumer dans les lieux publics, pourtant ratifiées par l'Algérie, en mars 2006. Quand une loi est ratifiée par un gouvernement, ce dernier a trois ans au maximum pour son application. Malheureusement, l'Algérie, pour des raisons multiples, n'a pas pu mettre en oeuvre un dispositif efficace qui permettrait de ne pas fumer dans les lieux publics. Le mois de mars prochain, l'Algérie devra présenter les modalités d'application de cette loi devant l'Assemblée générale de Genève dans moins de trois mois, a indiqué notre interlocuteur qui est aussi chef de service pneumo-phtisiologie du CHU Mustapha Bacha d'Alger. M.Salim Nafti a affirmé: «Malheureusement, l'Algérie n'a pas beaucoup fait. Pourtant, il suffit de sensibiliser l'ensemble des concernés, du douanier jusqu'au petit vendeur à la sauvette pour pouvoir mettre un terme à cette anarchie». Le même responsable a proposé de passer carrément à la répression puisque les étapes de l'éducation et de la sensibilisation n'ont rien donné. Dans ce sillage, M.Salim Nafti a cité les exemples du Yémen et de la Thaïlande où fumer en public est passible de vingt jours de prison ferme assortis d'une amende. Même si le nombre de fumeurs en Algérie reste extrêmement élevé, le professeur s'est réjoui, car de plus en plus des personnes arrêtent de fumer. A la fin des années 80, 57% des Algériens étaient dépendants du tabac contre 45% aujourd'hui. 13% des femmes algériennes fumaient à la fin des années 80. Aujourd'hui, elles sont 9%. En revanche, une augmentation alarmante est enregistrée concernant les adolescents, particulièrement de sexe féminin. «Beaucoup de femmes qui fument pensent que c'est un signe d'émancipation. Alors que c'est le contraire», a indiqué l'orateur. Les risques chez les femmes fumeuses sont d'autant plus désastreux, car ils touchent les futurs bébés. Ces derniers, issus de mamans fumeuses, peuvent naître prématurément victimes de malformations cardiaques et vasculaires, risque de mort subite, plus les risques d'un asthme. Par ailleurs, 90% des cancers des paumons et 95% des bronchites chroniques sont provoqués par le tabagisme. Il y a vingt ans de cela, on ne constatait l'infarctus du myocarde que chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Aujourd'hui, l'infarctus est relevé chez des personnes de 30 et 40 ans. Le professeur a terminé de livrer des informations en révélant que 15.000 Algériens sont tués chaque année par la cigarette. M.Salim Nafti a affirmé que 50 consultations antitabac seront ouvertes à travers le pays au courant de l'année 2009 et a plaidé pour l'interdiction sévère du tabac dans les lieux publics: «Que celui qui veut fumer le fasse, mais il ne faut pas qu'il dérange les autres».